Rétrospective DK par Rare : 4/8 (on a fait la moitié, le plus dur est à venir !)
Ah, Donkey Kong Land 2 ! Lorsque j'ai commencé ce petit marathon, c'était clairement le jeu auquel je voulais le plus (re)jouer, alors que j'en ai fait une partie il y a à peine 2 ans et demi.
La raison ? C'est un jeu de mon enfance, tout simplement. Si je n'ai découvert les Country que sur le tard et si le premier Land m'est relativement indifférent, Land 2 et 3 m'ont occupé plusieurs vacances scolaires avec un cousin. On passait des journées dessus, on s'arrachait les cheveux sur certains passages, on parcourait la carte entière traquant avec espoir les tonneaux bonus et leurs mystères... Plus de 15 ans après, j'en ai encore des souvenirs émus.
Pour la petite histoire, j'ai acheté ma propre cartouche des années après, en 2014, et quelle ne fut pas ma surprise de constater que la pile de sauvegarde était morte. Je ne sais pas ce que l'ancien proprio a foutu pour la mettre HS (en-dehors des Pokémon 2G les piles Game Boy sont censées bien mieux résister au temps), mais c'est ce qui m'a décidé d'investir dans du matos pour changer les piles mortes. Alors, ce n'étaient qu'un tournevis spécial et un jeu de piles neuves, mais pour quelqu'un d'aussi peu manuel que moi c'était parfaitement inédit. Même pour mon adoré Pokémon Or je ne m'étais pas investi de cette manière, c'est dire si j'avais envie de rejouer à cette aventure simiesque !
Parenthèse nostalgique fermée (pour le moment), parlons du jeu en lui-même. Contrairement au premier Land, DKL2 ne propose pas un scénario inédit mais se contente de répéter l'histoire de Country 2 : Donkey a été kongnappé par KK Rool qui l'a emmené sur l'île Croco, Diddy et Dixie doivent le sauver.
A vrai dire ce n'est pas le seul point qui a été réutilisé par Land 2, puisque TOUS les niveaux présents dans le jeu réutilisent des idées dans l'ordre précis où Country 2 les introduisait. Par exemple, le dernier monde commence avec un niveau dans la glace suivi d'un niveau avec des courants d'air ascendant puis un niveau dans un château, etc. Les développeurs ont même poussé le vice jusqu'à réutiliser les noms anglais de la majorité des niveaux (Ramble Blast, Toxic Tower...).
Les seuls niveaux originaux de Land 2 sont des niveaux qui auraient sans doute été trop ambitieux à reproduire sur Game Boy, comme celui où des fantômes géants poursuivent votre petit train ou celui où le sol s'élève. Au final, L2 a exactement le même nombre de niveau de C2 et juste un combat de boss en moins (celui contre Kudgel, ce n'est d'ailleurs sûrement pas un hasard si c'est le boss qui m'a le plus causé de problème lors de ma dernière partie de C2).
Alors, Land 2 n'est-il qu'une pâle imitation de son grand frère ? Oui et non.
Il est évident que faire des niveaux similaires dans le même ordre peut être lassant pour les connaisseurs de l'aventure originale, d'autant que la difficulté est un cran en-dessous (ce qui ne m'empêchait pas de souffrir sur le jeu à l'époque hein !). Cependant, ce sont bel et bien des niveaux similaires, pas identiques : si les gimmicks et les environnements sont réutilisés, le layout du niveau est à chaque fois unique. Ainsi, malgré les apparences on est bien en présence d'une aventure inédite et pas d'un portage comme peut l'être la version GBC de Country 1.
D'ailleurs on parlait des boss précédemment, sachez que ceux de L2 ont des patterns différents de ceux de C2. C'est pas très important, mais ça témoigne d'un certain soin apporté à cette version "What if".
Et j'encourage sincèrement tous les fans de Country 2 à essayer cette adaptation. Alors oui, on perd une spécificité de DKC2, à savoir les attaques en duo. Maintenant, soyons honnêtes : à quoi servaient ces attaques ? Rarement à attaquer, on les utilisait 99% du temps uniquement pour accéder à des lieux un peu trop hauts pour les Kong, ce qui était relativement rébarbatif au bout d'un moment (j'appuie sur A pour que mes personnages fassent la courte échelle, je saute, je lance mon partenaire, j'attends que son animation se termine, et voilà).
Là où je veux en venir, c'est que si Land 2 a fait des concessions sur les capacités des Kong, cela sert le rythme du jeu. S'il y a un canon en hauteur, il y a forcément un moyen d'y parvenir, on n'a pas besoin de regarder des animations interminables juste pour monter dedans.
Même remarque pour les niveaux bonus qui étaient par moment extrêmement cryptiques sur SNES. Qui a trouvé intéressant le moment où il faut suivre un boulet pendant 1 minute juste pour qu'il aille casser un mur situé 500m plus loin ? Est-ce que vous n'avez pas l'impression que les capacités secondaires de Rambi et Engarde qui servent juste à casser un mur random de temps en temps, c'était pas un peu une idée de merde ?
Encore une fois, je trouve Land 2 plus accessible à ce niveau. Les tonneaux bonus sont tous trouvables avec un peu d'exploration et d'observation, pas besoin de se mettre à la place des développeurs (même si on aurait pu se passer des tonneaux invisibles dans certains niveaux aquatiques). Alors oui, fatalement c'est plus simple, mais est-ce que la difficulté de Country 2 n'était pas artificielle dans ces moments-là ?
Notez que je suis conscient qu'il y a une grosse part de subjectivité, ayant grandi avec ce jeu et pas avec son prédécesseur. Et mon prochain point assume totalement cette subjectivité : je veux parler de la musique.
Les mélomanes connaisseurs de grands singes vous le diront : Donkey Kong Country 2 a une des OST les plus marquantes du jeu vidéo. Sachant mélanger ambiances atmosphériques et partitions plus rythmées, elle participe à l'ambiance du jeu autant que les graphismes et même le gameplay.
D'ailleurs, c'est bien simple, si vous me demandez quelle est ma musique préférée de la série DK, je vous répondrai sans hésiter Lockjaw's Saga.
Non non, pas ce Lockjaw's Saga-là, moi je parle de celui-ci. La version 8-bits qui tâche, qui agresse les oreilles, et qui pourtant arrive à retranscrire une ambiance pleine de mystères et d'aventure dans le creux de ta main. Je trouve la version originale longue à démarrer et pas assez excitée lorsqu'il le faudrait. Et oui, je sais parfaitement qu'un remix a été fait pour Tropical Freeze, et il est très bien, j'étais fou de joie en l'entendant la première fois, mais il ne dépasse toujours pas la version Game Boy dans mon coeur.
Au final je trouve quasiment tous les remixes 8-bits supérieurs à leurs versions originales, de Crocodile Cacophony à Bayou Boogie. Je ne crache évidemment pas sur la bande-son de Country 2, elle est très bien (d'ailleurs tous ses morceaux n'ont pas été remixés dans L2, je pense à Forest Interlude qui est passé à la trappe et c'est un putain de scandale) et elle a tout de même une poignée de morceaux supérieurs à leur équivalent 8-bits, Hot-Head Bop en tête. Mais je trouve juste qu'en général la musique est plus cool sur Land 2 que sur Country 2, ce sont bel et bien ces musiques que j'ai en tête quand je pense à l'île Croco, pas à leur version plus "ambiance" de la console de salon.
Enfin bref, arrêtons là les comparaisons. Comme promis, parlons des personnages.
Diddy Kong et Dixie Kong sont donc les héros de ce deuxième opus des aventures kongesques. La seconde peut flotter grâce à sa longue natte tandis que le premier...existe ?
C'était déjà une tendance qu'on observait sur Country 2, mais Land 2 enfonce le clou : Diddy Kong est le personnage le plus inutile de l'Histoire du jeu vidéo. Dixie est meilleure dans littéralement toutes les situations, que ce soit pour franchir un trou, explorer à la recherche de niveaux bonus ou même simplement se laisser tomber (l'écran a le temps de la suivre, contrairement à Diddy qui risque une perte de vie dans ces cas de figure). Diddy c'est un peu comme Raphaël dans Tortues Ninja sur NES : on l'utilise juste pour économiser la vie de Dixie et la garder lors des moments difficiles. Déjà que dans Country/Land je préférais aussi Donkey à Diddy...
Bon, je sais que le ouistiti a une vitesse de course plus élevée que sa copine, mais ça reste quand même humiliant d'être autant mis de côté alors que le jeu porte ton nom quoi (sur SNES tout du moins). Surtout que Donkey et Dixie sont assez rapides de base, la différence n'est pas frappante si on ne cherche pas à speedrunner.
Terminons avec un mot sur les graphismes, qui sont toujours très beaux pour de la Game Boy. Si les arrière-plans sont moins chargés que sur DKL1 (la faute au noir & blanc qui rendait illisible certains passages), on est bel et bien en face d'une petite merveille technique. La caméra dézoomée par rapport au premier jeu permet aussi une meilleure lisibilité de l'action.
Seul bémol : les éléments du jeu clignotent pas mal lorsqu'il y a trop d'ennemis à l'écran (on appelle ça le "sprite flickering" dans la langue de David Wise), par moment ça donne même des sprites auxquels il manque des pixels. C'est assez déroutant, mais pas plus gênant que ça.
Et pour le coup, c'était assez marrant de découvrir dans Country 2 les réelles couleurs de ces décors que j'ai tant de fois parcourus en monochrome. Je n'avais jamais réalisé que le monde 2 avait lieu dans un volcan, pour moi c'était juste un lac !
Il est temps de conclure cette critique que je voulais succincte à la base. Vous l'aurez compris, ce jeu je l'aime d'amour (et quand on aime on ne compte pas les lignes, c'est ce que vous diront tous les accros à la coke).
Il a des défauts et je pense qu'objectivement Country 2 le surpasse, mais 15 ans d'endoctrinement font que je préfère la pureté de son gameplay et la simplicité de son OST. Cela dit, même en essayant de mettre de côté mon biais nostalgique, je trouve que c'est un jeu plus que bon, reprenant à la perfection le gameplay et la formule de ses grands frères et je suis très malheureux de le voir constamment ignoré par la fanbase, tout comme les deux autres Land (qui sont toutefois moins bons, surtout le premier).
C'est non seulement un très bon Donkey Kong, mais aussi un des meilleurs jeux de la Game Boy. J'oserai même le qualifier de meilleur plateformer de la console, et pourtant la concurrence fait rage !