Tout aussi bon (voire même meilleur !) que Mario Kart !
En 1999, la série des Crash Bandicoot s'est d'ores et déjà faite un nom. Proposant des jeux de plate-formes dont la qualité n'est un secret pour personne, on pensait que Naughty Dog ne pouvait pas faire grand chose de plus pour définitivement faire entrer Crash Bandicoot parmi les figures emblématiques du jeu vidéo. Et pourtant comme toute série de plate-formes à succès, Crash tente lui aussi de s'adonner aux joies des courses de karting, comme l'avait fait Mario des années auparavant, avec CTR : Crash Team Racing.
Pôle position ou tête-à-queue pour le marsupial orange de la Playstation ?
« Prépare-toi à la course du destin de ton monde ! »
Comme souvent (systématiquement même?) dans les jeux Crash Bandicoot, le monde est menacé par une personne aux idées mal intentionnées et c'est souvent le marsupial et ses compères qui partent le sauver. Ici, une fois n'est pas coutume, on suit quasiment le même leitmotiv qui caractérise la série depuis ses débuts. Mais là, ce n'est pas le Dr. Neo Cortex qui vient menacer le monde, mais un extraterrestre répondant au nom de Nitrous Oxide. Ce dernier aime en effet défier bon nombre de pilotes à travers la galaxe et débarque chez Crash et ses amis afin d'affronter le meilleur pilote de sa planète dans un course en duel. Si c'est ce pilote qui gagne, Oxide promet de laisser la planète des Bandicoot tranquille. Par contre, si Oxide gagne, il projette de réduire cette planète en un gigantesque parking et de réduire tout le monde en esclavage. Ni une ni deux, nos héros ainsi que leurs ennemis organisent des courses afin de déterminer qui sera de taille pour gagner contre Oxide et par conséquent sauver le monde.
Même si le jeu propose l'introduction d'un nouvel grand ennemi, on ne peut pas dire qu'il se démarque complètement de ce qu'il propose habituellement en termes de scénario. On peut ainsi le résumer assez simplement : un méchant débarque avec un dessein peu amical, le héros arrive et parvient à stopper les plans du méchant. Vous l'aurez donc compris, on a le droit au même speech que les jeux précédents. Outre le fait que ce n'est pas particulièrement original, il faut également dire que le grand méchant proposé par CTR n'est pas très charismatique. Certes, sa voix caricaturale de méchant colle bien à l'esprit des Crash Bandicoot, mais il n'a pas le style maladroit si particulier du Dr. Neo Cortex, si bien qu'on a du mal à se faire au personnage. En clair, on peut dire que comme le scénario, Nitrous Oxide ne fait pas dans le méchant original. Ah puis aussi, le doubleur d'Oxide semble avoir du mal à proposer une voix très particulière et en même à se faire comprendre sur certaines de ses phrases, ce qui est regrettable, même si cela est peut-être dû à des effets sonores qui ont été ajoutés après sa performance vocale.
Enfin rassurons-nous, la série des Crash Bandicoot a pu fournir de bons jeux malgré ses scénarios vus et revus, et c'est aussi le cas de CTR qui révèle bien d'autres qualités.
« Start your engines ! »
Après une petite introduction nous présentant les éditeurs et développeurs dans le pur style de la saga Crash Bandicoot, nous avons le droit après avoir choisi la langue à un menu nous proposant divers modes de jeu. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'ils ont le mérite d'être assez variés pour vous occuper un certain moment.
En excluant le mode Langue, le mode Meilleurs Scores affichant les meilleurs temps sur les différents circuits et le mode Album que l'on déverrouille après avoir fini le mode aventure (ou en utilisant un cheat code, à chacun sa méthode!), et qui nous des artworks et photos sur la saga Crash Bandicoot, nous avons pas moins de 5 modes jouables seul ou à plusieurs, certaines modes nécessitant parfois d'être obligatoirement accompagné pour pouvoir y jouer :
Le mode Aventure, qui vous propose avec le personnage de votre choix de parcourir un monde semi-ouvert divisé en 4 zones comportant chacune 4 courses et un boss qu'il vous faudra battre pour obtenir une clé vous permettant d'accéder à la zone suivante, jusqu'à obtenir assez de clés pour affronter Nitro Oxide en duel. Le choix de votre avatar vous sera facilité par la présentation de ses différentes caractéristiques (Vitesse, Accélération et Direction) dans le menu de choix du personnage. Durant votre progression, Aku Aku ou Uka Uka sera là pour vous donner certains conseils afin d'améliorer votre conduite et vous expliquer les tenants et aboutissants de ce mode. En plus de cela, vous pouvez également rejouer les courses déjà gagnées pour récupérer une relique (la récupération de toutes les reliques du jeu étant nécessaire pour venir définitivement à bout de Nitros Oxide) par le biais d'une course contre-la-montre et des jetons CTR (vous permettant de débloquer des championnats afin de gagner des joyaux qui vous permettront au final de disputer d'autres tournois pour débloquer les boss du jeu) d'une certaine couleur que vous obtenez après avoir trouvé les lettres CTR dans le circuit. De ce fait, il y a bien des choses à faire si vous voulez tout débloquer, même après avoir fini le mode Aventure une première fois. Puis l'IA de vos concurrents évolue au fur et à mesure de votre progression histoire de vous opposer une meilleure résistance, sans oublier les combats de boss qui peuvent s'avérer compliqués du fait qu'ils balancent constamment des armes dans leur sillage (sans oublier Nitros Oxide qui démarre avant le feu vert, ce fourbe!).
Le mode Essai Temps, que l'on peut traduire ici par un mode Contre-la-Montre. Ici par grand chose à expliquer si vous êtes un habitué des jeux de courses (pour les autres, il s'agit de faire le meilleur temps possible sur un tour ou plus). A noter que vous pouvez également enregistrer les données d'un « fantôme », c'est-à-dire que vous pouvez enregistrer votre performance et la matérialiser sous forme d'un adversaire transparent lors de votre prochain contre-la-montre, ce qui peut être utile pour voir si vous avez progressé.
Le mode Arcade se divisant en deux sous-modes : un mode individuel où vous disputez seul ou à deux une course unique, ou alors un mode coupe qui vous propose (toujours en étant seul ou à deux!) de disputer quatre séries de quatre courses, à choisir selon vos affinités avec les circuits d'une série proposée. La spécificité de ce mode repose sur le fait que vous pouvez débloquer des modes de difficultés plus élevées histoire d'avoir un challenge plus conséquent.
Le mode Joute qui est une variante du mode Arcade, à la seule différence qu'il est obligatoirement jouable à deux joueurs minimum et à quatre joueurs maximum, sans oublier qu'il ne propose pas d'IA durant les courses.
Enfin, le mode Bataille qui est une sorte de match à mort où vous devez toucher votre ou vos adversaires (là aussi, multijoueur obligatoire dans ce mode!) un certain nombre de fois avec différentes armes pour remporter la victoire dans une arène fermée. Notons d'ailleurs que des armes et power-ups sont exclusifs à ce mode.
Par conséquent, vous avez de quoi faire ! A noter par contre qu'il est dommage que l'on retrouve pas la présentation des caractéristiques des personnages ailleurs que dans le mode Aventure, ce qui nous aurait permis d'y voir plus clair.
Crash Test Racing
C'est bien beau de décrire les modes de jeu disponibles, encore faudrait-il parler des courses en elles-mêmes !
Commençons par les graphismes qui servent nos différents circuits de manière tout à fait honorable. Il s'avère en effet que les graphismes sont dans le ton de ce que nous proposait les précédentes aventures de Crash. Attendez vous donc à voir des décors colorés et varié alternant entre diverses ambiances (de la piraterie à la SF, il n'y a qu'un pas dans CTR!), offrant ainsi de nombreux circuits plus ou moins difficiles et dont certains nous rappellent le jeu de kart de chez Nintendo (notamment le Châtreau Cortex qui est similaire à celui de Bowser aussi bien par son décor que par son tracé). Les animations ne sont pas aussi à la traîne non plus, même si la plupart du temps, nos protagonistes restent collés à leur kart, sauf quand on voit le podium de la course (chaque personnage ayant sa propre célébration de victoire et sa réaction plus négative en cas de deuxième ou troisième place) et lors du choix du personnage avant le mode Aventure.
En ce qui concerne le gameplay, il ne faut pas nier que le soft emprunte beaucoup de choses à son prédécesseur, à savoir Mario Kart. Nous avons ici affaire à des courses opposant huit concurrents ayant à disposition moult armes et power-ups inspiré des précédents jeux de la saga et disponibles en détruisant des caisses disséminées sur le circuit, pour remporter la victoire. De ce point de vue, on retrouve les classiques du genre, comme le missile à tête chercheuse rappelant la carapace rouge de Mario Kart. Mais CTR arrive tout de même à se démarquer puisqu'il propose des armes originales (comme par exemple la fiole rouge permettant en plus de ralentir l'adversaire de laisser dérouler le menu aléatoire de sélection d'arme) et il offre de plus un système de fruits Wumpa permettant d'améliorer la puissance de ces armes : en détruisant des caisses contenant ces fruits (ce sont celles n'ayant pas de point d'interrogation dessus!) ou en les ramassant sur le circuit, le concurrent peut atteinte le chiffre maximum de dix fruits Wumpa, ce qui lui permet d'augmenter la puissance et l'efficacité de ses armes et power-ups. Mais attention, vous perdez des fruits Wumpa si vous vous faites toucher par une arme adverse !
Le maniement du kart est également agréable, il répond au doigt et à l'oeil et ne pose pas de difficulté de maniabilité. Mieux, il propose un système de boost plus simple (à mon avis) que celui de Mario Kart, en effet il n'est pas question ici de « snaking » consistant à marteler les touches de direction pour déraper et gagner de la vitesse, mais il suffit juste d'appuyer sur le bouton L1 (pour déraper vers la gauche) ou R1 (pour déraper vers la droite), de remplir la jauge en bas à droite jusqu'à ce qu'elle soit rouge et d'appuyer sur L1 ou R1 selon le bouton sur lequel vous avez appuyé pour obtenir du boost. Simple, non ? Vous êtes par contre limité à l'enchaînement de 3 boosts à la suite. Pour autant, cette simplicité est bienvenue du fait que le boost est indispensable pour rendre les courses bien plus dynamiques, vu que sans boost le kart donne une certaine impression de lenteur. Ainsi, on se retrouve la plupart du temps à zigzaguer sur le circuit pour avancer le plus possible, ce qui n'est pas toujours pratique. L'autre méthode pour gagner du boost est de retomber après un saut d'une certaine hauteur (le fait d'appuyer sur L1 ou R1 pour sauter pouvant aider), mais certains circuits ne proposent aucun saut (par exemple le circuit Coco ou le Stade Glissade), si bien que l'on doive toujours zigzaguer pour avancer ! N'oublions pas non plus qu'il est possible de faire un départ rapide en appuyant au bon moment sur la touche d'accélération.
Quant à la bande-son et la musique, on peut dire qu'elle sert bien le jeu dans son ambiance décalée et cartoon, sans pour autant rester mémorable. Outre le fait que les interventions des personnages en pleine course sont sympathiques mais pas non plus hilarantes même si elles rendent les courses plus amusantes, les musiques du jeu sont également bonnes mais ne restent pas dans les mémoires, quand bien même elles restent dans l'esprit du jeu et collent bien à la situation dans lesquelles elles sont utilisées. D'ailleurs, le doublage français des personnages reste assez inégal, certaines voix étant vraiment réussies tandis que d'autres sont franchement pas terribles. Mais rassurez-vous, la voix-off emblématiques de toutes les intros des Crash Bandicoot est bien présente ! Le tout forme donc un ensemble correct mais pas extraordinaire.
Nous voilà au dernier tour d'une course plus que décapante !
Et dans tout ça, on passe beaucoup de temps à sillonner les circuits du jeu ? Et bien il faut dire que oui ! Certes, finir le mode Aventure une première fois ne prend pas tellement de temps si on est un joueur chevronné, mais ce mode saura vous occuper bien plus longtemps si vous comptez le finir à 100 % en débloquant tout ce qui est possible et imaginable. Vous pouvez également vous efforcer de réussi le meilleur temps de chaque circuit (une récompense vous attend si vous parvenez!) et terminer les différentes coupes du mode Arcade dans chaque difficulté. Et puis, le multijoueur jusqu'à quatre pilotes en herbe avec le Multipad est toujours là pour prolonger l'expérience à l'envi, ce qui offre à CTR une certaine rejouabilité si vous êtes tentés par une session avec vos amis, ou même vos ennemis aussi si vos tenez à vous venger par une fantastique raclée sur un tracé de votre choix!. Nous avons donc là un sacré prétendant pour les soirées jeux entre potes !
Par conséquent, le jeu propose une expérience aussi bien intéressante en solo avec les modes Aventure, Arcade et Essai Temps, qu'en multijoueur avec les modes Arcade également, Joute et Bataille.
Le jeu se paye donc le luxe d'offrir une durée de vie assez conséquente pour un soft du genre, ce qui est un sacré argument pour s'imposer dans le milieu. Et c'est désormais chose faite pour Crash Bandicoot et Naughty Dog qui parviennent aisément sur le podium des jeux de course arcade.
Conclusion : S'essayer à son tour dans les courses de kart pouvait s'avérer risqué tant la possibilité d'un échec total reste bien présente dans ce domaine. Et pourtant, Crash Team Racing s'en sort avec les honneurs et parvient à nous offrir un jeu de course fun et prenant, sans pour autant perdre son identité propre et ne proposer qu'une simple copie de Mario Kart, malgré une certaine lenteur dans le gameplay si on ne s'amuse pas à zigzaguer sur le circuit. Amateurs de l'univers de Crash Bandicoot et de jeux de courses sans prise de tête, vous pouvez aisément vous jeter sur cet excellent opus.