Dans la gamme des défouloirs cathartiques post-9/11, Crysis 2 s'affirme comme le plus ubuesque. Inauguré avec ce jeu, le CryEngine 3, nouveau juggernaut graphique, fait honneur au saccage visé : immeubles éventrés, effondrement de tours en flammes dans un déluge wagnérien de cendres, la vision apocalyptique d'une New York assiégée dépote à merveille. Dommage que, sur un plan purement ludique, cette immersion urbaine ne soit pas aussi inspirée que celle en jungle tropicale du premier épisode. La combinaison high-tech du héros se veut pourtant promesse d'une refonte du FPS : caméléonisme furtif digne du Predator, options tactiques pour construire un assaut ou une infiltration planifiée, etc. Malheureusement la pratique dépasse rarement la théorie : l'IA ennemie au rabais et le manque de répercutions scénaristiques sur des méthodes tapageuses entérinent la méthode bad-ass comme seul plaisir de jeu. Passée cette déconvenue tactique, Crysis 2 peut se consommer comme un blockbuster assez réjouissant.