Longtemps, je me suis gardé éloigné des zombies.
La zombification ambiante et la sur-représentation que le genre a connu dans les salles obscures m'ont finalement fait peu à peu m'approcher avec vigilance de cette engeance carnassières qui marchent sur nos super pour y croquer nos caissières. Et de super marchés, il est généralement question.
Les morts-vivants, rapides ou lents, provoquent des débats enragés de rageux s'érigeant en passant de garantir de leur logorrhées arrogantes la véracité de vernis cadavres véreux et versatiles. A-t-il été débat plus débile ?
Peu enclin à ces conversations inconsistantes, je conviens malgré tout qu'on convie en ce cas l'insidieuse citation selon laquelle que tout ce qui n'est pas nécessaire est indispensable.
Mais le but de la critique ne réside pas dans ces passionnantes insipidités, que je ne juge qu'à l'aulne de mon intérêt, qui m'est propre, contrairement à beaucoup de zombies dans cette salle, qui par métonymie ne sont pas de première fraîcheur.
C'est sur la fraîcheur que l'on s'attardera et sa traduction anglaise : cool.
Le jeu Dead Rising, car c'est bien de lui qu'il est question, apporte une originalité qui a su me séduire. Si le contexte de départ est relativement fade et vu, revu et re-revu, on notera la mécanique de jeu intéressante consistant à devoir prendre des photos, et ce, dans un temps limité.
Ce qui ne fait pas seulement de Dead Rising un jeu d'action, mais également un jeu dans lequel la créativité et l'inventivité sont invitées. L'aventure se déroule dans un centre commercial, lieu par excellence de la critique des USA, avec les archétypes des défauts de la société américaine à visages humains. On peut alors se dire que les zombies ne font en fait que partie du décors et ça n'est pas complètement faux.
Car on casse du cas social au katana, mais chaque frimousse qu'on fracasse à coup de lame émoussée est un passage obligé vers l'immense masse de muscles qui nous dépasse en monstruosité. Face à la morosité, le meurtre de masse nous oblige à tout saccager pour s'affranchir des défraîchis qui nous avisent de notre absence de sens et d'humanité. N’eûssent été les animaux, notre animalité n'aurait été critiquable. N'eût été la vague de zombies, notre violence et notre folie n'auraient pu être critiquée. N'eût été la nudité et la crudité, la violence gratuite n'aurait pas été aussi impayable.
La nature du zombie n'est donc pas de courir ou de marcher, reprendrait on alors dans un débat stérile !
La nature du zombie, c'est d'être une menace violente qui appelle une réponse violente pour nous montrer nos côtés sombres. Mais tout cela n'est pas nouveau, et la grande nouveauté du titre, c'est son plongeon dans la modernité. Nous connaissons notre violence et notre folie. Mais dans notre monde de communication, la folie s'affiche. La photo, messieurs-dames, c'est l'avenir !
Souvenez-vous ! En 2006, on prenait en photos des gens massacrer des zombies pour gagner des points.
En 2008 se démocratisait facebook et aujourd'hui, le terme "selfie" est dans le dictionnaire.
Qu'ils marchent ou qu'ils courent, les zombies ont ceci d'intéressant qu'ils détruisent ceux qui ont un cerveau sans pour autant gagner en capacité.
Et si Dead Rising était un manuel de sociologie ?
Pour conclure sur une touche un peu plus sérieuse, le jeu Dead Rising reprend des clichés très courants et des personnages très caricaturaux, il n'en est pas pour autant superficiel et propose un divertissement jubilatoire dont découle assez logiquement une réflexion plutôt intéressante (et relativement visionnaire) sur notre relation à l'image et au journalisme d'investigation autant que notre rapport aux victimes survivantes, dont les noms comme les personnalités (voir le destin) compte peu dans l'histoire. Mais qui sont Al et Paule ?