Comme d'habitude avec les jeux écrits par Jane Jansen, j'ai tout de suite été attiré par le jeu (sans même d'ailleurs savoir au départ qui était derrière) qui semblait proposer une expérience comme je les aime. Il faut dire aussi que la patte graphique du jeu fait assez penser à Gray Matter (même si le travail est un peu moins fin à ce niveau) au même titre que les thèmes musicaux. Mais là où cela devient intéressant, c'est que Jane Jansen n'a eu qu'un rôle de consultant pour l'écriture du scénario, le gameplay est donc pris en charge par Phoenix Online Studios, ce qui au final permet au jeu de proposer un équilibre entre narration et gameplay se déportant légèrement vers ce dernier. Comment cela se concrétise-t-il en jeu ? C'est ce que nous allons voir...
Pour commencer avec l'histoire, le jeu met en scène le personnage d'Erica Reed, agent du FBI doté du pouvoir de voir dans le passé en touchant les objets (le pouvoir de "Cognition"). Au début de l'aventure, nous la retrouvons à la poursuite d'un tueur en série particulièrement sadique appelé "Cain killer" qui vient justement de capturer son frère. Malgré ses efforts, le tueur finit par tuer son frère Scott, ce qui afflige profondément Erica qui n'aura de cesse de chercher le coupable. Trois ans plus tard, de nouveaux évènements font penser au retour du tueur...
Vous l'aurez compris, le jeu consistera en une enquête qui prendra, vous vous en doutez, rapidement de plus grosses proportions...pour le pire ?
Il est bien sûr compliqué de parler des thèmes du jeu en profondeur sans révéler le scénario, alors je m'en tiendrai simplement à un discours très général. De fait, dans la suite, le jeu approfondira davantage le thème de la vengeance, des implications des pouvoirs surnaturels de ce type, de la fatalité, des responsabilités, etc. Relativement sombre et mettant en scène des meurtres très sadiques, le jeu prend des allures de roman noir avec beaucoup d'émotions autour de personnages pas toujours bons ou méchants. On retrouve le symbolisme typique des histoires de Jane Jansen sans abus du côté du surnaturel.
Pour le situer par rapport à Gray Matter et Gabriel Knight, le développement manque sans doute un peu du charme gothique et documenté de ces derniers mais demeure globalement plaisant.
Pour en revenir au développement de la trame, je pense que le joueur pourra hésiter entre l'agacement face au "n'importe quoi" de la suite du scénario (la liberté dont jouit Erica Reed est par exemple assez peu crédible) et la satisfaction de voir que les charismatiques personnages principaux s'étoffent progressivement au fil des évènements, constituant finalement le vrai nœud des décisions (à ce titre, le quatrième (et dernier) chapitre du jeu introduit un système de confiance qui change la fin du jeu en fonction des rapports avec les autres ; ce n'est pas énorme, mais c'est déjà ça) . Dans Cognition, le plus important, ce sont les caractères même si dans sa globalité la trame est riche en rebondissements avec une fin émouvante.
Mais là où le jeu se distingue de Gray Matter (par exemple) est dans sa qualité globale de gameplay bien plus développé.
Comme je l'ai déjà dit, Erica possède un don, la "cognition" qui s'étoffera progressivement de plusieurs autres mécanismes (peut-être un peu trop, à la fin les énigmes se corsent fortement du fait de la multiplicité des choses à considérer) Par exemple, on pourra avoir à "réparer" les souvenirs d'une personne pour trouver une information ou encore on pourra associer trois objets pour pouvoir observer l'image "spectrale" d'un objet/d'un cadavre. Il y aura même plus dans la suite, mais je ne vais pas spoiler...
En plus des pouvoirs, on pourra faire des recherches sur son Smartphone, combiner des objets (pas trop heureusement, ce qui permet d'éviter l'écueil des jeux comme "L'Œil Noir, les Chaînes de Satinav" avec ses associations farfelues, etc.).
Toutes ces possibilités permettent au jeu de proposer une grande variété d'énigmes qui ne sont pas bridée dans leur logique par un trop faible choix de moyens. Ainsi, comme tous les jeux avec Jane Jansen, les énigmes s'avèrent logiques et rarement trop tirées par les cheveux (même si certaines ont été abominables pour moi, la résolution de celles-ci semblant parfois difficile à initier de façon spontanée). Par contre, le jeu impose une grande attention aux dialogues ainsi qu'une prise de notes pour pouvoir s'en sortir, d'autant plus que le jeu n'est pas totalement linéaire (moins que Gray Matter qui est plus guidé). A ce niveau, le jeu est donc bien fourni.
Quant à la réalisation artistique générale, les graphismes du jeu s'avèrent plaisants sans plus (les personnages sont réussis par contre), un peu du style Gray Matter en moins subtil et travaillé comme je l'ai déjà dit. La musique, quant à elle, est un des points forts du jeu. Enfin, le doublage s'avère très (très) travaillé et constitue un des piliers de la force de la narration du titre.
D'un autre côté, si l'on doit en arriver aux défauts de réalisation, on peut noter quand même une forte présence ce bugs graphiques (pas trop gênants pour ma part mais ça fait tâche) et des ralentissements dans les mouvements (agaçants dans l'épisode 3 par contre). Les personnages ne sont d'ailleurs pas ultra-expressifs de visage (mais la voix et les gestes rattrapent très bien l'ensemble).
En définitive, Cognition s'impose comme un très bon (et assez long) Point & Click, un des meilleurs parmi les "récents" pour ma part. Bien qu'un peu en dessous du niveau de subtilité de Gray Matter ou de Gabriel Knight dans son scénario (mais largement mieux qu'un jeu comme The Walking Dead pour ma part), le jeu propose un gameplay vraiment très varié avec très peu de déchets dans les nombreuses énigmes.