Digital, c'est presque Analogue
Désolé du jeu de mot, mais c'est pas moi qui ai commencé : quand tu t'appelle Christine Love et que ton tout premier jeu s'appelle Digital : A Love Story il est évident qu'il y a un double sens...
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le 2 avr. 2020
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Désolé du jeu de mot, mais c'est pas moi qui ai commencé : quand tu t'appelle Christine Love et que ton tout premier jeu s'appelle Digital : A Love Story il est évident qu'il y a un double sens. Toutefois, Digital est vraiment une histoire d'amour (tout comme sa suite spirituelle Analogue : A Hate Story parle de haine.)
Bref, pour un premier jeu, qui plus est, sorti en 2010 par une développeuse qui devait être au lycée ou tout juste étudiante, le résultat est assez intéressant. En utilisant Ren'Py de façon détournée, celle-ci nous simule un vieil Amiga (ou Amie) de 1988 et différents BBS, des serveurs dont la technologie n'est pas sans nous rappeler celle du bon vieux minitel.
On y joue un personnage qui passe son été à se connecter en ligne et à envoyer des messages qu'on ne peut pas lire mais dont on lit la réponse. Et au milieu d'un monde un peu geek, votre personnage va faire la connaissance d'une Emilia et des atomes crochus vont naitre entre eux. (Et pour le coup, non, Emilia is not Away.) Hélas, le BBS sur lequel ils parlent va disparaitre à la suite d'une panne obligeant le joueur à trouver un moyen de reprendre contact avec Emilia et de savoir décrypter le message assez étrange que l'on a reçu.
La partie conseil s'arrête là : Digital est un bon visual novel qui vous prendra 2h de votre temps, qui est assez compréhensible même s'il est tout en anglais et bourré de jargon technologique des années 80. Et dont la bande son est assez impeccable malgré son peu de titre.
J'admire la façon dont Christine Love arrive à impliquer le joueur dans son histoire pour lui donner une impression de contrôle dans ce qui est pourtant une histoire à 99% linéaire. Le fait d'envoyer un message dont le lecteur ne connait pas le contenu mais dont il n'a que la réponse pourrait être un poil frustrant mais d'un autre côté c'est assez malin car cela implique le joueur qui image par lui même le mail qu'il a envoyé et la façon dont il a composé le texte.
Mais surtout le jeu reproduit assez fidelement l'état d'esprit du début de l'internet naissant. D'une part dans ses discussions : c'est TRÈS geek, ça parle de William Gibson, de Star Trek, la peur de se faire dominer économiquement par le japon mais ça utilise du jargon informatique notamment les histoires de virus et de contre-virus qui étaient à la mode à l'époque. D'autre part dans sa façon de jouer. Tout comme dans Analogue, ce qui n'est au final qu'une lecture de messages, est rendu dynamique par sa façon de trouver les textes en question.
Dans Analogue ils se débloquaient les dialogues que l'on allait avoir avec une I.A. ainsi que la gestion d'un terminal à la DOS. Ici, il faut aller de BBS en BBS, lire les messages d'untel ou d'untel et le tout passe par des programmes qu'il faut télécharger et des chiffres qu'il faut entrer manuellement pour appeler tel ou tel serveur. C'est parfois long et fastidieux (surtout à la fin où il faut EN PLUS craquer un serveur d'appel longue distance) mais ça nous donne l'impression qu'on prend par à l'histoire et qu'on est un hacker de l'extrême (le jeu nous flatte même pour ça) en plus d'augmenter l'immersion (avec des modems qui font des bruits de modem et des illustrations en ANS art.) De plus, Christine Love nous aide en nous proposant un bloc note qui retient les informations essentielles (numéros important, mot de passes) sans qu'on ai à le faire nous même, rendant le jeu bien moins pénible.
Le seul hic, c'est que lorsqu'on passe sur ce jeu après avoir joué à Analogue : A Hate Story, celui-ci semble être le brouillon de son futur hit qui le surpasse en longueur, en interface et en efficacité. On y retrouve la même idée de jouer un type qui trifouille un ordinateur afin d'y lire des messages et celui-ci semble se passer dans le même univers. (Le Love-verse, si vous voulez.)
J'ai même été TRÈS CON de me dire qu'Emilia était une vraie personne, puisque j'ai même pas fait gaffe que son nom était le seul qui apparaissait avec un asterisque au début... ce qui est une nomenclature utilisée par les I.A. dans Analogue. Mais pour le coup cela créé un univers cohérent... et on peut se dire que Digital est une sorte de prologue d'Analogue permettant de comprendre comment les I.A. sont nées. Rigolo, l'idée des I.A. Ayant leur propre caractère y est ici aussi très appuyé ainsi que le fait qu'on puisse les compiler et les décompiler.
SPOILER ANALOGUE
Bon, il y a évidemment un contrepied entre les deux, dans le premier on pense parler à une humaine et on se retrouve face à une I.A. Et dans le second on parle à une I.A. et on se retrouve face à une humaine.... morte... et dont la personnalité a été alternée après des années d'errance dans le vide-spatial et la compilation sur les bases d'une autre I.A..... mais bon.
Allez, ça m'a tellement convaincu que j'ai déjà téléchargé le second jeu gratuit de Christine Love, don't take it personnaly, baby it just ain't your story sorti un an après Digital, et dont la critique arrivera sous peu.
Créée
le 2 avr. 2020
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