Dark Souls et moi, c’est compliqué en ce moment. Bien sûr, le charme vénéneux demeure, et puis des moments partagés il nous reste les cris de dépit et les jappements de triomphe, ce qui a fait notre amour vache. La série n’a peut-être jamais été aussi élégante, aussi raffinée, que dans ce troisième volet, qui constitue une forme d’apothéose. Mais il y a décidément quelque chose de cassé entre nous, au point que lorsque j’ai enfin vu le générique de fin j’ai poussé un soupir de soulagement. Et puis j’ai relancé une autre partie.
Avant d’aller plus loin, il faut que je mette en garde ceux qui découvriraient la série : Dark Souls III est un excellent jeu, peut-être même le meilleur de la trilogie, même si l’on ne m’enlèvera pas de la tête et du — coeur — qu’il n’égale pas le premier épisode. Passez votre chemin, et allez vous perdre, vous tourmenter, et petit à petit, en adoptant la démarche du crabe qui contourne sagement les obstacles, avec un rien de persévérance et de ruse, triomphez de Dark Souls III, sans arrière-pensée. Vous m’en direz des nouvelles. Plus tard, vous partagerez peut-être mon amertume, mais chaque chose en son temps.
Car la majorité de mes reproches sont liés à l’usure des sentiments, à la répétition qui finit par révéler les tics, à la lassitude et au déjà-vu. D’autant que si l’on compte Demon’s Souls et Bloodborne, c’est la cinquième fois que From Software nous ressort à peu près à l’identique la formule magique inventée en 2009 par Hidetaka Miyazaki et son équipe. On se croirait revenu à l’heure de gloire des Castlevania période Koji Igarashi – dont les Souls sont de lointains petits cousins – quand Konami enchaînait les suites à Symphony of the Night (PS1, 1997), jusqu’à perdre la plupart de ses fans : nous n’en sommes pas encore là, puisque comme je le répète Dark Souls III est un très bon jeu, qui m’a dévoré 60 heures (avec trois personnages, j’ai beaucoup louvoyé), mais tout de même, pour le dire un peu brutalement, c’est la première fois que j’ai l’impression que le jeu n’apporte rien, qu’il n’offre aucune idée neuve.
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