Une Ville...drame vivant et interactif dont vous êtes le metteur en scène....

C'est en ce début de mois d'août 2022, période de pause en terme d'actualité vidéo-ludique et autel de moultes annonces de futures productions...que j'ai décidé de relancer, d'approfondir, de compléter mon parcours au sein de licences que je considère comme majeures, afin de me confronter à mes souvenirs d'antan, de confirmer mes attentes vis-à-vis de mes prochaines expériences, d'affiner mon identité actuelle de joueur afin d'attaquer sereinement la rentrée...et là...une énième production que j'attendais repoussée à l'année prochaine...un certain "Redfall", émanant d'un studio que j'adore...mes frenchy d'Arkane Studios, produisant chez moi une inattendue frustration...et puis un petit tour sur le Gamepass...un peu de recherche lors d'un repos dominical...une trouvaille engageante nommée..."Dishonored Definitive Edition" sortie initialement en 2015...une possibilité sur PC offerte depuis 2021 que j'avais pas envisagé...une ultime version d'un titre que j'avais quitté sur PS3 en 2012...créant chez moi une folle envie de me replonger au sein d'un univers, une ville, un homme...en gros un jeu qui avait marqué mon imaginaire et mon goût pour ce média...et qui me promettait de revivre une histoire dans une version plus bien confortable et optimisée pour en écrire une nouvelle...

C'est après une rapide installation, une application lancée, un menu d'accueil permettant plusieurs optimisations, un volet appelant à entamer notre "mission", un léger appui sur la touche de nôtre pad...une fondue au noir...des bandes horizontalles...une brume apparaissent...une voix douce et aimante evocant un précédent départ nécessaire, une séparation subie, un retour désiré...qui prendra corps immédiatement, nous plaçant sur une simple barque motorisée, accompagné d'un haut gradé de la garde royale, narrant le contexte qui nous attends, evocant notre statut et nos exploits, appelant à retrouver une chère et tendre, à accomplir notre premier objectif...un barrage hydraulique, quelques personnels, quelques soldats...des premières discussions possibles, des échanges usuelles à écouter...une porte qui s'ouvre, un accueil chaleureux et plein d'enthousiasme, une invitation à un cache-cache...un élégant escalier en pierre blanche, des parterres de roses rouges, des haies symétriques de buis verts, une lumière chaleureuse aux teintes orangées, un sublime château néo-gothique en fond...des personnages haut en couleurs vacants à leurs loisirs favoris...un kiosque végétal, une frêle silhouette de dos, notre main la caressant, un visage empreint d'amour, un discours se voulant optimiste...laissant entrevoir une relecture romantique de la royauté inhérente a l'empire britannique...et puis soudainement...une fumée noire, une lumière aveuglante, une soudaine apparition, un drame que l'on tente vainement de repousser, un échec inévitable, un malheur inattendu, une disparition choquante, une mort troublante, une accusation impartiale, une déchéance non désirée, une chute et un déshonneur subie...un séquence de torture, des enjeux clairement exposés, un ultime épanouissement...un réveil emprisonné dans des bas-fonds crasseux et inhospitalier...seul, presque nu, perdu, désemparé...un garde, un vulgaire repas, une clef, une possible issue, un soutien à retrouver...on s'exécute, traversant tant bien que mal cette lugubre prison, parcourant difficilement d'austéres égouts, s'extirpant à l'arrache de morbides couloirs, nageant à toute berzingue dans des eaux polluées, une dernière porte entrouverte, un homme nous attend...on embarque, on l'écoute, on observe...puis nous voilà débarqué sur une zone un peu à l'écart, aux bâtiments neo-georgiens désœuvrés, aux structures neo-industrielles éteintes, avec son impressionnant phare neo-futuriste et son petit pub plein de vie...haut lieu de la résistance loyaliste et principal abri des quelques survivants...nous appelant à entreprendre différents voyages, missions, perenigrations au sein de cette crépusculaire cité..."Dunwall"...port baleinier autrefois majestueux, vivant et dynamique...avec ses distilleries de whisky et de bourbon, ses hôtels art déco, ses petits commercesde bouches, ces galeries d'arts, ses serres florales, ses édifices religieux, ses bâtiments administratifs, ses ponts basculants, ces demeures bourgeoises, ses quartiers ouvriers, ses lieux de plaisirs, ses usines fumantes, son énigmatique horloge centrale, ses docks commerciaux, ses galeries marchandes, ses abattoirs ensanglantés, ses jardins à l'anglaise et ses fameux pudding, meatloaf et rye bread...où nobles déchus aux costumes victoriens, brigands à la lame aiguisée, lords décadents aux mœurs étranges, femmes de joies légèrement vêtu, représentants masqués de cultes obscures, gardes royales aux costumes rouges, sans abris aux comportements alcoolisées et travailleurs maigrichons tentent tant bien que mal de survivre et de coexister...victime malgré eux d'une crise sanitaire...un peste...dévastatrice, ne laissant peu de place aux répit, dévorant les plus faibles, source de conflits politiques, de désarroi économique et amenant une dérive sécuritaire nécessaire mais pouvant reprendre vie, retrouver un peu son lustre d'antan, se ré-humaniser progressivement, redevenir celle qu'elle prétend être ou au contraire s'enfoncer dans sa chute, se parer de sang, s'obscurcir davantage, car évoluant, s'adaptant et mutant selon nos choix, nos actions, nos décisions...livrant ici autant une vision à la fois romantique, mélancolique et anxiogène de l'Angleterre du 18ème/19ème siècle...à l'aulne de sa révolution industrielle, de la chute de son empire et de son basculement démocratique...élégamment retravaillé par le prisme du Steampunk et merveilleusement mise en scène par cette palette colorimétrique riche, ces lumières envoûtantes, ces textures crayonnés, ce chara-design rondouillet, ces musiques languissantes, ces arrières plans picturaux, ces teintes sépia offrant des graphismes à la limite de l'impressionnisme...usufruit de la démarche artistique intemporelle propre à ce studio...qui de part ces quelques améliorations techniques m'aura offert une sublime relecture et une réinterprètation de celle-ci...

C'est donc dans la peau d'un homme..."Corvo", autrefois apprécié et respecté, un soldat autrefois glorifié et vénèré, d'un amant autrefois chéri et desiré...qui dès son retour pourtant tant espèré, de sa tâche impeccablement réussi...se voit destitué, prit pour cible, accusé à tort, jeté au pilori, totalement déshonoré...le laissant seul, égaré, troublé, silencieux...comme simple spectateur d'un drame qu'il ne maîtrise pas, nu et sans armes...presque le fantôme de lui-même, l'ombre de ce qu'il fut...au fond d'une sordide geôle...comme un cadavre que l'on enfouis sous terre...totalement vide mais de part un objectif simple et clairement établi...de rencontres touchantes désirant s'appuyer sur ses talents...un gourou spirituel hypnotique nourrissant ses rêves destructurés...la voix poétique de sa défunte chère et tendre assourdissant ses pensé...et une cité portuaire au bord de l'implosion ne désirant qu'à se métamorphoser...chacun lui demandant d'accomplir monts et merveilles, moultes missions, différents voyages à travers les différents quartiers de ce théâtre funeste...jouant constamment avec ses émotions, son ressenti, sa détermination et sa sensibilité...alternant mensonge, vérité, sincérité et roublardise...reprend soudainement vie, corps et âme nous immergeant immédiatement dans cette incarnation, nous laissant totalement fusionné avec elle, nous permettant librement de la définir et de se l'approprier, de la modèler à notre guise...bien aidé par les outils inhérent à son statut militaire, l'acquisition de capacités surnaturelles liées à un culte anciens et les améliorations offertes ça et là...mais aussi par les capacités, l'intelligence et l'identité du joueur derrière la manette...parfaitement mise en lumière par ce level-design permissif et ouvert, cette maniabilité accessible et simple, ce gameplay malléable et libertaire, cette affordance visuelle et sonore, ce sound-design immersif et impressionnant, cette I.A adaptative et cohérente...offrant un parcours extrêmement personnalisable, entre pacifisme volontaire et boucherie désirée, entre esquive salutaire et opposition éreintante, entre exploration minutieuse et traversée effrénée, entre observation et écoute, entre acteur et spectateur, entre stress et sérénité, entre patience et entêtement...où chacun trouve son compte, où chacun accomplie ce qui lui semble intéressant, où chacun va à son rythme, où chacun est responsable de ce qu'il entreprend, où chacun se fixe ses limites...usufruit de la démarche ludique inégalée propre à ce studio...qui de part ma maîtrise et ma connaissance de celle-ci m'aura offert une suprenante relecture et réinterprètation...

C'est donc au sein de cette cité crépusculaire protéiforme, dans la peau de cet homme masqué multi-facettes baignant tout deux dans ce récit non-défini, non-linéaire...que nôtre drame narratif se construit, s'écrit, se raconte, se dessine, se faconne...prenant constamment en considération nos actes et nos choix...évoluant selon nos décisions et nos actions...se reposant autant sur son environnement que les protagonistes qui y résident...se laissant allègrement brisé par les capacités et la sensibilité du joueur...misant davantage sur le suggéré que sur le dit...cachant volontairement certains éléments et pans essentiels...nous plongeant immédiatement dans le statut d'un véritable dramaturge en coulisse, désireux de mettre en scène, sa piece de théâtre, devant à chaque actes, decors, dirigé ou non ses acteurs, écouter leurs exigences, observer leurs mouvements, écouter leurs prestations, comprendre leurs languages, anticiper leurs réactions, s'adapter à leurs personnalités et réagir en conséquence avec les quelques outils a sa disposition...nous laissant maître de son orchestration, de son déroulé tout en gardant une ossature cohérente et amenant plusieurs réflexions, métaphores et satires...à travers cette réinterprètation de l'empire britannique...sur le totalitarisme et l'extrémisme politiques, à travers cette foutue peste...sur les crises sanitaires et les dérives sécuritaires, à travers les différents protagonistes...sur la société et les troubles communautaires, à travers l'outsider...sur les cultes obscures et l'endoctrinement religieux, à travers son identité Steampunk...sur la surenchère technologique et scientifique, à travers l'industrie baleinière...sur l'écologie et l'exploitation humaine, à travers Dunwall...sur les disparités et hiérarchie sociale, à travers Emily...sur l'héritage et la transmission, à travers Corvo...sur le pardon et la vengeance, à travers Daud...sur la rédemption et la culpabilité, à travers Delilah...le narcissisme et la schizophrénie, à travers ce masque de l'assassin...les préjugés et les a priori, à travers son gameplay...sur l'acte de tuer et ses conséquences...où bien et mal, vérité et mensonge, vie et mort, espoir et défaitisme, passé et futur s'entrecroisent, s'entremêlent élégamment...provoquant chez le joueur des troubles, des questionnements, des émotions sur son statut, son rôle, son impact sans être manichéen et moralisateur...sans jugement et critique...usufruit de la conception ludo-narrative allégorique propre à ce studio et qui de part sa grande flexibilité m'aura une nouvelle relecture et réinterprètation de celle-ci...

C'est donc après une dernière traversée sur une barque motorisée, accompagné de mon vieux loup de mer aux pensées philosophiques, réchauffé par un dernier rayon de soleil, observant une dernière fois cette cité désœuvrée, dansant un ultime tango avec cette garde royale, me teleportant une ultime fois dans les entrailles d'un phare aux relents rococo, évitant une dernière fois tout massacre et affrontement, réussissant à ne blesser personne, retrouvant ma fille enfin libre de prendre la place qui lui est dû, admirant les résultats de mon parcours fortement pacifique, fier de mon entêtement vis-à-vis de celui-ci, validé par la conclusion mise en scène à travers un générique de fin bien différent de mon précédent conclu il y a presque dix ans auparavant...mon application arrêté, mon pad posé, mon cœur à nouveau touché...que je quitte encore une fois cette ville, cet univers, cet homme...ce tout...troublé par son intemporalité et son intelligence...surpris par sa possible relecture et réinterprètation...touché par se qu'il a su provoquer et évoquer en moi...enthousiasmé par les deux arcs narratifs disponible ici, qui de part leurs qualités auraient mérité une édition personnelle, à l'instar de "Dishonored La Mort De L'Outsider"...subjugué par tout le travail effectué là...confirmant tout mon amour pour ce studio...provoquant malheureusement une folle envie de jouer à leur prochaine production...mais à l'instar de ma vision de cet homme déshonoré...je ferai preuve de patience, de sagesse et de pardon...et c'est par le biais de cette version définitive, une sublime possibilité offerte à chacun de mettre en scène son propre drame vivant et interactif...et de toucher à un chef-d'œuvre...dans sa globalité...toujours actuel, qui se suffit à lui-même et ayant établi les bases du "jeu à la Arkane"......"Dunwall" définitivement ma pièce de théâtre favorite.....mais qui m'en aura comme même fait suer le temps d'un bon gros week-end...

AlMomoSan87

Écrit par

Critique lue 43 fois

D'autres avis sur Dishonored: Definitive Edition

Dishonored: Definitive Edition
FlibustierGrivois
7

La liberté encadrée

Nouvelle session de rattrapage sur Playstation 4 avec un jeu de la génération précédente réédité pour faire rentrer un maximum de fric en vue de financer la fin du développement du second volet...

le 24 févr. 2016

3 j'aime

5

Dishonored: Definitive Edition
DedeMimizuku
8

Il n'est jamais trop tard pour bien faire...

Comment résister à l'achat de ce jeu... Déjà en 2012, la première com avait été très réussie notamment grâce au choix musical du trailer, "Drunken Sailors", puis vinrent les premières images...

le 9 déc. 2015

3 j'aime

Dishonored: Definitive Edition
Provehito
9

The Outsider Walks Among Us

Dishonored. Développé par Arkane Studios et produit par Bethesda est sorti en 2012 en version PS3 / Xbox 360 puis en 2015 en version définitive sur PS4 / Xbox One. On se retrouve donc aux commandes...

le 21 févr. 2016

1 j'aime

1

Du même critique

TOEM
AlMomoSan87
10

Petite créature joue avec le vieil appareil photo de mamie...et nous livre une pause réconfortante..

"Toem"...c'est un petit jeu vidéo...petit par la taille, à peine quelques Gigaoctet...petit par sa durée, environ 5 heures...petit par son héroïne, créature un peu difforme...petit par son prix, 20...

le 4 oct. 2021

8 j'aime

GhostWire: Tokyo
AlMomoSan87
10

Un univers, un récit, un duo, un pouvoir, un jeu étrange...mais moi j'aime bien....

Dernière proposition vidéoludique issue du génial esprit de Shinji Mikami, père de Resident Evil et Vanquish, et de son studio, Tango Gameworks...tout juste disponible en cette fin de mois de mars...

le 2 avr. 2022

6 j'aime

Le Sommet des dieux
AlMomoSan87
10

Gravir la montagne mystérieuse pour défier la nature ou plutôt soi-même...

Adaptation d'une œuvre nippone qui m'était inconnu..."Le Sommet Des Dieux"...porté par une surprenante direction visuelle...mélange réussi entre animation japonaise et européenne sur des décors aux...

le 28 sept. 2021

4 j'aime