Je ressors assez mitigé de Control...
Le dernier Remedy m'a beaucoup plus emballé que Quantum Break et pourtant, j'en garde une étrange insatisfaction. Elle est due à cette histoire et cette narration décousue qui m'ont mis sur le bord de la route beaucoup trop souvent malgré une mise en scène bluffante. Beaucoup trop de non dits, beaucoup trop de mystères qui tuent le mystère, mon implication scénaristique s'épuisant peu à peu. D'autant plus que les dialogues avec les PNJ ne savent quasi jamais relancer la sauce de par leur platitude, sans être aidé par ces synchro labiales imparfaites. On a même du mal à s'attacher au personnage principal et ses réflexions internes en voix off ne marchent pas si bien sur la durée. L'effet Max Payne n'est pas aussi efficace avec un personnage comme celui-ci, pas assez charismatique.
Si je ne comprends pas grand chose au titre, c'est aussi ma faute car je ne me suis pas assez impliqué dans les à côtés proposés par le jeu : il faut lire pour comprendre, mais je n'ai pas eu envie de lire, soit par overdose d'écrits, soit tout simplement car l'histoire, trop nébuleuse, décourage et désintéresse puisqu'elle ne montre que rarement la direction qu'elle entreprend véritablement. Et même à la fin, quand tout "s'explique", il reste énormément de zones d'ombres (peut-être expliqués dans les DLC à venir ?), ce qui ne donne pas envie de pardonner cette complexité narrative qui m'a empêcher d'aimer le titre comme je l'aurai souhaité.
Malgré que je sois passé à côté de l'histoire - et parfois même de l'ambiance à cause de ça -, Control a su quand même me maintenir jusqu'au bout. L'univers proposé reste quand même fascinant. Toutes ces questions sans réponses sont au moins consolidées par un level design parfois très inspirés, proposant des environnements mémorables et des séquences "inceptionnesques" qui font plaisir à voir et à jouer, même si l'on en aurait voulu plus... Comme dit souvent dans pas mal de tests, le meilleur personnage, c'est le building dans lequel on est piégé, en constante évolution, se renouvelant par ses altérations physiques et heureusement car cela évite un effet clostro linéaire qui pourrait lasser à la longue.
La grande force du titre, c'est évidemment son gameplay, qui s'offre peu à peu, empruntant aux codes du metroidvania pour se découvrir. Les gunfights sont nerveuses, très directs et les pouvoirs de Jesse sont grisants, s’avérant tous utiles en pleine action. Cette dualité pouvoir/arme à feu est assez intéressante car les pouvoirs étant limités, il faut savoir bien alterner entre les deux afin que la jauge de pouvoir se regonfle au bon moment.
Chaque arme offre un style de jeu différent, ce qui offre un peu de variété dans l'approche des combats (sniper, pompe, mitraillette, gun...). Mais c'est surtout la lévitation qui rajoute du piment au jeu, très facile et agréable à prendre en main et qui ajoute une dimension aérienne aux affrontements. Plus on avance, plus on contrôle. Niveau difficulté, pas de choix possible et le challenge est au rendez-vous. Rien d'insurmontable mais certains boss nous mettent vraiment à mal (putin de fossoyeur...).
Et techniquement c'est assez solide, surtout au niveau des effets visuels. Le nombre de particules à l'écran et l'interaction avec le décor à chacun de nos passages amplifie le plaisir de jouer avec les pouvoirs de Jesse. On avait déjà eu un avant gout de ce que Remedy pouvait faire avec Quantum Break et là encore, c'est tout à fait réjouissant et impressionnant.
Control est donc un bon jeu mais qui s'avère mystérieux, trop et inutilement complexe peut-être.Ce qui ne donne pas forcément envie de rester enfermé dans cet immeuble aux milles secrets dans une ambiance un peu "clinique morte". Control aura donc du mal à faire rentrer la plupart des joueurs dans son délire formelle et lumineux. C'est dommage car il offre des séquences d'actions réussis, servi par un gameplay bien trouvé, et à travers cet épais brouillard scénaristique, il possède une identité, dur à déceler, mais il en a une.