Rétrospective DK par Rare, 8/8
Personne n’y aurait cru en 1994, et pourtant Rare a réussi l’impossible : hériter d’une licence Nintendo, la réinventer totalement et en faire une des séries les plus populaires de l’éditeur nippon, loin devant les Metroid, Punch-Out voire même Zelda.
5 ans plus tard, deux suites sont sorties, ainsi que trois pseudo-suites, un spin-off et même une série animée. La N64 attend avec impatience son Donkey Kong Country, celui qui fera vendre des tonnes de consoles (et d’Expansion Pack) et qui fera enfin la tant attendue transition de la série vers la 3D.
Novembre 1999 arrive, et…
C'est le drame.
Bon, reprenons depuis le début. Donkey Kong 64 est un plateformer en 3D, du genre “collectathon”, très en vogue sur N64 après la sortie de Mario 64 et Banjo-Kazooie. Nos personnages sont donc lâchés dans de vastes niveaux comprenant une grande variété d’objectifs à accomplir pour obtenir des bananes dorées. Par exemple, vous pourrez jouer à des mini-jeux proposant un gameplay totalement différent afin de casser la monotonie de l’exploration.
Je vais commencer par ce point : dans chaque niveau (surtout dans les derniers j’ai l’impression), il y a une bonne moitié de bananes dorées qui ne peuvent être obtenues que via ces mini-jeux. Ca peut aller du parcours dans un chariot minier (un grand classique de la licence) à une course de voitures télécommandées (hein ?), en passant par du tir en vue FPS (mais…) ou une roulette de casino (stop !).
Vous me direz "Oui, mais les stages bonus c’est un classique de la série, même que tu t’es farci tous ceux de Country 2 et 3 pour avoir accès au dernier monde, alors qu’ici ils sont techniquement tous optionnels". Alors oui, factuellement c’est juste, sauf que les stages bonus des Country/Land c’était toujours des défis de plate-forme. Là, on a juste une foultitude de mini-jeux où on ne contrôle que rarement notre Kong et qui proposent une variété certes bienvenue, mais étourdissante au bout d’un moment.
Et encore, je ne vous ai listé que les jeux qui marchaient. Il y a carrément des épreuves qui ne fonctionnent pas, je pense à celle où on chasse un crocodile dans le noir, où on doit écraser une mouche (dans les deux cas les hitboxes ne paraissent pas être correctement codées) et à l’inénarrable Beaver Bother qui est basé sur de la RNG pure et simple. Il faut faire tomber des castors dans un trou, mais si ceux-ci ont décidé de ne pas y aller, ils n’iront jamais. Ai-je précisé que tout ceci était chronométré ?
"Mais la plate-forme en elle-même ?", me demanderez-vous. Eh bien c’est nul, tout simplement. La série a beau être connue pour sa difficulté, DK64 ne propose absolument aucun challenge au joueur. Il y a très peu de vide, les ennemis sont affligeants (ce qui inclut les boss) et il n’y a à peu près aucun défi de plate-forme, ce qui signifie que tout est facilement accessible en un saut et que le jeu joue très peu sur la verticalité. Bref : c’est plat.
Dans le cas fort improbable où vous arriveriez à perdre votre énergie, il n’y a même pas de punition, vous reprenez juste au début de la section où vous étiez (et si vous perdez un mini-jeu, vous vous retaperez ses instructions, ce qui est de la perte de temps bête et méchante). Il n’y a plus de vies, aucun collectible qui s’éparpille, rien ! Même Mario Odyssey est plus sévère.
En plus, tout est lent dans ce jeu, c’est d’une tristesse. Les personnages ont plus ou moins la même vitesse, il n’y a aucun moyen de les faire aller plus vite et les niveaux sont gigantesques. Heureusement qu’il y a des points de téléportation ici et là, mais encore faut-il les avoir activés dans un premier temps.
Passons aux personnages justement. Donkey Kong est de retour pour la première fois depuis Land 1 et il ramène Diddy avec lui. A leurs côtés, on retrouve trois nouvelles têtes : Lanky l’orang-outan clown, Chunky le gros balèze et Tiny la fille qui flotte.
Vous ne rêvez pas, deux de ces trois personnages sont littéralement des copier-collers de Kiddy (lui-même étant déjà un Donkey-bis) et Dixie. Comble du foutage de gueule, ce sont les frères/soeurs de ces vétérans. Et là on arrive au point qui m’énerve vraiment avec les DK de Rare, et ce depuis le premier DKC avec cette horreur de Candy, c’est cette propension à créer de nouveaux personnages qui n’ont factuellement aucune raison d’exister et qui en plus sont laids comme des poux. Je pouvais éventuellement pardonner ça dans les premiers jeux et pour un spin-off de course, mais ce serait sympa de ne pas trop se foutre de ma gueule non plus. On notera également le redesign dégueulasse de Funky Kong qui troque son iconique bandana et sa planche de surf pour un treillis militaire et un bazooka.
Et là on parle des Kong, mais les personnages secondaires ont tous l’air de sortir d’un autre jeu tellement ils se marient mal à l’esthétique proposée par la trilogie DKC. Je suis désolé, mais des personnages comme la sirène, le micro (wtf) et en particulier la voiture, ça a l’air de sortir de Banjo-Kazooie, pas de Donkey Kong. C’est d’ailleurs amusant de voir que Rare se vantait d’avoir plusieurs équipes de développeurs bossant sur des projets différents et qui ne se rencontraient jamais, alors qu’il est évident que la DA de ce jeu a été faite par les mêmes personnes que celle de Banjo (et plus tard Conker).
Dieu merci, Rare a perdu la licence après la sortie de DK64. Je vous rappelle qu’ils avaient prévu de créer Redneck Kong dans leur prochain jeu. Sans commentaire.
On en arrive au point que tout le monde critique aujourd’hui : le fait que chaque objet ne puisse être ramassé que par un seul personnage. Donkey ne peut ramasser que les bananes jaunes, Diddy ne peut ramasser que les rouges, etc. Même les bananes d’or sont liées à un Kong spécifique alors que techniquement leur couleur ne varie pas d’un personnage à l’autre.
C’est objectivement de la merde, ça oblige à faire des aller-retours incessants dans des niveaux vides et chiants pour changer de personnage régulièrement, mais honnêtement j’ai même plus envie de critiquer le jeu, il m’attriste plus qu’autre chose.
Je dirais simplement que je m’attendais à pire en ce qui concerne les bananes à ramasser : il faut en ramasser au minimum 75 par personnage à 15 reprises pour pouvoir accéder au boss final, et heureusement ça se fait assez facilement, surtout dans les derniers niveaux qui sont un peu mieux construits et où chaque personnage a accès à toutes ses capacités.
D’ailleurs si vous ne visez pas le 101%, le jeu se finit sans trop de difficultés, vous pouvez vous permettre d’ignorer les bananes trop chiantes. Personnellement, sans jamais revenir dans de précédents niveaux, j’ai fini le jeu avec 107 bananes (sur 201), sachant que 100 sont requises pour accéder à la fin.
Tiens, j’ai dit "la fin", ça me permet de dire que l’affrontement final contre KK Rool est long et poussif. Rien à ajouter.
Il n’y a pas que du négatif dans DK64, j’aime bien le fait que le jeu nous offre des versions jouables et complètes du premier Donkey Kong et de Jetpac (le premier jeu de Rare), mais le fait est que je me suis beaucoup ennuyé en le parcourant. La difficulté est soit inexistante, soit due à de la RNG ou à la caméra débile, les environnements sont génériques au possible, la musique est un pur somnifère (je veux bien que le DK Rap soit devenu culte, mais il y a une raison pour laquelle c’est la seule musique du jeu que l’Histoire ait retenue)...
Bon allez, et malgré tout j’aime bien Lanky, il a une bonne tête de troll. Je suis content qu’il soit revenu des années plus tard dans Barrel Blast.
Il n’était pas prévu que Donkey Kong 64 soit le dernier jeu DK de Rare, leur abandon par Nintendo et leur rachat par Microsoft a pris tout le monde par surprise, y compris au sein du studio. C’est une bien triste manière de faire ses adieux à la licence qui les a faits connaître, et même pour le gorille ça a été une grosse perte puisqu’il n’y aura plus de DK majeur pendant plus de 10 ans (et DK64 reste à ce jour sa seule expérience en 3D).
Cependant, difficile de dire que je regrette ce studio. Ils ont certes fait un de mes jeux préférés (à savoir Donkey Kong Land 2) mais ils ont aussi produit le pire Donkey Kong principal et le pire StarFox (et non, ce n’est pas juste parce que c’est un Zelda-like, SF Adventures est réellement mauvais, rejouez-y). Deux vilaines tâches sur leur CV pour leurs deux dernières collaborations avec Nintendo, mouais.
Le jour où j’aurai une Xbox One, je leur redonnerai tout de même leur chance avec Rare Replay. Parce que Perfect Dark, ça a l’air foutrement sympa.