Les singeries de Rare

Rétrospective DK par Rare : 1/8

1994 fût une grande année pour l'Humanité. Outre la victoire du Brésil au mondial de foot et le fait que votre serviteur soit arrivé en ce monde en cet an de grâce, dans les studios britanniques de Rareware on s'affaire à boucler un projet ambitieux : le reboot de Donkey Kong, une vieille gloire de l'arcade assez discrète depuis 10 ans. Utilisant des techniques graphiques ambitieuses, les mangeurs de pudding donnent au gorille une famille, une némésis et surtout de magnifiques décors en 3D précalculée.
6 ans plus tard, après une Guinness de trop, un employé de la firme décide de porter le jeu sur Game Boy Color, une console bien plus faiblarde que la Super Nintendo. Pour un résultat désastreux ou un classique désormais accessible à tous ?

Autant le dire tout de suite : je n'ai jamais joué à la version originale de DKC. Je la connais évidemment par des vidéos, mais ma connaissance du jeu s'arrête à cette version 8-bits, je n'ai même pas fait le (re)remake GBA.
Cependant, une fois qu'on s'habitue aux graphismes forcément primitifs, on découvre un très beau jeu qui tire tout à fait profit des capacités de la GBC pour afficher des décors très colorés et occasionnellement proposer des gimmicks tournant autour de la couleur (Station Feux Rouges & Verts, Lumières Lunatiques...) qui ne pouvaient évidemment pas fonctionner sur les Donkey Kong Land en noir & blanc.
Et après 5 ans à manipuler l'architecture de la Game Boy, les gars de Rare sont désormais bien habitués à ses capacités, du coup les clignotements et ralentissements sont quasiment inexistants (il n'y a qu'un passage dans le dernier niveau où tout s'est mis à ralentir, pour une quelconque raison).

Cependant il y a un problème que ne rencontraient pas les Land, qui étaient pensés pour leur support : le screen crunch. Forcément, l'écran d'une GBC a une très faible résolution comparé à une SNES, il était inévitable que certains éléments visibles sur 16-bits apparaissent en-dehors de l'écran dans ce portage.
Dans 90% des cas ce n'est pas gênant. Cependant, lors des deux niveaux en wagon on va bien trop vite pour avoir le temps d'anticiper, ces niveaux sur GBC s'apparentent à du die & retry plus qu'autre chose. J'aimerais également citer le cas d'Ascenseurs Antiques, où lesdits ascenseurs semblent être désynchronisés à cause du petit écran de la GBC qui doit décaler leur apparition. Il faut du coup sortir de la zone et y revenir jusqu'à ce que les ascenseurs soient correctement positionnés, c'est très bizarre.

Ces petits aléas font d'un jeu déjà peu aisé un réel défi par moment, qui me paraît plus compliqué que les autres Country et Land dans mes souvenirs (mais ça, la suite du marathon le dira).
Cependant, cette perte de puissance a aussi eu du bon : tous les effets lumineux de la version SNES qui peuvent paraître dérangeants ont été sacrifiés, je pense en particulier au blizzard du niveau Allée Polaire. Bien sûr, certains pesteront que ces changements entraînent une perte d'identité graphique, mais je pense que ce n'est pas pour rien si ce genre d'éléments obstruant la vue sont quasiment absents des futurs Country.

Les grands fans vous le diront : l'identité des DK Country passe par les graphismes, mais aussi par la musique. Sur GBC, on n'a évidemment pas les mêmes capacités que sur SNES, où les mélodies sont plus travaillées et participent à l'ambiance de chaque lieu.
Pourtant, ce n'est pas pour manquer de respect au travail de David Wise (je vous encourage à regarder cette très chouette vidéo au passage), mais je préfère les sonorités 8-bits. Plus rudes et avec une boucle qui se fait très vite, elles donnent vraiment un aspect frénétique aux niveaux traversés.
Par contre, dans le cas de ce DKC GBC, il y a quand même un léger foutage de gueule dans le sens où la bande-son est intégralement reprise du premier DK Land, qui lui-même remixait des thèmes de DKC. Alors ok, il n'y a sans doute pas 36 façons de faire des remixes 8-bits de ces musiques, mais ils auraient quand même pu fournir un peu d'effort. Je crois qu'en-dehors de la musique du menu principal, tout a été copié-collé de Land.

Bref, que dire de plus ? Le portage GBC a apporté quelques mini-jeux proposés par Cranky, Funky et Candy, mais ceux-ci sont optionnels et ne semblent pas compter pour la quête du 101%. Il y a aussi un niveau en plus si j'en crois le Wiki, va savoir pourquoi, mais il est correctement intégré au reste.

Quelle que soit la console sur laquelle on y joue, DKC reste un monument du jeu vidéo. C'est une aventure pleine de défis, assez longue à compléter à 101%, avec des plate-formes posées intelligemment pour constamment mettre le joueur en difficulté. Si je n'accroche pas forcément à la galerie de personnages concoctée par Rare (j'aurai l'occasion d'y revenir je pense), Donkey et Diddy se contrôlent comme un charme... Et mine de rien ce n'était pas toujours gagné dans les jeux de cette époque !
Bref, mettez votre plus belle cravate et foncez jouer à ce jeu si ce n'est pas déjà fait. Sur GBC, SNES, GBA, Wii U, Switch... Il n'y a que l'embarras du choix !