Amers Bayous

Je suis très partagé sur ce Deadly Premonition 2. Lors de son annonce à l'automne dernier, j'étais ravi : c'était inespéré de pouvoir suivre de nouveau les aventures de York & Zach, 10 après le premier jeu. Toutefois, connaissant la nature des œuvres écrites par Swery, je demeurais prudent ; j'ai eu raison.

Deadly Premonition 2 est vidéoludiquement mauvais : images par seconde aux fraises, remplis de bugs qui obligent à charger une sauvegarde précédente, vraiment laid à regarder, quêtes secondaires inintéressantes, certaines missions principales horriblement mal conçues...sur cet aspect peu de choses sauvent le jeu, malgré des améliorations depuis une décennie : transport rapide ENFIN clairement accessible, petit aspect RPG, maniabilité plus souple face aux ennemis, notamment.

Mais ce qui me chagrine le plus, c'est l'impression que malgré tous les efforts mis en place, malgré la bonne volonté, le jeu manque de cœur par rapport à Deadly Premonition : personnages moins fouillés, humains et intéressants à découvrir ; aspects « vie quotidienne et observation » complètement disparus ; histoire assez confuse...bref, je n'ai pas vraiment retrouvé l'ambiance si particulière et la tendresse, témoignée aux habitants de Greenvale, du précédent épisode.

Voilà ce qui explique une note si sévère par rapport au premier opus auquel, malgré ses gros défauts, je n'ai aucun problème à attribuer un 10.

Et pourtant, derrières toutes ces déconvenues, on aperçoit encore l'âme du jeu originel, notamment dans toute la fin du scénario, et la séquence post-générique à la fois adorable, étonnamment bien animée et apportant une bonne conclusion sans pour autant se fermer complètement à d'autres opus ; la série pourrait s'arrêter là, et peut-être devrait-elle le faire. On peut aussi compter sur quelques moments qui arrivent à créer des atmosphères très particulières, et réussies, comme les reconstitution de scènes de crime ou, malgré leur facilité, les décryptages des oracles de Houngan, un être surnaturel qui rappelle le Baron Samedi de la religion vaudou et qui montre que des esprits bienveillants peuplent aussi le monde du jeu. Enfin, gros travail sur les musiques, vraiment variées, agréables et adaptées à la Louisiane, mais mal mises en valeur par un mixage sonore très inégal.

Bref, une énorme déception d'un côté, mais pourtant le plaisir de retrouver l'univers si particulier créé par Swery : rarement un jeu n'aura aussi bien porté son sous-titre.