Pas si différent du premier ... et tant mieux ?
Darksiders 2 est fondamentalement un bon jeu, disons-le tout de suite. D'un point de vue purement scolaire, il peut même prétendre à l'excellence, car sur tous les aspects "objectifs" (graphismes, durée de vie ...) il claque. Mais est-il toujours si parfait quand on s'attarde à la subjectivité du joueur et au plaisir de passer du temps sur cette aventure ?
Pour être tout à fait honnête, la première chose qui m'a frappé dans ce jeu, c'est l'aspect technique. Les graphismes avec la petite touche de cell-shading ont un cachet vraiment sympathique et mieux fignolé que pour le premier opus qui peinait un peu à se démarquer d'un MMO à la World of Warcraft. Mais surtout, ce qui cause une belle claque, c'est les panoramas. C'est tout simplement hallucinant de beauté sur certains niveaux, le ciel étant recouvert d'un gigantesque artwork d'une finition inébranlable sur laquelle on ne peut que s'extasier de longues minutes durant.
Et en plus, vos découvertes au sein de cet open-world, ma foi plutôt vaste, seront accompagnées d'une OST magistrale, n'ayons pas peur des mots. Le thème du premier (et seul) gros boss est clairement l'une de mes piste préférée de cette génération de consoles, rien que ça ! Il est malgré tout véridique de dire que tout n'est pas du même niveau, même si en moyenne ça reste dans le haut du panier, et ça fait franchement plaisir.
Mais Darksiders 2 n'est pas pour autant un jeu musical, rassurez-vous, on retrouve ce qui faisait le charme du premier, à savoir un Zelda-like mélangé avec du Prince of Persia, du Beat'em all ... Même si cela peut dérouter au début, non je ne trouve pas que la formule change tant que cela. Et c'est pour le mieux ! L'enchaînement des donjons est beaucoup plus sympathique, même si à la moitié du jeu on ne fait plus que ça, ce qui devient assez vomitif. Du coup, il est vrai, l'aspect exploration est un peu en-deca et l'immense world-map révèle assez vite le côté linéaire de l'aventure et son aspect très structuré. N'étant pas fan des jeux à la fausse durée de vie, j'avoue que cela m'a plu, il faut simplement le savoir.
Pour revenir sur les donjons, je dois avouer que c'est franchement bien mieux maîtrisé que dans le premier épisode : ils sont semblables à ceux des Zelda, c'est-à-dire donnant l'impression d'être ouverts tout en étant linéaires (tiens, j'ai récupéré une clé, mais je ne peux l'utiliser qu'ici en fait). Du coup, on ne passe plus son temps à faire d'affreux allers-retours pour comprendre où aller, tout en gardant cette impression d'être l'explorateur qui trouve tout par lui-même, et ce même dans les derniers donjons qui peuvent sembler rébarbatifs aux premiers abords.
Par contre au-niveau des combats, je n'ai pas été si convaincu. Déjà dans le premier c'était la partie un peu lourde et chiante, et même si ça se calme un peu ici, ça reste assez brouillon et pas franchement lisible quand on commence à invoquer nos différents pouvoirs. On saluera au moins le fait que les ennemis meurent vite et que l'aspect bordélique donne un côté assez drôle parfois. A noter aussi que les boss sont particulièrement faibles, même parfois plus que certains ennemis. Choix étonnant.
Concernant l'orientation RPG du soft qui se veut être la grosse nouveauté, il faut reconnaître qu'elle est plutôt bienvenue même si assez convenue au final. La montée de niveau est sympathique et j'apprécie le fait qu'on puisse faire le jeu en ligne droite sans devoir faire d'interminables séances de levelling qui n'auraient pas eu de sens ici, et j'ai bien aimé l'idée d'un équipement à looter qui offre des petits rafraichissements de gameplay de temps en temps. Plutôt sympa donc.
Mais tout n'est pas rose non plus dans Darksiders 2, malheureusement. Au-delà d'avoir une phase de jeu vers les 75% qui est absolument scandaleuse de nullité, le jeu, comme déjà dit, enchaîne un peu trop les donjons à certains moments, ce qui rend la progression assez délicate. J'ai d'ailleurs mis énormément le temps pour le finir, tout comme le premier (où il m'avait fallu 2 ans et 3 tentatives pour en voir le bout).
Et ce n'est rien comparé au scénario : inexistant, tout simplement. On peut résumer ce jeu en moins de deux phrases sans omettre le moindre détail, c'est assez triste ! L'histoire souffre de sa structure qui n'a ni début et ni fin, on se sent dans le milieu des choses tout du long, et l'on passe son temps à explorer des donjons pour trouver X items qui permettront d'avancer. Aucun rebondissement, aucun personnage secondaire attachant, aucun dialogue vraiment scénaristique, nada, nothing, rien. Même Death n'inspire rien, car sans PNJ à qui parler, il ne peut exister lui-même. Certes la fin essaye de donner un peu de relief à tout ça, mais c'est très maladroit, très convenu, et directement annulé par la cinématique qui suit. Dommage.
Je suis malgré tout heureux d'avoir pu y jouer. Heureux car cela confirme mon impression qu'un grand développeur a succombé à la loi difficile du jeu vidéo. Certes le jeu n'est pas la claque de la gen, certes on retrouve grosso-modo la formule du premier en plus abouti, mais Darksiders 2 est malgré tout resté une belle expérience et une belle leçon de level-design et de créativité. Puis, vu le prix auquel il se trouve actuellement, difficile de ne pas le recommander ...