On supputait déjà qu’il se tramait quelque chose du côté de chez Treyarch. Incrédules, nous n’attendions pourtant pas grand chose de ce 12ème épisode de Call of Duty. Pourtant Activision nous agite de gros arguments sous le nez … pourquoi pas ?
Comment blâmer Activision ? Son jeu fétiche se vend par pleines palettes depuis sa création en 2003. Pour preuve, la licence Call of Duty est juste derrière Super Mario et Pokémon sur le podium des jeux les plus vendus de l’histoire, avec 175 millions d’exemplaires au total. Ce constat établi, on comprend le peu d’efforts que déploient les studios en charge du développement pour renouveler la série. D’autant que les délais sont courts. Activision parvient à tenir un rythme annuel pour sa licence depuis 10 ans maintenant, alors il faut aller à l’essentiel : une campagne qui pète, et un multijoueur qui déchire. Peut-on seulement citer un opus qui ne respecte pas ce mince cahier des charges ?
Les premiers trailers de Call of Duty : Black Ops 3 n’en étaient que plus surprenant. On y découvrait une campagne qui s’annonçait incroyable de profondeur, un multijoueur au dynamisme exacerbé et un mode zombie plus reluisant que jamais. Pas très en forme depuis plusieurs années, le studio Infinity Ward, développeur historique des opus les plus salués de Call of Duty (les Modern Warfare) est-il sur le point d’être relégué au second rang face au travail d’orfèvre réalisé par Treyarch ?
Hommes augmentés
Fidèle au virage entrepris l’an dernier par Advanced Warfare, Black Ops III opte lui aussi pour une dystopie futuriste. En 2069, le monde n’est pas beau à voir. Ruiné par des attaques de drones et l’humanité martyrisée par des milices, nos Black Ops auront fort à faire pour maintenir un tant soit peu de tranquillité sur une planète-martyr. D’aucuns blâmeront un « futurisme » toujours plus poussé dans leur licence favorite. Pourtant cette diégèse permet un glissement plus en douceur vers le genre Sci-Fi / Thriller, au détriment d’un scénario militaire vu et revu des milliers de fois.
Plus longue que d’habitude (comptez un peu plus de 8 heures sans vous presser), la campagne réserve son lot de surprises. La narration est un peu balbutiante mais le dernier tiers du jeu subjugue par sa réalisation hors pair et la tournure des événements. Mature, Black Ops 3 l’est à plus d’un égard. Si l’on n’échappe pas aux poncifs du genre, à savoir les dialogues guerriers qui sentent bon le nanar des années 80, il faut avouer que le jeu de Treyarch sait choquer quand il le faut. Comme dans cette scène conclusive du prologue. Glaçante de barbarie. Le tout étant servi par un écrin graphique resplendissant. Black Ops III est sans aucun doute le plus beau Call of Duty jamais sorti. Le nouveau moteur fait des merveilles et tient le cap des 60 fps, même sur consoles. Un beau travail technique.
À l’instar de Assassin’s Creed Syndicate ou de Star Wars Battlefront, nous apprécions le rééquilibrage paritaire opéré par Treyarch avec son jeu. Pour la première fois dans un Call of Duty, il vous est possible d’incarner une femme. Aussi bien en solo qu’en multijoueurs. Il semblerait que 2015 constitue une étape importante pour la représentation de la gent féminine au sein des jeux vidéo. Outre ce détail qui n’en est pas un, vous pouvez dorénavant personnaliser votre équipement lors de la campagne. Exactement comme dans le multijoueur, il est possible de créer une classe personnalisée et vous en servir sur le terrain. Cet ajout va de pair avec la possibilité d’aborder la campagne à quatre joueurs, pratique pour diviser les rôles.
Jeune cadre dynamique
L’exosquelette de Advanced Warfare apportait déjà son lot de nouveautés. À vous les sauts propulsés et la force surhumaine. Black Ops III va plus loin en s’autorisant toutes les folies. Implant optique vous permettant d’identifier rapidement tous les ennemis et dangers du champ de bataille, et wallrun à la clé. Comme dans un Deus Ex ou un Bioshock, vous pouvez équiper une capacité spéciale qui se lance grâce à votre bras bionique. Immolation à distance ou nuée de nanobots, à vous de choisir l’atout que vous préférez. Mais n’allez pas croire pour autant que le jeu en est moins corsé. Black Ops III signe l’arrivée du mode de difficulté Réaliste. La moindre balle vous mettra au tapis.
Côté multijoueur, c’est peu dire que le nouvel attirail de nos soldats apporte du dynamisme aux combats. Déjà particulièrement nerveux d’habitude, le panel de mouvements de nos avatars nous autorise une mobilité dingue. D’abord rebutants, les déplacements gagnent en fluidité et permettent d’effectuer des actions au style plaqué or. Courir sur un mur tout en arrosant vos adversaires de balles a quelque chose de grisant. Histoire d’être pointilleux, signalons que le matchmaking de cet opus n’est pas toujours très judicieux. Bien souvent, vous vous retrouverez contre des adversaires au niveau — et à l’équipement — bien plus élevé que le vôtre. Il va falloir mériter votre ratio positif.
Notez que Treyarch a opéré une refonte du système de classes sur Call of Duty : Black Ops III. Il vous faudra désormais choisir un Spécialiste. Au nombre de huit, les Spécialistes disposent chacun d’une capacité « ultime » qui se déverrouille en fonction de votre score en jeu. En clair, plus vous tuez d’ennemis, plus votre jauge se remplit vite et vous permet de lancer votre capacité. Celles-ci prennent des formes diverses, comme un gros lance-grenade qui lance des projectiles rebondissants ou encore la faculté « Glitch », permettant au Spécialiste Prophet de revenir à une position antérieure sur la map. Très bien intégrées au jeu, ces capacités sont parfaitement équilibrées. Inutile de jouer au chien fou parce que vous avez votre ultime. Le salut se trouvera plutôt dans son économie, histoire de le claquer au moment opportun.
Caisse de ravitaillement
Les détracteurs auront toujours aux lèvres le fameux contre-argument du « season pass à 50€ ». Si sa nécessité est quasiment inévitable pour profiter à fond d’un Star Wars Battlefront, elle est ici toute discutable. Les 13 cartes du jeu offrent une expérience tout à fait satisfaisante pour les joueurs « normaux » (entendons par là qui ne sont pas « hardcore gamers »). L’arsenal est lui aussi très bien fourni, et les possibilités de personnalisation sont tout bonnement sans limites. Que ce soit les accessoires, les peintures ou les tags de joueur, rien n’est laissé au hasard dans Black Ops III. Le style avant tout.
Comme si nous n’étions pas déjà repus de la sympathique campagne et du gargantuesque multijoueur, Call of Duty : Black Ops III comprend également le mode Zombie qui aura fait la gloire de World at War. Un peu plus chiche en contenu, ce mode zombie réinventé ne comprend qu’une seule et unique map ‘Shadows of Evil’ si vous vous êtes tenus à l’édition standard du titre. En effet la carte ‘The Giant’, remake de ‘Der Riese’, bien connue des joueurs de World at War et Black Ops premier du nom, est incluse dans le season pass.
L’expérience reste plaisante. Très scénarisée, l’aventure du mode Zombie suit cette fois quatre protagonistes au visage familier. La Femme Fatale (incarnée par Heather Graham), Le Magicien (Jeff Goldblum), Le Détective (Neil McDonough) et Le Boxeur (Ron Pearlman) seront vos avatars pour massacrer les clampins décharnés. Notez que la direction artistique de cette aventure est absolument superbe. L’ambiance année 30 dont transpire la carte ‘Shadows of Evil’ subjugue par ses détails. La bande-son est splendide et les monstres d’inspiration Lovecraftienne ajoutent un certain cachet au titre de Treyarch.
Treyarch marque son passage d'une pierre blanche. La troisième itération de Black Ops - 12ème épisode de Call of Duty - est sans conteste le meilleur jeu d'Activision depuis Modern Warfare 2. La campagne est absolument surprenante par la maturité de son écriture autant que par son déroulement. Le gameplay réussit le pari d'être encore plus dynamique que ne l'était celui de Advanced Warfare et le tout est servi dans un écrin rutilant. Tous les joueurs ayant lâché Call of Duty par lassitude devraient assurément jeter un oeil à celui-ci.
Critique publiée sur hypesoul.com