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Disgaea est une des licences, voire la licence la plus connue de Nippon Ichi Software au point que la mascotte du studio n’est autre que le Prinny, une créature faible du bestiaire de Disgaea. Forte de six épisodes, la licence a toujours conservé un gameplay de RPG tactique combiné à un univers nous amenant dans l’Enfer, peuplé de démons en tous genres. Mais un Enfer loin de l’image de chaudière infernale avec un humour caustique et des personnages haut en couleurs.
Le sixième épisode est sorti exclusivement sur Switch en 2021 et il faudra attendre plus d’un an pour le voir arriver sur les consoles de Sony. Cette édition complète comprend l’ensemble des DLC sortis chez Nintendo ainsi qu’un extrait de la bande originale et un petit livret illustratif.
Cette fois, le héros de cette épopée ne cherche pas à acquérir le titre d’Overlord, être régnant sur l’Enfer. Zed, simple zombie, veut vaincre le Death-Tructor divin, un être omnipotent, capable de détruire des univers. Mais Zed possède un atout, en plus de son obstination sans faille : l’Ultra-Réincarnation. Ce sort lui permet de revenir à la vie tant qu’il n’aura pas réalisé son rêve. Seul bémol : il ne choisit pas dans quel monde il se réincarne.
N’ayant plus touché à un Disgaea depuis le premier (ce qui nous ramène en 2003), je partais donc sans aucune attente particulière, si ce n’est voir si la licence pouvait réussir à me plaire. La formule de base de Disgaea répond toujours présente en restant parfaitement abordable pour un public novice en la matière.
Le récit principal se décompose en quinze chapitres, chacun regroupant cinq combats. Comme dans tout tactical RPG, chaque carte dispose de sa propre topographie ainsi que de pièges. Nommés les geo, ces éléments se présentent sous la forme de cristaux accordant bonus et/ou malus sur des portions de la zone. Les détruire annule ces effets mais cause aussi une explosion en chaîne : attention à ne pas être présent sur une des cases concernées !
Parfois des hauts murs ou des fossés vous empêcheront d’avancer sur la carte. Il vous faudra alors saisir un de vos alliés et l’envoyer de l’autre côté pour vous confronter à vos ennemis. Parfois des cubes seront même présents pour vous permettre d’ériger des escaliers.
Quelle que soit la carte, votre équipe peut comporter jusqu’à dix personnages dont le choix demeure libre puisque vous avez accès à l’ensemble de votre cheptel. Guerrier au corps à corps, sorcière, esprit élémentaire, voleuse, chevalier-fantôme, crustacé : il y en a pour tous les goûts ! Sans compter qui s’y rajoute les protagonistes uniques liés à l’histoire (comme un roi obsédé par l’argent) et les héros des précédents épisodes de la licence, disponibles via les DLC désormais inclus directement dans le jeu. Vous pouvez ainsi mélanger magie, attaque à distance, corps à corps…
Et si vous n’avez aucune envie de déplacer vous-même vos pions, le jeu propose un mode Auto. Si, par défaut, vos combattants se contentent simplement de frapper en continu, il existe des commandes (à débloquer) permettant de nuancer leurs approches et établir une véritable stratégie. Cette fonction se révèle surtout utile si vous souhaitez cumuler de l’expérience, sachant que vous pouvez activer, en plus du mode auto, une boucle afin que le niveau se relance continuellement tant que vous ne désactivez pas l’option.
N’oublions pas l’Ultra-Réincarnation qui ne se contente pas d’être un simple élément du scénario, prompt à vous envoyer dans divers mondes, mais a une répercussion sur le gameplay. En l’utilisant sur Zed et ses coéquipiers, vous pouvez recréer une nouvelle version d’eux avec des bonus au sein de leurs statistiques, une plus grande jauge de karma et ainsi leur permettre d’évoluer plus rapidement. Au sein de Disgaea 6, mort et vie ne forment qu’un éternel recommencement.
Afin de vous aider à créer une troupe digne d’affronter le Death-Tructor divin, vous dispose d’une base au sein du monde inférieur où sont regroupés de multiples boutiques aux services fort pratiques. On peut simplement regretter que, durant le mode Histoire, vous n’aurez pas besoin d’exploiter l’ensemble des services proposés au vu de la difficulté très minime. En soit le gameplay de Disgaea ne se révèle pleinement qu’une fois le récit fini, mais on y reviendra plus tard.
On retrouve quelques éléments classiques comme le panneau de quêtes qui délivre de multiples récompenses (dont la création de nouveaux personnages), une base de données ou encore vos coéquipiers avec qui échanger lors de petites scènes pour montrer l’évolution de vos relations.
Le karma (que vous obtenez en montant de niveau, réalisant des quêtes et combats) sera votre manne financière, bien plus que l’argent proprement dit. Au sein de la buvette, accordez des rafraichissements à vos combattants pour améliorer leur maîtrise d’arme ou leur rang. Le spirite vous apprend des capacités spéciales en échange de parchemins à glaner durant votre périple. Ces derniers peuvent être trouvés, entre autre, au sein des explorations où vous envoyez des troupes de trois combattants.
Bien connu des habitués de la licence, le Monde des Objets se présente sous la forme d’une tour composée de plusieurs étages et comportant des boss uniques. En plus des récompenses habituelles, vous obtenez des objets précieux et de quoi améliorer votre équipement.
L’Assemblée est un rendez-vous à ne pas manquer tant les fonctionnalités qui y sont présentes permettent d’améliorer aussi bien votre équipe qu’accéder à de nouvelles options. Avec un personnage de votre choix, vous déposez une requête et devez obtenir un maximum de voix pour qu’elle soit votée. Or, tout le monde n’est pas forcément d’accord avec vous. Il faudra corrompre les députés avec des objets, les endormir avec du chloroforme ou défendre votre requête en les battant. Mais le jeu en vaudra la chandelle que ce soit pour accéder à de nouveaux lieux ou booster vos gains.
En dehors de son gameplay, que propose Disgaea ? La patte graphique misant sur le côté mignon des personnages fait toujours mouche avec des personnages colorés et aux chara-designs variés comme le fameux roi Pingredor qui semble presque sortir d’un jeu de cartes ou encore Mélodie, une princesse rêvant d’un happy ending, véritable héroïne de conte de fée. Chaque protagoniste possède d’ailleurs des panels de couleurs à modifier à votre guise.
Concernant l’OST, celui-ci propose plusieurs postes propres à chaque monde même si on retiendra surtout celle de la base, puisque c’est le lieu où l’on passe le plus notre temps. Elle se compose d’ailleurs d’une chanson aux intonations pops, sans pour autant être trop lassante sur la durée. Selon votre préférence, vous avez le choix entre doublage japonais et anglais, et pouvez profiter d’une traduction complète en français. Un élément présent au sein de la licence depuis le troisième épisode et fort appréciable pour pouvoir saisir les subtilités du gameplay ainsi que les traits d’humour de l’univers.
L’histoire n’est pas la plus spectaculaire, ni chargée en émotions qu’on ait pu voir ces dernières années. Mais elle est remplie de bons sentiments et, surtout, d’un casting aux caractères bien marqués, voire caricaturaux, ce qui permet quelques scènes amusantes. Entre chaque chapitre, on a ainsi droit à des faux résumés de l’épisode précédent à travers des références de pop culture comme One Piece ou Mazinger Z. Je déplore juste que la seconde partie de l’histoire soit si longue, malgré les révélations apportées.
Si l’intrigue principale demeure simple d’accès et de réalisation, Disgaea 6 ne révèle son véritable potentiel qu’une fois celle-ci soit conclue. La courbe de progression passe du rythme de croisière à celui d’une traversée en pleine tempête. Une courbe de progression se doit d’amener le joueur à acquérir de nouvelles compétences et les maîtriser, pas à pas, avançant ainsi de palier en palier. Pour Disgaea 6, vous êtes jetés contre un mur dès que vous vous essayez à la dimension Carnage.
Toutes les fonctionnalités laissées de côté vont devoir être exploitées pour arriver à finir le premier combat du dimension Carnage et, à force d’acharnement, conclure ce dernier. Sachant qu’il existe encore une autre dimension après, encore plus ardue ! Que le post-game renferme des défis à haute difficulté ne me gêne guère à l’image des boss cachés de Kingdom Hearts. Mais avec Disgaea 6 ne propose pas même un tour en pédiluve avant de vous faire sauter dans le grand bain. Le jeu ne précise d’ailleurs pas que vous pouvez changer la difficulté des chapitres du mode Histoire, information pourtant utile pour améliorer votre équipe.
Disgaea 6 continue à adapter la recette qui a fait le succès de la licence avec de nombreuses fonctionnalités permettant d’établir sa propre troupe de combattants. Entre les multiples races, vous avez largement de quoi concevoir une (voire plusieurs) équipes avec qui vaincre vos ennemis. Si le récit demeure plaisant à accomplir, malgré une seconde partie un brin longuette, le post game n’est pas conçu pour tout le monde. Abandonnant les novices du tactical rpg sur le banc de touche, il fait grimper la difficulté plusieurs crans au-dessus et sans aucune véritable barre de progression. Autant dire que si vous cherchez à obtenir le platine, accrochez-vous et soyez armés de patience.
Disgaea 6 Complete n’est pas un titre qui plaira à tout le monde. Si vous souhaitez un tactical sans prise de tête, contentez-vous du récit et des activités annexes qui se proposent à vous comme le Monde des Objets. Mais laissez les dimensions Carnage et Rakshasa à ceux qui apprécient de passer des heures à monter de niveau leurs personnages.