Ok, je crois que Papers, Please a ouvert la boite de pandore en proposant un nouveau type de jeu : la simulation de collabo. Alors que vivre sous une dictature est franchement, la pire chose qui puisse nous arriver dans la vraie vie (c'est même une des choses qui nous poussent à voter) je dois avouer qu'il y a une forme de challenge (et donc de fun) à tenter au mieux de trouver une forme de liberté tout en appliquant des règles les plus ubuesques possibles.
Une inspiration évidente
Alors, Beholder propose, dans l'esprit, un décalque de ce qui faisait le succès de Papers, Pleases : on vous demande de vous comporter comme un fonctionnaire modèle, mais vous serez obligés de magouiller afin de sauver votre famille, dont la petite dernière qui va tomber malade. Vous serez face à des cas de consciences et vous aurez le choix d'aider une révolution naissante ou des espions étrangers. Même les fins proposées ressemblent à celles de Papers Please, avec un côté plus "développé" dans leur approche. Une approche complètement assumée qui va même jusqu'au clin d'oeil puisque :
A la toute fin du jeu vous aurez la possibilité de croiser un gardien de poste frontière et sa femme dont le récit ressemble à une parodie de la situation dans Papers, Please (ils ont vécus avec toute leur famille, oncle et tante inclus, dans une baraque inchauffable.)
Une approche humaine :
Néanmoins, le jeu est différent dans son gameplay : Papers, Pleases proposait de jouer au gardien de poste frontière qui examinait les papiers à toute vitesse, ici vous allez jouer le gardien d'immeuble qui doit espionner ses pensionnaires. Il faut donc installer des caméras de sécurité planqués dans les alarmes incendie, fouiller leur appart' en leur absence afin de dégoter des objets illégaux (ou tout simplement pour gagner de l'argent en remplissant des fiches de renseignement) et parfois, réparer leur meuble cassés. (Bah oui, vous êtes gardien.) Le jeu vous propose de remplir des missions pour le gouvernement, pour votre famille ou pour un de vos locataires, avec parfois un timer assez stressant.
La différence de taille, c'est le côté "rapport humain" du jeu qui atteint au bout d'un moment une complexité assez prenante : expulser vos locataires parce qu'ils ont enfreint la loi s'avère au bout d'un petit moment, assez facile. (Notamment, lorsque la lecture devient interdite : tout le monde fini par succomber.)
Le nombre de situations à débloquer, d'achievements, d'actions au conséquence inattendues et de bifurcations diverses est assez prenant et donne une rejouabilité assez énorme au jeu. Et autant le dire, ce jeu devient très prenant une fois le premier "run" de 8 heures passé.
Et contenter tout le monde devient assez vite un casse tête : Ainsi, au début du jeu, un marin vous demande de l'aider à écouler des caisses de conserve de poisson pourris. Si vous acceptez, vous allez la revendre à la cantinière de l'Appartement 3 et celle-ci partira en prison, accusée d'empoisonnement alimentaire. Or, si elle n'est plus là, elle ne pourra pas présenter sa nièce au médecin de l'appartement 2. Mais, si vous refusez il partira plus vite que prévu et ne pourra pas vous aider à faire fuir les locataires de l'appartement 1.
Les personnages, vont et viennent, effectuent des actions, repartent. Alors, certes, depuis les Sims ont a fait mieux, mais cela confère à l'immeuble une forme de vie. Et beaucoup d'attachement. Notamment envers votre famille. Dans Papers Pleases, ils n'étaient que des mentions texte. Ici, ils dialoguent avec vous, joue, vous demande de l'argent (trop souvent) et peuvent même vous donner des indices pour débloquer la situation. Ainsi, c'est un crève coeur d'en voir un mourir. (Contrairement à Papers, vous pouvez finir le jeu seul dans votre appart', ça débloque même un achievement.)
Autres points :
Graphiquement le jeu est intéressant : les personnages sont tous des petits bonhommes simplistes tout noir et il y a un vrai parti pris. On peut zoomer et dézoomer sur les différents étages de la maison, et plus on s'approche plus on entend les petits bruits. Le tout est dans un mélange 2D /3D assez beau, même si cela rend parfois certains meubles inacessible. L'interface se fait totalement à la souris et est ultra-simplifiée.
Petit bémol pour la localisation : si les cinématiques utilisent des voix françaises (ainsi qu'un passage que je ne vous spoilerait pas) la traduction des dialogues et des barres de choix in-game à un peu été faite à la truelle : lire "APRENER CE QUI NE VA PAS" ça fait un peu mal aux yeux. (Surtout que ce choix est répété plusieurs fois au cours du jeu.) Et il y a des contresens dans certains mots ce qui fait que j'ai parfois été perdu dans ce qu'on me demandait.
Je ne sais d'ailleurs plus trop pourquoi j'ai acheté ce jeu à la base. Il me semble qu'il n'était pas cher lors des soldes Steam et auréolé de très bons avis. Du coup, je suis étonné qu'il n'y ai pas eu plus de gens à en parler car, en dehors d'une structure très inspiré de son aîné, le jeu devient assez vite très captivant.
Et surtout, en dépit de toute mes recherches, je n'ai pas trouvé comment effectuer une sorte de "run parfait" où je réussirais à contenter tout le monde. Et ça me frustre. Tenez rien qu'à vous en parler, j'ai envie de recommencer.