Dishonored 1.5
Après l'avoir fini 1 fois en fantôme avec Emily, une aventure de 20h+, j'en suis arrivé à la conclusion que la réalisation de ce jeu était exceptionnelle, au moins à la hauteur de ce qu'un fan du 1...
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le 12 déc. 2016
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2
C'est en cette mi-août 2022, quelques jours après un précédent retour au sein d'une franchise qui m'est chère, à travers la version définitive de Dishonored premier du nom, m'ayant agréablement surpris et étonné par son intemporalité artistique, sa profondeur intellectuelle et sa grande flexibilité narrative, me laissant l'impression d'incarner un véritable metteur en scène de sa propre pièce de théâtre, me responsabilisant vis-à-vis de sa direction et me gratifiant de sa conclusion...et produisant en moi une envie insoupçonnée...un fantasme non envisagé...une pensée un peu égoïste...celle de poursuivre mon œuvre, mon tableau, ma sculpture...au sein d'un nouveau décor, d'une nouvelle incarnation, d'un nouveau drame...bref...de retélécharger un jeu que j'avais quitté en 2020, mais toujours disponible sur le Gamepass et sur PC...un certain Dishonored 2...afin de lui apporter les teintes qu'il mérite et dans le respect de l'héritage façonné il y a peu....
C'est donc après une ellipse de 15 ans, retracé ici par un sublime enchaînement de cinématiques dans un style très comics, narrant les enjeux du premier volet et annonçant les prémices de celui-ci, nous plongeant immédiatement dans la peau d'une jeune femme, anciennement fruit de nôtre précédent parcours, visiblement un peu rebelle, mais respectueuse des enseignements de son papa d'amour, lui visiblement un peu usé par l'esprit de celle-ci et lui rappelant doucement ces impératifs, car arrivant dans le cœur de Dunwall, notre tant aimé cité portuaire britannique redevenu saine et vivante, dans la peau d'une future impératrice, accueilli comme il se doit, célèbré avec amour, espèré avec enthousiasme, avançant avec lenteur vers un sublime trône de fer gris et froid, entouré d'élégantes roses rouges, réchauffé par une lumière orangée chatoyante, humanisé par un public cosmopolite, disposé au centre d'une salle de réception aux style baroque, avec ses dorures, ses peintures, ses statues, son horlogerie, ses tapisserie et un immense banquet alléchant...un début hospitalier, réconfortant, nous promettant faste et fortune...mais qui à peine le cul vissé sur celui-ci...se voit troublé, brisé par une arrivée magistrale...d'étranges machines robotiques, un orateur à la voix inquiétantes, un carrousel empreint de noirceur, une femme aux formes séduisantes, nôtre méconnu tata, un désir de vengeance, une lumière mystique, un brouillard aveuglant, des mots vindicatifs, une accusation impartiale, un jugement sans procès, un renversement visiblement orchestré, des regards menaçants, des gestes belliqueux...nous voici une cible, totalement désemparé, fragilisé, effaré...nôtre père tentant vainement de nous défendre...un échec peut-être une perte...nous laissant seul, démuni, anxieux et simple spectateur d'un drame qui nous dépasse...on s'évanouit, groggy, lasse...on ferme les yeux...écran noir...on se réveille quelques minutes à peine...égaré, enfermé dans notre propre demeure, gardé sous haute surveillance...on lit, on écoute, on interagi, on teste...animé par l'envie de fuir, de quitter, de s'échapper de ce désastre humain...une première issue, un couloir, les cadavres de nos anciens fidèles jonchés au sol, égrenant quelques informations, laissant quelques outils...nos nouveaux tortionnaires evocant des pistes, laissant entrevoir des possibilités...une première cible identifié, plusieurs approches, plusieurs solutions, plusieurs finalités...on s'exécute, on agit avec les maigres armes à notre disposition...on récolte les fruits de nôtre travail...un échappatoire lointain, une destination au-delà des mers, un territoire dans un autre hémisphère, une colonie empreint d'exotisme...Karnaca...on fil à toute berzingue, de toits en toits...un bateau à l'horizon...on grimpe à bord, une capitaine à la carnation chocolaté...peut-être une future copine, une simple question nous est directement adressée...pas de questionnement...on quitte volontiers cette tragédie émotionnelle...on se couche, éreinté par ces premières heures...on rêve...une voix mélancolique nous appelle...on la suit naïvement...un jeune homme aux yeux gorgés d'amertume, nous déballant sa vérité, sa vision du monde...nous inventant à un choix définitif...on se laisse happer selon notre sensibilité, une marque indélébile, une capacité surnaturelle, un cœur déchiqueté, semblant encore battre, duquel émane la voix tremblante de notre défunte mère...on se réveille un peu vaseuse, hésitante, on s'empare d'une plume, on écrit se que l'on ressent...on se ballade un peu au sein de se labyrinthique navire, nôtre potentiel demeure...avec sa machinerie, ses cabines, sa réserve, son laboratoire, sa cuisine, son poste de commandement...on y retrouve notre meilleur ami, visiblement bien plus consciente et organisée que nous...ayant déjà ses idées, ses projets...on l'écoute, on se laisse tenter...une cible, de multiples possibilités, de multiples voies...entêté à sauver notre héritage, à récupérer notre bien, à défendre notre identité...on embarque...et là on se tait, on écoute, on admire, on contemple...cette véritable peinture impressionniste, cette fresque romantique, réinterprètation de ces comptoirs commerciaux inhérents à l'empire britannique, entre l'Afrique et les caraïbes, entre le régionalisme et le néo-baroque, entre l'urbain et le végétal...avec ses échoppes de fortune, ses étals de fruits, ses musiciens de rues, ses poissonneries extérieures, ses commerces de contrebande, son port de plaisance, sa population multi-ethnique, ses immeubles arc-en-ciel, sa forêt tropicale, ses immenses éoliennes, son réseau ferroviaire, sa marine royale, ses confréries religieuses, son institut de balnéothérapie, son parc à thème, son conservatoire classique, ses adeptes de vaudou, ses mines poussièreuses, ses jardins botaniques, ses criques gorgées de soleil...bref une magnifique peinture organique, un hypnotisant tableau interactif et évoluant selon notre sensibilité, laissant le joueur, seul décisionnaire des teintes qu'il souhaite lui appliquer et responsable de sa finition...
C'est donc au sein de cet éden tropicale, cette toile exotique, que nôtre jeune femme rebelle, naive et oisive, en pleine formation, poursuivant les pas de son père, à peine destituée d'un trône dont elle a la légitimité, ciblée de toute part, victime d'un malheur qui la dépasse, motivant son envie de se défendre, de se revolter, de s'imposer...se réveille chaque matin, dans sa cabine personnelle, loin de toute luxe mais évoluant au fil des jours...dans ce navire impersonnelle, loin de tout réconfort mais reprenant vie au fil du temps...véritable avant-poste stratégique, base de données mobile, atelier d'artistes motorisée...lui permettant d'accéder librement aux brides d'informations, aux premiers accessoires, aux maigres outils nécessaires afin de réaliser ses envies, de préparer ses actes, d'entrevoir ses futures activités, de se concocter un véritable séjour touristique et pédagogique, afin de déterminer la régente qu'elle sera...entre une journaliste, devant approfondir la moindre piste...une archiviste, devant acquérir le moindre document...une psychologue, devant écouter la moindre parole...une naturaliste, devant étudier le moindre être...une brocanteuse, devant chaparder le moindre objet de valeur...une archéologue, devant déterrer le moindre trésor...une sociologue, devant négocier avec la moindre entité...une géographe, devant explorer le moindre bâtiment...une scientifique, devant jouer avec la moindre substance...une guérisseuse, devant manipuler le moindre corps...une gastronome, devant goûter la moindre spécialité...une philosophe, devant mettre à l'écrit la moindre pensée...bref un véritable couteau suisse sur pattes, une madame à tout faire, un agent multi-fonction, une sculpture multi-facettes...bien aidé par la fraîche acquisition de pouvoir surnaturelles, l'héritage matériel de son père et les différents associés qu'elle croise...mais de part son inexpérience, sa jeunesse, sa situation exige réflexion, expérimentation, et décisions...laissant le joueur seul responsable de son façonnage et libre de sa finition...
C'est donc entre ce tableau dont le joueur est le peintre, et cette sculpture dont il est le créateur que nôtre récit prend forme et vie, que nôtre dramaturgie s'écrit et se modélise, que nôtre métaphore se voit et s'écoute, que nôtre allégorie se joue et se ressent...mettant en avant différentes réflexions autour de la politique, de l'économie, de l'écologie, de la technologie, de la science, de la religion, de la société, du patrimoine, de l'humanité...entre aliénation, esclavagisme, déshumanisation, totalitarisme, extrémisme, révolte, conflit, dévotion, sacrifice, assimilation, spoliation et corruption...entre un passé, un présent et un hypothétique futur...entre le lointain et le quotidien...entre le fantastique et le réel...mais aussi un questionnement sur le ludisme, l'amusement, le divertissement...brisant le fameux 4ème mur...entre tuer ou épargner...entre fuite ou confrontation...entre ouvrir ou fermer les yeux...entre écouter ou faire la sourde oreille...entre implication ou je m'en foutisme...entre acte responsable ou irréfléchi...entre préméditation ou chance...entre entêtement et lâcher prise...entre détermination et abandon...livré par une structure claire mais se comprenant que de manière libre...révélé qu'en surface mais se maîtrisant que par un approfondissement personnel...misant sur l'obscurantisme, volontairement non-manichéenne, sans victoire ni défaite...jouant entre vérité et mensonge...entre discours de façade et non-dit...entre a priori et préjugé...et s'incarnant uniquement par nos choix, actes et décisions...véritable pièce de théâtre digitale, interactive et adaptative...laissant le joueur seul maître de son orchestration et titulaire de sa direction...
C'est donc après avoir libéré ce tableau exotique de ces anciens démons, de l'avoir repeint en y plaçant mes couleurs et ma sensibilité, en espérant que celles-ci se maintiennent...un retour suprenant sur la toile peinte par mon illustre père, autel d'un trône qui m'étais destiné, fruit d'un ultime défi personnel...afin d'y déposer la tendre, amicale et bienveillante sculpture que j'ai façonné durant ma dizaine d'heures de jeu...au sein d'un coloré, vivant et optimiste théâtre organique dont je fus le seul metteur en scène...mais m'ayant demandé patience, abnégation, sérénité, volonté et engagement...au point de devoir un instant t recommencer, recommencer, recommencer sans renoncer...afin de poursuivre une vision, une conception entamé peu avec Corvo et Daud...que je quitte...une deuxième fois ce volet, cette incarnation, ce récit...bien différent de mon précédent...bien plus surprenant que j'imaginais...mais toujours autant intemporel...fier, apaisé et enthousiasmé par tout se qu'il a su provoquer en moi, exiger de moi, reveler sur moi...donc oui papa, ne t'inquiète pas, ta fille file droit dans tes pas..........
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Créée
le 6 sept. 2022
Modifiée
le 16 août 2022
Critique lue 94 fois
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