En testant ce jeu j'ai tout de suite été séduit par les graphismes: il y a un vrai parti pris. Les couleurs très typées 80's, les néons dans tous les sens, les costumes des personnages, des objets qui sont ou qui ont des textures en pixel art, le tout est très cohérent et sert véritablement le propos. On est dans un monde fait de bits et ça se voit. Car oui, dans cet univers, les bits ont remplacé le biologique. Le jeu est très facile à manipuler, on s'y déplace facilement, le seul hic étant sa caméra un peu difficile à placer. On se retrouve souvent avec des angles où on ne voit rien ou pas très confortable pour effectuer certaines actions.


Le jeu commence chez Sebastian, le héro du titre, qui vit encore chez ses parents et qui fête son anniversaire. Il reçoit un appel d'une société de Soda (Wellspring) pour laquelle il avait postulé. On lui propose un job sur une île, Sebastian accepte. Une fois qu'on débarque sur Dorisbourg après avoir pris un ferry, on est directement lâché dans la ville. Pas de marqueur sur une map ici ou une petite flèche qui nous indique où aller. Il faut demander sa route à des passants. D'ailleurs tout le jeu sera comme ça, on a bien accès à une carte rudimentaire, mais pour s'y retrouver le plus effiace sera souvent de demander sa route. L'idée est intéressante, on découvre la ville en même temps que son personnage, au fil du temps il faudra trouver ses marques. En cherchant l'employeur qui est sensé nous embaucher, on finit par rencontrer une DJ qui nous invite à venir écouter le soir même son set pour rencontrer du monde en ville. C'est là qu'on rencontre Pixie, le crush de Sebastian. C'est là aussi que le jeu commence à me poser problème.


Sebastian tombe instantanément amoureux de Pixie, d'accord, pourquoi pas? Pixie l'invite à venir écouter un groupe de musique dans un coin un peu underground de la ville, juste avant de lui préciser qu'elle comptait y aller avec son copain. Sebastian est déception. Le concert du lendemain est sympa, ça continue de poser une ambiance autour du jeu, la ville parait assez vivante. Selon les choix, la nuit peut se terminer de plusieurs façon. Mais c'est là que le malaise s'installe au niveau du récit: le seul moyen de faire avancer l'histoire par la suite, c'est de suivre Pixie. Pas la suivre comme "hey, suis moi, je t'emmène vers la suite du jeu", mais plutôt de la suivre après qu'elle ait explicitement dit qu'elle ne veut pas être suivie à son boulot.


C'est là qu'on se rend compte que les intéractions sont limitées. Peu importe ce qu'on fera, la suite sera la même, on devra stalker Pixie pour savoir où elle travaille et trouver un stratagème pour la suivre. Le jeu se vante, comme beaucoup d'autres jeux en fait, de proposer une histoire évolutive qui réagit à ce qu'on fait ingame. Hé bien c'est totalement faux. Peu importe ce qu'on pourra faire, l'histoire devra toujours suivre son cours. Peu importe ce que l'on peut découvrir en dehors de la trame principale, il n'y aura jamais de nouvelle option de dialogue ou quoi que ce soit d'autre. Il ne reste qu'à suivre l'histoire de manière passive. Histoire qui se termine de manière très abrupte une fois qu'on résout une des énigmes de fin. Il est d'ailleurs intéressant de noter qu'il est tout à fait possible de finir le jeu sans avoir à suivre l'histoire en trouvant un kit de hack dès le début. On est quand même amené à la même fin un peu absurde du jeu. Absurde parce qu'en réalité il n'y a pas d'enjeux dans cette histoire. On se bat contre les méchants du gouvernement qui manipulent les gens. On ne sait pas très bien dans quelle mesure ils font du mal aux gens d'ailleurs, on sait juste qu'ils sont méchants.


Les développeurs ont insisté sur le fait qu'il s'agissait d'un titre qui parlait de l'âge adulte, de l'amitié et de l'amour. J'étais donc venu pour avoir un flot continu de feels en jouant. Bon, pas de feels, mais qu'en est il de la feature du jeu: le fait de tout hacker.


Hé bien au début c'est super excitant, il y a un côté véritablement grisant: il est possible de tout hacker ou presque et les résultats sont immédiatement visibles. On trouve même dans le jeu, en fouillant un peu, une sorte de téléporteur. Même ce téléporteur il est possible de le hacker pour aller encore plus vite d'une zone à l'autre de Dorisbourg. En fait le principal problème de cette phase de jeu est le même que celui de l'histoire: il n'y a pas véritablement de fond, d'enjeux et au final il y a rapidement un sentiment de solitude à hacker tout ce qu'on trouve. Personne n'essaie jamais de nous arrêter, peu importe ce qu'on peut faire. Donc l'interêt du jeu tient jusqu'au moment où on a tout exploré et malheureusement, c'est assez rapide.


En conclusion else heart.break() est un jeu qui a tout pour être un grand jeu, mais malheureusement il n'a pas été assez poussé. Le jeu et ses différentes phases tiennent souvent de l'anecdote. On a pas l'impression de contribuer à quelque chose d'important, on suit l'histoire jusqu'à se demander si c'était une fin anticipée, mais non, le jeu est bien aussi court que ça. En ce qui concerne le hack, la mécanique est parfaitement maîtrisée, mais un peu de challenge n'aurait pas été de trop, comme des PNJ qui essaieraient de nous traquer pour savoir d'où viennent toutes ces modifications.
Else heart.break() était une de mes plus grosses attentes de ces dernières années, malheureusement j'ai eu l'impression de jouer à l'ébauche d'un jeu plus grand. J'espère que des moddeurs donneront une autre vie à ce jeu!

polarsone
4
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le 2 mars 2016

Critique lue 848 fois

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