Un jeu au poêle
Ah, Eastward ! Comme nous t’attendions ! Rejeton de Pixpil, petit studio chinois dont Eastward est le premier jeu et édité par Chucklefish ( souvenez vous, Starbound ! Risk of...
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le 18 sept. 2021
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Ah, Eastward ! Comme nous t’attendions !
Rejeton de Pixpil, petit studio chinois dont Eastward est le premier jeu et édité par Chucklefish ( souvenez vous, Starbound ! Risk of rain ! Stardew valley ! ), Eastward est un jeu d’action aventure en 2d disponible sur Switch et sur PC. Aprés six années de développement, le jeu se révèle être un savant mélange entre plusieurs recettes qui ont fait leurs preuves au fil des années. Ainsi, Zelda, Undertale, Earthbound et Dragonquest furent passés au mixer avant d’être saupoudré d’une pincée de Ghibli pour relever le tout. Mais est-ce réussi ?
John et Sam prennent le train en marche
Nous incarnons John, un mineur muet et Sam, sa fille adoptive, vivants au sein d’un complexe sous-terrain suite à l’effondrement de la société. Victime d’un miasme toxique dont l’origine nous est inconnue, la surface n’est plus habitable. Ou bien est-ce seulement une histoire que l’on s’échange entre mineurs pour nous empêcher d’y retourner ? Déterminée à découvrir le ciel et la verdure des prairies à perte de vue, Sam décide de prendre son destin à bras le corps et entraîne le duo dans une série d’aventure qui les emmènera loin, bien loin des mines déprimantes et de l’obscurité des cavernes, jusqu’à la surface et jusqu’à l’origine du miasme meurtrier. Il se pourrait également qu’en trouvant la surface, ils trouvent également des réponses aux questions qu’ils ignoraient se poser sur eux-mêmes.
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Comme tout bon action aventure inspiré de Zelda, ce jeu verra tout l’intérêt de son gameplay dans l’usage de ses objets et de ses compétences. Ici, il n’est pas question d’expérience et de niveaux, bien que les armes puissent être améliorées par des achats en magasin. Armé de sa fidèle poêle en bon cuisinier qu’il est, John se fraye un chemin parmi les monstres, aidé par Sam et ses pouvoirs psychiques. Peu d’objets pimentent le gameplay, ce qui est dommage mais ne nuit pas à l’expérience de jeu. Deux ou trois armes à distances, des bombes, et votre arme au corps à corps : il ne vous en faudra pas plus pour venir à bout des boss et des différents puzzles qui parsèmeront votre chemin. Il faudra timer vos coups et comprendre le mouvement des ennemis pour conserver un maximum de vos cœurs à l’issu de chaque confrontation.
Mais si l’action est le cœur du jeu, il n’en est pas le seul obstacle. Des énigmes viendront varier le rythme du jeu de façon régulière. Ici, il faudra prendre en compte le fait que vous soyez deux personnages : certains puzzles forcent à séparer le groupe, et d’autres font usage des compétences inhérentes à chaque personnage de façon intelligente. Car ici le level design est toujours ciselé avec soin. Jamais on ne se perd, jamais on oublie son objectif, tout est toujours clair sans jamais être frustrant par sa linéarité.
Pourtant, quelques défauts ponctuent l’aventure. Tout d’abord, il semblerait qu’Eastward soit avare en objets de soin. La deuxième moitié du jeu s’avère plus difficile que la première et l’on enchaîne facilement les game-over, et la faible capacité du sac, malgré les achats et les améliorations, empêchent de se soigner correctement. Certains objets de soin peuvent être cuisinés par John, mais les points qui permettent de fabriquer ces plats sont rares et trop espacés. Est-ce moi qui ait une enclume à la place des doigts ? Bien heureusement, les checkpoints seront nombreux. L’autre souci concerne le nombre des personnages principaux. Tout bêtement, le fait que nous soyons deux pose soucis. Pourquoi ? Par la taille de la hitbox. Bien souvent, vous essayerez d’esquiver un coup avec John et ce sera donc Sam, suivant bêtement, qui se prendra la balle perdue. Votre vie étant en commun, voilà qui est bien dommage.
Une séquence d’infiltration vers la fin du jeu est également frustrante. Heureusement, elle ne dure que peu de temps, ce qui évitera l’anévrisme chez les gens comme moi qui haïssent ces passages avec toute la force de leur âme.
Il est aussi bon de noter que j'ai subi quelques crash sur ma version Switch. Il faudra peut être attendre quelques patchs correctifs dans les prochaines semaines.
Mais ces défauts ne suffisent pas à éclipser les qualités d’Eastward qui se reflètent dans chaque élément de son gameplay et de son histoire.
Non essentiel à la progression dans le jeu principal, il est bon de noter qu’un autre jeu peut être joué au sein d’Eastward. Nommé Earthborn, il s’agit d’une inspiration du premier Dragon Quest, sous la forme d’un roguelike qui ne conservera que vos compagnons recrutés après chaque défaite. C’est un petit jeu sympathique à lancer, mais ce n’est clairement pas ce qui fait le sel d’Eastward.
Un pixel-art aux petits oignons
Si son gameplay agréable et nerveux est un point fort, le second est sans conteste son graphisme. Le pixelart est sublime. Je n’ai pas souvenir d’animations aussi belles en pixel art depuis les métal slug sur Neo Geo. Des chutes d’eau, des champignons géants, des robots tueurs, des temples japonais batis sur des ordures… La variété des décors et des designs sont impressionnants. Les effets de particule, de brume, les effets de lumière aux différentes heures de la journée subliment les décors que vous parcourez avec plaisir, et c’est d’autant plus impressionnant que le moteur graphique semble être un moteur créé par le studio et non une machine de guerre comme Unity ou Unreal Engine.
Je pense notamment au bureau de Lee dans le chapitre 3, avec la légère lumière qui perce la brume imprégnant son bureau… C’est bête, mais ça fonctionne extrêmement bien sur moi.
Pourtant, malgré la beauté des décors, ils se révèlent extrêmement nombreux. J’ai du mal à croire que le studio soit si petit.
On ressent également bien les coups, ce qui permet au gameplay de garder de sa nervosité et de sa fluidité tout au long du jeu, et ce malgré l’arme choisie. Mention spéciale pour le chara-design original de ses personnages, qui me fait fortement penser à du Undertale, sans que je ne sache trop pourquoi.
Au fil des rails
Le jeu est découpé en arc, et avec chaque arcs narratifs viennent leur lot de nouveaux personnages. Haut en couleur, ils ne restent malheureusement pour la plupart pas assez à l’écran pour former des liens forts avec le joueur. L’avantage cependant, c’est cette véritable impression que le monde est en vie et continuera à tourner même en notre absence. A partir du chapitre 4, cependant, les personnages gagneront en profondeur et c’est là qu’Eastward commencera à prendre la pleine mesure de son potentiel.
Dense en dialogues, le jeu ne propose aucun réel choix dans les dialogues. Malgré cela, on se laisse facilement porter. L’humour et l’exposition se mélangent bien, on ne s’ennuie jamais au point d’appuyer comme un fou sur A pour passer les dialogues. Bien espacés par des scènes de gameplay, ces dialogues arrivent comme des respirations pour porter une narration légère et maîtrisée. Quelques passages s’avèrent un chouia trop étirés malgré tout, comme la scène du plat cuisiné dans le chapitre 3. L’histoire aurait gagné à être compacté à certains endroits et étirés à d’autres.
L’évolution de l’intrigue se fait doucement, laissant au joueur le temps d’absorber ses différents éléments et de monter ses propres théories, sans jamais le prendre par la main. Si John est muet comme tant d’autres personnages de jeux vidéo, Sam se révèle rapidement être la véritable protagoniste. Se comportant comme une véritable enfant et n’étant pas infantilisée, Sam est agréable à jouer tout comme elle est agréable à lire, et c’est un véritable plaisir de jouer un enfant qui ne soit pas insupportable.
La traduction française est quant à elle impeccable. Les jeux de mots et l’humour est respecté, bien qu’il soit bon de noter que les personnages ne sont pas doublés, ce qui n’est pas forcément un mal. Rien à dire sur la musique, si ce n’est que le mélange entre le chiptune et la musique orchestrale est agréable sans qu’elle ne m’ait marqué plus que cela.
Il vous faudra une trentaine d’heures pour terminer ce jeu et voir sa conclusion, ce qui pour son prix est acceptable.
Tout voyage a sa propre conclusion
Eastward se révèle une excellente surprise. Beaucoup de joueurs étaient effrayés à l’idée d’être déçu, suite à un trailer des plus explosifs pendant l’E3 2020., il semblerait que les avis soient unanimes. Ayant dévoré le jeu dans son intégralité comme l’idiot déraisonnable que je suis, je n’ai pas vu le temps passer. C’est une petite perle que nous ont pondus les passionnés de chez Pixpil, et je serais de ceux qui surveilleront avec attention leurs prochaines sorties.
J'ai vraiment adoré et je ne peux pas assez vous le conseiller. Vous aimez Zelda ? Vous aimez Undertale ? Foncez.
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le 18 sept. 2021
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