On a tous un maître-oeuvre, un coup de cœur absolu, un intouchable, un jeu qui a tellement marqué notre background vidéo-ludique qu'encore aujourd'hui on y retourne en ayant l'impression qu'il ne nous a jamais quitté.
Avant DQ8, je n'avais jamais joué à un J-RPG. J'avais fait mes armes sur des titres difficiles comme les Baldur's Gate, des jeux très européens dans leur façon d'aborder le jeu de rôle, et à la portée narrative importante et très inclusive, mais qui finalement ne permettaient jamais de pénétrer complètement dans leur monde, principalement à cause de la 3D isométrique, qui si elle permet d'assurer un parfaite clarté dans des jeux aussi tactiques, isole malgré tout le joueur de son univers.
C'est là où DQ m'a séduit. L'univers immense qui nous plonge dans un semi-open world est avant tout très immersif, notamment grâce à un cell-shading d'une qualité à ma connaissance jamais égalé jusqu'alors. Les décors sont chatoyants, immenses et regorgent de coffres, ce qui incite à l'exploration. De plus, le niveau de récompense en fonction de la difficulté pour atteindre le-dit coffre est bien dosé, ne nous donnant jamais l'impression de s'être tapé 3 km d'entrailles de monstres pour rien.
Le scénario est classique. Ô combien classique. Mais tellement efficace. Ce jeu prouve que si le level-design est bon, si la progression et la gestion des récompenses scénaristiques est bien dosée, on se laisse accrocher, peu importe la complexité de l'histoire, les retournements de situation ou la prédictibilité du scénario. Je tiens malgré tout à souligner que le jeu ne nous prend pas pour des enfants. Il y a des morts, parfois explicitement montrés, les boss font peur, et la musique souligne toujours avec justesse ces événements tragiques.
Tiens, parlons de la musique (haut-fait Transition). Kōichi Sugiyama signe ici une BO marquante, jouant agréablement sur les ambiances, mais possédant toujours ce souffle épique, ce petit supplément d'âme qui sublime ton combat acharné.
Car oui, les combats sont acharnés, le jeu est exigent, va parfois demander du levelling pour passer ses passages les plus ardus, voir du farming. Enfin, ça c'est si vous souhaitez faire le jeu en tunnel-vision, sans tenter d'explorer le monde. Car si vous cherchez à récupérer des coffres, à vaincre les monstres célèbres et que vous ne fuyez pas à chaque combat aléatoire, ces phases répétitives ne seront pas nécessaires. Et il est primordial d'explorer ce jeu, d'arpenter les plaines d'Argonia à dos de Smilodon, ou les plateaux reculés de Trois-Angle. Manquer cet aspect du jeu, c'est manquer tout ce qui fait son sel, en plus de vous handicaper, puisque l'alchimie (qui est primordiale dans ce jeu) va nécessiter des objets parfois très bien cachés.
Je ne vais pas m'étendre plus, cette critique n'en est pas vraiment une, c'est une déclaration d'amour à un jeu qui aura fait découvrir aux petits Européens une saga culte, et je ne saurais que trop vous inciter à vous jeter sur le remake sorti récemment sur 3DS, vous en avez au moins pour 60h de bonheur.
Moi je vous laisse, j'ai les seigneurs Dragoviens à exterminer...