Un Dungeon Crawler bien long et bien difficile
Le premier Megami Tensei est un jeu sacrément ambitieux : Atlus tente en effet d’emmener le genre du Dungeon Crawler, d’habitude plutôt réservé aux ordinateurs (l’Apple II en tête, avec les fameux Wizardry et Bard’s Tale), sur la Famicom de Nintendo, et choisit en plus d’y introduire un système de recrutement de monstres assez alambiqué.
Megami Tensei est la suite d’un roman japonais mettant en scène un lycéen invoquant des démons avec son PC, et s’il ne s’agit clairement pas de grande littérature, il faut avouer que sa lecture est une mise en bouche agréable avant de se lancer dans le jeu. En plus c’est amusant comme tout de reconnaître les références au livre parsemées ça et là dans le jeu et dans son manuel.
Manuel qui est d’ailleurs d’une épaisseur et d’une complexité assez conséquentes, avec pas mal de concepts à appréhender avant de se lancer. Combats, magie, topologie des lieux, recrutement d’ennemis, statistiques à attribuer, fusion de monstres, influence des phases de la lune (!), autant vous dire que le début du jeu est sacrément compliqué. En plus de cela, comme souvent dans les Dungeon Crawler de l’époque, les premiers combats sont d’une difficulté conséquente, avec des monstres capables d’occire votre personnage niveau 1 à une vitesse folle, et un coût de ressuscitation franchement élevé.
Mais le jeu est également hyper prenant, et même si on tâtonne pas mal on prend beaucoup de plaisir à utiliser stylo et papier pour dessiner la carte des lieux. Le jeu se révèle peu à peu au fur et à mesure de notre lente progression, et c’est très addictif.
Le concept au cœur du jeu est donc cette possibilité qui est offerte au protagoniste (et donc à vous) de pouvoir enrôler certains ennemis grâce à votre ordinateur. Il vous faudra faire preuve de persuasion via un mini-jeu de négociation qui se déclenchera à chaque essai, et si vous convainquez votre ennemi de devenir votre allié il viendra joindre vos rangs. Votre équipe sera ainsi la plupart du temps composée de vos deux héros humains, qui gagnent de l’expérience et montent en niveau, et de démons d’une puissance définie, consommant plus ou moins de mana en échange de leur présence (et de leur puissance, une bonne manière d’équilibrer la difficulté du jeu).
Mais non content de nous faire recruter les ennemis, Megami Tensei nous propose également de les fusionner afin d’obtenir des démons plus puissants. Une idée assez bizarre puisque la disparition de deux entités en fait apparaître une troisième, mais force est de constater que ça fonctionne. Et ça constitue même un des points forts du jeu, puisque le plaisir d’explorer les combinaisons possibles à force de tâtonnement, afin d’avoir des alliés de plus en plus puissants, vient s’ajouter au plaisir de découvrir l’environnement du jeu.
Car, de manière très classique pour un Dungeon Crawler, la progression se fait via la cartographie, sans que l’on ait nécessairement de sous-quête. En gros, on sait dès le début qu’il faut occire le méchant Lucifer et libérer la déesse Izanami, et on découvre ce qu’il faut faire à force d’exploration. Le jeu est assez réussi de ce côté-là, et visiter chaque case du jeu permet de progresser organiquement vers la fin du jeu. Une seule malheureuse exception en ce qui me concerne, puisqu’il m’a fallu recourir à une soluce (une fois) parce que j’avais pris un mauvais embranchement sans m’en rendre compte.
Bon par contre si vous accrochez au concept vous allez clairement cracher du sang car le jeu a un encounter rate super élevé, propose des adversaires de plus en plus retords (dans l’avant-dernière partie du jeu il y a des succubes qui vous font perdre des niveaux !), des doubles puis des triples combats (un combat qui se déclenche automatiquement juste après une victoire), et quelques enigmes pas forcément difficiles mais qui déclenchent un retour en ville en cas de mauvaise réponse (soit 20/25 minutes de pérégrination pour revenir là où vous en étiez).
Oh et le jeu est moche, même pour de la NES. Les palettes du décor sont franchement pas terribles et la fenêtre de jeu plutôt riquiqui. Comparé au Phantasy Star de la Master System c’est la nuit et le jour ! Par contre les designs des monstres, d’inspirations mythologiques diverses, est plutôt sympa.
Mais globalement je dois reconnaître que malgré des côtés assez crispants j’ai pris beaucoup de plaisir à finir ce premier de la série Megami Tensei, que je conseille vraiment de faire à l’ancienne, avec un stylo et du papier à petits carreaux.
14/20
PS : un petit point sur les livres :
- Le premier ne vole pas très haut, avec une histoire bêbête et des protagonistes un peu trop transparents et caricaturaux. En plus c'est pas hyper bien écrit et bourré de cliché. Malgré ça la sauce prend un peu sur la fin, et on accroche un peu plus au dernier tiers. => 12/20
- Le deuxième est clairement mieux écrit et plus intéressant, mais certaines personnages sont atrocement caricaturaux et certaines situations un peu trop tirées par les cheveux. Mais l'histoire possède une certaine envergure qui la rend intéressante et accrocheuse. => 12/20
PPS : J'ai eu quelque crash, mais apparemment c'est dû à la fan-translation (pas de sortie officielle en occident pour ce Megami Tensei).