C'est encore durant cette fin de mois de juillet 2022, théâtre malheureux de nombreux feux de forêts, de canicule étouffante, de disparition d'espèces animales...questionnant sur notre rapport envers la nature...période estivale propice aux retrouvailles en famille...renforçant nos liens affectifs...saison ensoleillée propice aux perenigrations extérieures...revigorant nos corps et âmes...que j'ai décidé de lancer..."Endling-Extinction Is Forever", sortie il y a peu, développé par Herobeat Studios, un Indé venant d'Espagne, plus précisément de Barcelone, disponible sur G.O.G et sur PC...qui m'avait fait de l'œil, lors de sa présentation lors d'un festival dédié à ce media...que j'attendais avec beaucoup d'impatience...et qui me promettait une escapade, une errance, une marche lente, difficile, mélancolique dans la peau d'une jeune renarde au sein d'un monde au bord de l'extinction....
C'est donc à peine le jeu installé, l'application lancé, les logos ayant participé au financement dévoilé...une image trouble, empreinte de rouge, couverte d'un étrange liquide, volontairement floue, un son étouffé, laissant entrevoir l'ombre de petits êtres rattachés par un même cordon, semblant prendre vie, bougeant à peine...puis une invitation à appuyer sur une touche de nôtre pad...on s'exécute...un plan à l'horizontale, une forêt d'épicéas en feu, des structures s'effondrent, des animaux fuyant, des craquements se font entendre, un voie se libére, une seule et unique issue semble possible, l'urgence de l'instant nous pousse à la suivre, pas le temps de réfléchir, on trace tête baissée, on esquive tant que l'on peut, on espère s'échapper...une rencontre fortuite, une opposition non désirée, un échec, une chute...on se relève, blessé, égaré, oppressé...puis un trou, une tanière, un abri de fortune...on se pose, lasse, usé, éreinté par ce qu'il vient de se produire...on pionce, un repos salvateur...un écran noir...un titre apparaît...un écran baigné de soleil, une couleur chaude, une vie autour de nous...on se réveille...un réconfort, une tendresse se fait ressentir...revigoré, plein d'entrain, d'enthousiasme...on sort, accompagné, suivie tel un leader, un objectif clair apparaît soudainement, un monde se dévoile...quelques maigres découvertes, quelques éléments chapardé ça et là, le temps défile...on rentre en lieu sur, dans notre cocon, serein, apaisé, curieux de la suite...et un drame, une nuit mouvementée...un choc, une marque, un but...nous laissant subjugué, bouche bée et nous immergeant immédiatement dans une relecture dystopique de ces forêts nord-américaines, plus précisément de l'ouest américain, visiblement "Yosemite" ou "Muir Woods" dans un futur pas si lointain... à la fois apocalyptique et onirique...avec ses immenses arbres centenaires et emblématiques, sa faune et flore endémique, ses cycles naturels et météorologiques, ses habitations et ateliers de bûcherons, ses barrages et centrales électriques, ses totems et autels amérindiens, ses ruisseaux et cours d'eaux, ses pics et monts rocheux, ses chemins et sentiers de randonnées, et malheureusement ses décharges et monticules de dechets, ses usines et entrepots industriels, ses champs et exploitations surdimensionnés, ses vestiges et épaves émanant de l'extérieur, ses bidonvilles et caravan park désœuvrés, ses grattes ciels et cités tentaculaires en fond...une atmosphère à la fois champêtre, oxygénante et vivifiante mais aussi mélancolique, crépusculaire et effroyable...troublant volontairement nos émotions...parfaitement mise en scène par ce cel-shading magnifique, cette palette colorimétrique riche, ces textures cartoonesques, ces arrières plans picturaux, ces musiques oscillant entre Folk et Électro, ces plans de caméras dynamiques, ces jeux de lumières envoûtants, ces sonorités environnementales immersives...donnant à cette errance artistique, une ambiguïté, une bi-polarité forte de sens...
C'est au sein de cette Amérique forestière dystopique, enchanteresse et lugubre, dans la peau d'une jeune renarde, une jeune mère, une jeune nourricière, une protectrice, une jeune éducatrice...seule, abandonné, démuni, prise pour cible, chassée malgré elle, fruit de discorde, objet de convoitises...devant constamment analyser, pister, sentir, écouter, apprendre, comprendre, maîtriser, explorer son environnement afin de satisfaire un besoin essentiel, une quête nécessaire, un objectif compréhensible...fruit d'un drame survenue lors d'une nuit effroyable, la traumatisant...tout comme le joueur...mais par son statut, son rôle, son identité doit aussi constamment faire attention, prendre son temps, faire des choix, tenter des choses, oser prendre des risques, assumer des décisions, être responsable, conscient de ces décisions...fruit d'un environnement qui l'épargne peu, la défi constamment, lui barre volontairement la route, la piège dès qu'il en à l'occasion...l'usant tout comme le joueur...rendant chaque sortie, errance, escapade...anxiogène, oppressante...où chacun de nos choix, actions, agissements à de lourdes conséquences, des finalités définitives, des résultats qu'il faut assumer, des fardeaux qu'il faut porter...nous immergeant immédiatement dans une expérience de survie, un allégorie ludique pénible...mais qui par certain instant, de brefs tranches de vies, de simples interactions, d'échanges éphémères, de quelques légères mécaniques et de gains de compétences...se voit bien plus chaleureuse, amusante, reposante, plaisante...troublant volontairement nos sensations...parfaitement mise en lumière par sa maniabilité accessible et simple, son level-design ouvert et permissif, son affordance visuelle et sonore, son gameplay évolutif et progressif, son rythme entre tension et contemplation, se défilement horizontal et vertical, sa caméra adaptative et libre, son système de routines et de cycles...entre un Metroidvania et un Rogue-like...avec leur lot d'aller-retour, de "run", d'exploration, de fouille fructueuse et infructueuse...où le monde ouvert est autant un allié qu'un enemis...où l'autre est autant un partenaire qu'un adversaire...où nos chers protégés sont autant une force qu'une faiblesse...où nos sens sont autant un outil que un piège...où le temps joue avec et contre nous...où la victoire peut être une défaite...donnant à cette perenigration ludique une ambiguïté, une bi-polarité forte de sens...
C'est donc dans me rôle d'une mère, devant constamment réfléchir pour sa progénitures, tout autant poursuivre sa quête personnelle...au sein d'un monde crépusculaire, naturel et industriel, hostile et bienveillant, sinistre et réconfortant...que nôtre récit s'écrit, se raconte, se dévoile, s'exprime, se dessine...comme un livre à coeur ouvert, un film à monter, une musique à orchestrer, une toile à peindre, une pièce à monter, une sculpture à façonner...à la fois linéaire et libertaire...guidé et ouvert...dit et suggéré...prédéfinis et malléable...s'adaptant suprenamment à certains de nos choix...de nos sorties..de nos réussites...de nos échecs...de nos gains...de nos pertes...toujours de manière définitive...laissant volontairement la possibilité de rater...d'omettre...certains pans de son histoire...se reposant autant sur son environnement...que sur son gameplay...se focalisant autant sur son protagoniste principal...que ses personnages secondaires...sans mots...sans parole...sans texte...nous laissant pleinement responsable de son développement...nous laissant pleinement impliqué dans sa construction...nous laissant pleinement libre dans notre interprétation...allégorie sur nôtre rapport à un personnage que l'on incarne pas, nôtre defiance vis-à-vis d'autrui, nôtre goût pour le risque, nôtre crainte vis-à-vis de l'inconnu, nôtre de quête de sécurité, quelque chose de très personnel...mais nous immergeant volontairement et un peu de force dans une métaphore lourde et impactante, bien plus universelle...sur l'homme et la nature...leur troublante relation et le fragile lien qui les uni...entre économie, écologie, science, politique et spiritualité...sublimé par une cohérence ludo-narrative impressionnante, entre drame et réjouissance, entre désespoir et espérance, entre fatalisme et optimisme...troublant volontairement nos réflexions et donnant à marche méditative une ambiguïté, une bi-polarité forte de sens...
C'est donc après une dernière piste ayant abouti autant à une réjouissance qu'à un nouveau drame, après un dernier tableau désertique ayant abouti à une fin et une continuité, après un dernier écran titre ayant abouti sur un menu d'accueil bien différent mais toujours ambiguë...que je quitte ce jeu et écrits cette lettre d'amour...le cœur serré par mon parcours jonché d'embûches et de pertes, les yeux humides par les conséquences de mes différentes sorties, les mains tremblantes par les actions et choix que j'ai du faire...assuré d'avoir fait mon maximum...convaincu d'avoir su faire les gestes qu'ils étaient nécessaires...attristé par les échecs que j'ai du assumer...troublé par cette ambiguïté ludo-narrative...mais aimant de cette délicate proposition et de ce qu'elle souhaite transmettre...décidé à la défendre et à la préserver...heureux de cet éphémère instant dans ma vie...curieux de revoir ces développeurs avec un autre univers...désireux qu'ils poursuivent sur cette lancée...et estimant que "Endling-Extinction" est autant une nécessité pour tous, une réussite pour l'éternité, une claque pour moi...ce genre de perle que tu lance un après-midi et qui t'emporte jusqu'au bout de la nuit...que tu ne désire pas d'arrêter...mais que tu es soulagé de conclure...encore cette ambiguïté...mais ce n'est pas une extinction mais bien la naissance d'une pépite, d'une claque émotionnelle pour cette année 2022 un peu pourri et monotone.......