Back then, it was real F.E.A.R.
2006 : j'ai quinze ans, mon frère douze, et je me retrouve à acheter F.E.A.R. un peu sous le manteau, avec l'impression d'être un rebelle de la street. Comprenez moi bien : à l'époque, je jouais principalement sur consoles Nintendo - mon credo, ce n'était pas exactement le gros FPS qui tâche.
Seulement, tel un bon ado un peu geek de l'époque, il m'arrivait de lire de la presse JV de plus en plus hors de prix pour baver sur la révolution technologique en cours (ah, ces comptes-rendus de l'E3 qui faisaient rêver) et lire des articles un peu funky, un peu "dans le secret, TMTC. Je me souviens encore de ce test dithyrambique de PC Jeux sur F.E.A.R, peuplé de screenshots gores et conclu par une excellente note. Le jeu avait l'air beau ("tu le vois, mon beau bullet time ?") avait l'air prenant, malin ("les ennemis ils sont malins tu vois, ils peuvent te contourner et tout"), moderne ("les soldats eh ben quand ils meurent tu vois, ils gardent le doigt sur la gachette, ça fait des salves"), en un mot je ressentais un vif besoin d'y jouer - dont acte.
Enorme claque dans la gueule : non seulement c'était beau (dans son genre, OUI c'était beau, je t'emmerde, j'aime le bullet time et les jolies gerbes d'étincelles), mais en plus l'ambiance sonore était ouf, la narration était bien foutue (c'était avant qu'ils commencent à faire n'importe quoi avec le scénario, en voulant en éclairer les zones d'ombre - quelque part, il aurait mieux valu qu'il reste mystérieux), le feedback des armes était génial et les ennemis, carrément vicieux. On était deux devant l'écran et on flippait vraiment (le placement des "visions" et autres "scripts" est d'ailleurs, je le maintiens, meilleur que dans toutes les suites), c'était difficile, ça ramait un peu sur le Pentium IV familial, mais on continuait parce que c'était à la fois nouveau, inédit, et vachement bien fait.
Certains pesteront sur le manque de variété des décors et des ennemis ; je répliquerai que cela en fait un jeu plus cohérent que bien d'autres, et qu'on n'a toujours rien trouvé de mieux que l'espace confiné des bureaux d'Armacham pour provoquer la peur aisément, et permettre à l'intelligence ennemie de s'exprimer (et de prendre à revers le joueur). D'autres feront remarquer que toutes ces portes qui ne s'ouvrent pas, ça ne fait pas sérieux quand même, que la lampe torche qui s'éteint toutes les dix secondes c'est un peu idiot, ou que les Medikits c'est so 1997 - qu'importe, "ça fait partie du charme".
Au rang des choses qui m'auront marqué à jamais (attention, spoilers ahead), en vrac :
- Les Replicas (mention spéciale à leur doublage et leur éternel cri de guerre, "Torche !") ;
- Les premiers ralentis et les "nooooooooooonnnn" ou "aaaawwwwwwwwrrrr" des ennemis mourants ;
- Le Penetrator (qui n'est pas un jouet sexuel) et son joyeux côté "pistolet à clous"("CHTOUM CHTOUM CHTOUM CHTOUM") ;
- Le "fusil expérimental qui transforme les ennemis en squelettes roussis façon Mars Attacks" (en vrai il a un nom très sérieux, hein) ;
- ALMA BOUH ALMA AAAAHHHH (à l'époque ça marchait bien) ;
- Les ennemis en mécha et cette impression d'être David (avec un Bazooka) contre Goliath, perdue dans le deux quand on obtient de diriger le dit mécha ;
- Les tourelles blindées du système de sécurité d'Armacham (solides et dangeureuses comme il faut) ;
- Ce gros porc de Norton Mapes ;
- Le tacle qui tue ! ;
- Le coup de pied sauté qui tue ! ;
- Détruire un ennemi à la mine à détonateur manuel ;
- Le fusil à pompe ou "producteur de steak hâché" ;
- Le ridiculement jouissif lance-roquettes à cadence rapide (qu'on utilise comme ça, comme un simple pistolet, dans l'ultime niveau, contre les esprits) ;
- Ecouter des transmissions de son équipe en activant un PC portable, puis en faisant valser le dit portable partout dans la pièce (mais Armacham technologie oblige, c'est du solide) ;
- Les ennemis invisibles qui grimpent partout et qu'on voit immanquablement au tout dernier moment ;
- Voir tomber avec horreur un ascenseur qu'on a failli emprunter.
En gros, des années après, F.E.A.R premier du nom reste l'un de mes FPS préférés. Suffisamment vieux pour être marqué chez moi du sceau de la nostalgie, suffisamment jeune pour ne pas piquer les yeux comme un bon Half-Life des familles, c'est pour moi un véritable classique que je recommence régulièrement.
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