Court, facile mais terriblement charmant
Décliner à l'excès un mini-jeu d'une franchise à succès et en faire un jeu à part entière : l'idée derrière Captain Toad n'est pas nouvelle et elle offre au Krilin de l'univers Mario une chance inédite de briller. Eclipsé depuis ses débuts par un héros plus athlétique que lui, anonyme parmi ses congénères, l'homme à la tête de champi espère avec ce jeu connaître un destin aussi faste que celui des Schtroumpfs, ces sidekicks/clones devenus uniques par la grâce d'un simple accessoire.
Pour Toad, ce sera une lampe frontale, sanglée autour du chapeau et dont la lumière va lui permettre d'éclairer son chemin - et bien sûr d'immobiliser et parfois détruire les quelques fantômes qui viendront lui chercher des noises. Malgré les apparences, Captain Toad n'est pas pour autant un jeu d'exploration ou une déclinaison acidulée de Minecraft. Il s'agit d'un jeu de réflexion, centré pour chacun de ses niveaux sur un thème ou une idée particulière. Là, le niveau complet tourne d'un quart de tour vers la droite toutes les trois secondes ; ici, chaque appui sur un gros bouton fait monter les barrières noires et descendre les barrières blanches, et inversement. Au joueur de réfléchir et de tourner la caméra dans tous les sens pour repérer le chemin qui lui permettra de récupérer l'étoile, objectif ultime de chaque niveau.
Appréhender correctement l'espace en 3D autour de Toad est la clé du succès, d'autant que notre héros ne peut ni sauter, ni influer sur ses chutes. Comme souvent, ces limitations donnent aux développeurs des pistes pour leurs énigmes et au jeu un sel supplémentaire : les bases données dès les premiers niveaux ne varient ainsi qu'assez rarement et Nintendo a ainsi pu pousser assez loin le concept, sans pour autant s'enfermer dans des strates et sous-strates de possibilités à la Fez. Il faut souvent réfléchir dans Captain Toad, prendre son temps, mais la solution d'une énigme (et généralement, du niveau complet) est toujours ou presque sous notre nez.
Cette superficialité colle bien avec le thème et l'ambiance graphique du jeu, finalement très enfantins, mais elle le rend également très répétitif. Chaque niveau est l'occasion de découvrir une nouvelle astuce, une nouvelle façon d'utiliser Toad (et parfois ses clones), mais Captain Toad ne fait jamais l'effort de mixer ses différents éléments, de mélanger ses concepts pour laisser le joueur appliquer ce qu'il a appris dans les étapes précédentes. Du premier au dernier de la cinquantaine de niveaux proposés, on reste donc à la surface, sûr de pouvoir atteindre l'étoile en moins de deux minutes (et souvent beaucoup moins) sans jamais avoir vraiment fait d'efforts pour la mériter.
Pour un joueur confirmé, Captain Toad se pliera donc en une après-midi. Pour rallonger un peu la sauce et passer plus de temps avec le petit, on fera bien de réunir les trois diamants et de réussir l'objectif secondaire de chaque vignette avant d'attaquer le niveau suivant. Avec cette gymnastique, un niveau bouclé normalement en trente secondes tiendra facilement quelques minutes de plus ; de quoi apprécier chaque level à sa juste valeur. De quoi rendre le jeu plus consistant et donner un petit côté dînatoire à cet apéro assez goûtu.