Die Hard Trilogy
6.7
Die Hard Trilogy

Jeu de Probe Software, Fox Interactive, Sega et Tec Toy (1996PlayStation)

Fan de la trilogie initiée par John McTiernan, j'ai toujours été intrigué par cette très réputée Die Hard Trilogy, ne serait-ce que pour sa proposition de « trois-jeux-en-un », mais aussi parce qu'elle est régulièrement citée parmi les adaptations de films en jeux vidéo réussies. Bref, aucun remaster ou remake n'étant prévu (et à mon avis, on va pouvoir attendre encore longtemps), je me suis enfin décidé à lancer l'émulateur pour vérifier par moi-même ce que vallait réellement cette « trilogie ».


Die Hard 1, aka Piège de Cristal, est un TPS fortement inspiré de… Robotron 2084 (quel enfer !). On grimpe les étages du Nakatomi Plaza, et tous les trois niveaux, on se retrouve au sommet du building afin d'aider les otages à s'enfuir en hélicoptère. Ç'avait beau être la partie qui m'emballait le plus sur le papier, malheureusement, c'est sans nul doute celle qui m'a le plus déçue, en plus d'être aussi celle qui a la plus mal vieillie… faut dire aussi qu'on en a bouffé des TPS depuis 1996. La maniabilité de John McClane (qui ne ressemble pas au vrai John McClane, question de droits, notamment car Bruce Willis s'est toujours pris pour une diva) étant adapté pour un pad PlayStation première génération (le modèle SCPH-1010 que tout le monde a oublié), forcément, le tout a été ralenti afin que la direction et la visée puissent être gérées uniquement à partir de la croix directionnelle. J'ai des principes : si je n'aime pas le diptyque GoldenEye/Perfect Dark sur N64, car ça se joue avec un seul stick, je ne vois pas pourquoi j'apprécierai un autre jeu de tir qui se jouerait, lui, avec la croix directionnelle. En plus de ça, on comprend bien vite que si on veut gagner sans se prendre la tête, il suffit d'attendre les ennemis et de tirer dans leur direction même s'ils n'apparaissent pas dans notre champ de vision : leur champ d'action étant très limité, on peut aisément tous les éliminer de la sorte.

Enfin, outre le fait qu'il n'y a pas vraiment de dernier niveau (comprendre par là que c'est un niveau tout aussi banal que les autres), on finit très vite par retraverser les mêmes décors en boucle : les bureaux, les bureaux des commerciaux, les bureaux en construction, la maintenance, l'étage des serveurs informatiques, les chambres fortes, le salon… et ce fameux toit qui revient sans cesse. Un problème non pas dû à leur nombre trop restreint, loin de là, mais au fait qu'on va vite finir par retraverser les mêmes plusieurs fois (surtout ce toit bordel !)… seul le tout premier niveau est unique en fin de compte. Même au niveau des armes à ramasser, on retrouve très vite les mêmes (même si ça fait toujours plaisir de se dire que maintenant, on a une mitraillette). Je tiens tout de même à préciser que pour un jeu à la troisième personne, d'autant plus sorti sur PS1, que la caméra est vraiment très bien gérée : contrairement à de nombreux autres jeux du genre, elle ne rentre pas bêtement dans les murs, nous empêchant de voir l'action. Je tenais à saluer cette exception !

À noter qu'en plus d'inclure la tête des développeurs pour jouer le rôle des antagonistes (et du game designer Dennis Gustafsson pour John McClane), ce qui explique pourquoi il n'y a que deux femmes à tout casser (remarque : dans le film, il n'y en a aucune parmi les terroristes), cette partie du jeu a fait appelle à la capture de mouvements… mais vu que ce fut utilisé un peu n'importe comment, on ne le remarque pas… dommage. C'est d'autant plus con que le jeu n'est quand même pas bien joli.


Die Hard 2 / Die Harder / 58 Minutes pour vivre est quant à lui un rail-shooter très fortement inspiré de Virtua Cop (le lead designer, Simon Pick, en était fan, d'où la présence du genre), au point où il est possible d'y jouer avec un light gun. Les rails-shooters ne m'intéressant guère et 58 Minutes pour vivre étant sans l'ombre d'un doute le film que j'apprécie le moins parmi les trois premiers de la saga (comme tout le monde, j'imagine), je n'attendais donc pas grand-chose de cette partie… quelle erreur ! C'est de loin la meilleure des trois ! Déjà, contrairement au premier qui finissait très vite par nous faire retraverser les mêmes environnements, Die Harder nous en fait découvrir de nouveaux à chaque niveau justement. Idem au niveau du contenu, le jeu n'hésitant pas à régulièrement nous donner une nouvelle arme, à varier les situations. Mais surtout, c'est juste fun ! Tout explose ! On peut tuer des gens sans qu'il n'y ait de véritables conséquences derrière ! Il y a bien une bête pénalité de points, mais franchement, on s'en fiche royalement !

Bref, c'est le meilleur jeu de la trilogie, le plus fun, celui qui a été le moins compliqué à développer… mais aussi le plus fidèle au film d'origine… curieux que ça arrive pour 58 Minutes pour vivre quoi. À noter que si vous êtes audacieux, vous pouvez accéder à l'éditeur de niveaux de cette partie grâce à des coches de triche.


Enfin, Die Hard 3 / With A Vengeance / Une journée en enfer est un jeu de course en contre-la-montre inspiré de Ridge Racer. C'est sans nul doute le jeu qui m'intriguait le plus : j'étais curieux de voir comment les développeurs avaient géré cette partie sans réellement connaître le scénario du film (diffusé durant le développement), comment était gérée la conduite, le level design de la ville…

Premier truc qui frappe : dieu que c'est violent ! On passe notre temps à écraser des piétons et entendre John McClane faire des blagues à ce sujet (ça l'est encore plus en vue à la première personne avec les essuie-glaces qui passent leur temps à essuyer le sang) : je trouve ça limite plus choquant qu'un GTA 3 ou un Carmageddon, sans nul doute aussi parce que je ne m'attendais pas à ce qu'un jeu estampillé Die Hard surf sur ce registre. With A Vengeance est un plaidoyer, que dis-je, une ode, au passage-piéton et au respect du code de la route ! Surtout que bon, comme pour Die Hard 1 et 2, tuer du civil se limite à perdre quelques points, pas de quoi faire un drame. C'est quand même triste de se dire, notre objectif étant de désamorcer des bombes, que nous écrasons probablement plus de civils sur le chemin que la bombe en aurait fait exploser. Sans trop de surprise, le jeu a été interdit en Allemagne à cause de cette partie (si seulement on pouvait interdire l'Allemagne tout court, ce serait encore mieux). À noter que le côté sanglant a été suggéré par un producteur de la Fox après avoir testé le jeu.

Niveau gameplay, là pour le coup, c'est quand même pas si ouf que ça. La maniabilité est particulière, dure à gérer (encore plus si comme moi vous êtes une brêle quand il s'agit de conduire) et il manque la marche arrière… un manque qui se fait ressentir quand on loupe bêtement une allée. Aussi, tout comme pour Piège de cristal, ça devient vite répétitif.

Mais en plus de ça, bordel que c'est dur ! Le titre nous impose de choisir l'itinéraire le plus court, mais nous ne disposons que d'essais limités. De surcroit, quand on recommence, on recommence exactement où on était avant… avec le même timer. Autant dire qu'on peut vite finir par se retrouver bloquer comme le dernier des débiles… pas de chance, c'est précisément ce qui m'est arrivé. Surtout qu'il faut ajouter, comme pour les autres pans du jeu, que si on perd toutes nos vies, on doit tout recommencer depuis le début. Sans surprise, pour les raisons qui viennent d'être évoquées, With A Vengeance est le seul Die Hard de la trilogie que je n'ai pas réussi à terminer. Bref, je ne peux que vous recommander d'y jouer sur émulateur et de passer par des sauvegardes rapides si vous ne voulez pas mourir toutes les quatre minutes.

Côté développement, il s'agit de la partie qui a été la plus dure à coder. Déjà parce que contrairement à Die Hard et Die Harder, qui se partagent une partie de leur code, celui de With A Vengeance en possède un qui lui est propre, mais aussi à cause de la modélisation de la ville qui a pris énormément de temps aux développeurs.


Bref, vous l'aurez compris, ce Die Hard Trilogy a quand même vachement mal vieilli. Si le concept du « trois-jeux-en-un » est une très bonne idée et fonctionne sur le papier, reste qu'aucun des trois jeux n'est réellement bon pris tout seul et qu'on en fait vite le tour, que le tout devient très vite répétitif. Pire encore, si le côté très arcade du titre (scoring, devoir tout recommencer si on n'a plus de vie…) faisait déjà daté à l'époque de sa sortie en 1996, aujourd'hui, l'intérêt est encore plus nul. Difficile de se donner pour objectif d'éliminer aucun civil tant leur mort est plus fun qu'autre chose. En fin de compte, le titre s'en sort bien mieux au niveau de son ambiance et de sa mise en scène : ça explose de partout tout le temps (surtout les épisodes 2 et 3), c'est sanglant, mais c'est du sanglant-fun (surtout concernant les civils), les punchlines ne font qu'accentuer le côté comique de l'ensemble, et les musiques, composées par Stephen Root, sont, elles aussi, très sympathiques (à noter que le disque de Die Hard Trilogy fait parti de ceux qui peuvent être lus sur un simple lecteur CD… je ne vois pas quel intérêt vous auriez à faire ça aujourd'hui, mais sachez que c'est possible). Autrement dit, les à-côtés nous procurent plus de plaisir que le jeu en lui-même.


Reste que je ne peux que saluer l'audace qu'a eu la très jeune équipe derrière le projet, de ne pas s'être bêtement reposé sur la licence Die Hard, mais d'avoir profité de la liberté que lui a laissé l'éditeur Fox Interactive pour tenter des choses, expérimenter. De surcroit, à une époque où la maîtrise de la 3D n'était pas ce qu'elle est aujourd'hui, où les développeurs ne la connaissaient pas, une époque où ils avançaient à tâtons, empiriquement… durant 18 mois de crunchs, à coup de 6 jours de travail sur 7, 14 heures par jour. Heureusement qu'outre la maîtrise de la 3D, les conditions de travail ont, elles aussi, évoluées depuis.

Curieusement, le fait que l'équipe A de Probe Entertainement bossait au même moment sur Alien Trilogy, de surcroit avec plus de moyen, me donne maintenant envie de gouter à cette autre compilation… reste à voir quand ça se fera.

Créée

le 26 août 2024

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MacCAM

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