Fe
5.9
Fe

Jeu de Zoink Games et Electronic Arts (2018Nintendo Switch)

Avant tout, j'insiste sur le fait que j'ai joué à Fe sur Nintendo Switch et donc été sujet à des perturbations peut-être absentes des autres versions.


Avec un pote, on a le rituel à chaque E3 de regarder ensemble d'un œil un peu moqueur les conférences Sony et Microsoft ("oh tiens un nouveau fifa") : nous sommes tout les deux fan de Nintendo principalement et savons que nous ne pourront de toute façon probablement jamais jouer à la majorité des jeux présentés, ne possédants pas les consoles nécessaires. Bref, lors des présentations en direct à l'E3 2017, Fe a été présenté pour la première fois. De nous les jeux hors Nintendo, c'était vraiment celui qui m'intéressait le plus.J'étais plutôt content quand il a été annoncé sur Switch un peu plus tard.
J'avais donc installé le traditionnel bunker anti-spoil, et évité ainsi toutes les vidéos et informations jusqu'à sa sortie. Je l'achète le matin-même pour pouvoir lancer le téléchargement et y jouer le soir. Dans la journée, je vois passer le 6.5/10 d'IGN, par le même auteur que le 10/10 de Céleste. La peur m'envahit.



Fe pas çi, Fe pas ça.



C'est dans ce contexte que je lance Fe pour la première fois, avec un étrange mélange d’appréhension et d'excitation. Et j'attends. J'attends. Première déception : le jeu met littéralement une minute et cinquante secondes à se lancer (j'ai chronométré plus tard).
Et voilà le majeur point noir du jeu, celui qui lui enlève deux points à mes yeux : la technique négligée. Le jeu tourne entre 25 et 30 fps avec des freezes occasionnellement. Ça fait très mal quand on voit que Bayonetta 2 tourne à 60 fps constant à côté. Le jeux met une éternité à se lancer, ce qui ne favorise pas les sessions improvisées, principe même de la Switch. Plusieurs fois je l'ai lancé dans le train puis je me suis dit "Ah oui..." et j'ai juste posé ma Switch et pris mon téléphone pour patienter.


Le deuxième point qui m'a beaucoup frustré sont les contrôles. Fe se veut, d'après ce que j'ai compris, principalement un plateformer 3D, mais ses contrôles sont à l'opposé de cette ambition : il y'a une espèce de délai dès que l'on veut sauter ou se déplacer. C'est trop "mou", pas rigide du tout. Et c'est à vous de contrôler la caméra : je suis mort plusieurs fois en tombant dans du vide que je ne voyait pas.


Parlons un peu du contrôle des animaux, gimmick du jeu. Parfois, vous pourrez monter sur une créature. Lorsque celle ci est quadrupède, vous pourrez simplement la contrôler comme un cheval, ce qui est plus rapide que la marche. Il n'y a aucune (à part une petite exception) différence entre toutes les créatures quadrupèdes dans leurs contrôles.
Pour les oiseaux, on ne peut malheureusement pas les contrôler. Leur mouvement est scripté, il iront d'un point A à un point B avec vous sur leur dos.
Voilà, on a fait le tour des créatures montables. C'est quelque chose qui aurait mérité d'être creusé beaucoup plus dans un jeu autant axé plateforme à mon avis.


Dernier point qui m'a beaucoup agacé, et qui s'amplifie avec notre progression : sélectionner un chant (mécanique centrale qui débloque des zones) est assez pénible. Au début ça va, il y en a moins de 4 donc on peut choisir avec la "croix directionnelle" sous le pad, vous même vous savez. Mais dès 5 ou 6, c'est une horreur : il faut appuyer sur la gâchette supérieure gauche et sélectionner avec le pad droit dans un menu "dynamique" qui met une seconde à s'afficher. Il est alors impossible de changer de chant en volant ce qui vous causera beaucoup de problèmes et de morts stupides.


J'ai fait le tour des point négatifs, ça fait beaucoup, et ils ne sont pas négligeables. Mais je dois aussi admettre que Fe m'a beaucoup surpris sur certains points, et qu'il comporte pas mal de bonnes idées.
De retour au côté plateforme : grimper aux arbres est un plaisir : il suffit d'appuyer sur le bouton plusieurs fois pour monter jusqu'à atteindre le sommet (4/5 appuis). On peut en sauter au milieu en poussant le stick, où attendre d'être perché en haut pour avoir une belle vue sur les environs, et sauter ensuite en planant vers l'endroit qui nous intéresse. J'ai trouvé cette boucle d'action très satisfaisante à mettre en œuvre grâce à sa puissance, sa simplicité et son utilité. Et ça tombe bien parce qu'on le fait beaucoup dans le jeu.
Deuxième gimmick sympa : planer. C'est très similaire au paravoile de Breath of the Wild, sauf que vous gagnerez de la vitesse si vous tombez puis planez de nouveau.
Il y a cependant un bémol autour de tout ces petits actions liées à la plateforme : il faut les débloquer parallèlement à la quête principale en ramenant des cristaux à un endroit particulier. Les deux que je cite au dessus sont les deux premiers et n'en nécessitent heureusement pas beaucoup, mais le reste est beaucoup plus pénible à débloquer.


Pour finir, la meilleure partie : le design du jeu est magique. Que ce soit pour les yeux (hors fluidité donc) ou pour les oreilles, Fe est totalement unique. Le style polygonal rend vraiment bien et les nombreux biomes sont tous très beaux. Leur découverte est en général le meilleur moment de chaque zone. La palette est toujours maitrisée, les couleurs se marient bien avec le noir mat des polygones. Les créatures sont variées et pour la plupart réussies du point de vue du design.
La musique sait quand elle doit être forte ou discrète ; les airs de violoncelles sont en accord avec les environnements, et donne de l'ampleur à de nombreuses scènes. On ne retiendra pas d'air en particulier, juste des ambiances et des moments.
Les effets sonores sont également réussis : chaque espèce de plante et chaque espèce animale a son identité sonore, caractérisée par un son unique et très difficile à décrire à chaque fois, mais qui n'agace jamais. Les chants de votre créatures sont à l'image des sons de chacune des espèces.


Fe était globalement assez fort dans la construction de "moments" en mettant le joueur au cœur de certaines situations, qu'elles soit mignonnes ou assez épiques. Je vous en spoile une ci dessous :


Je me baladais tranquillement dans un marécage lorsqu'une espèce de petit furet teinté de rose s'approche timidement de moi. Je me connecte avec lui en chantant pour sympathiser : tout se passe bien, il a l'air heureux, il m'accompagne. Un peu plus loin sur notre route, le passage est bloqué. Mon nouvel ami a heureusement une solution et débloque une fleur qui me permet de sauter de l'autre côté. Il me montre le chemin. Au fur et à mesure que nous continuons d'avancer, un ami à lui nous rejoint, puis un autre, jusqu'à ce qu'on soit une bonne dizaine ! Arrive ce moment magique où chacun attends son tour pour sauter d'un nénuphar à l'autre à l'aide des fleurs rebondissantes. En conclusion, un moment très mignon qui m'a fait sourire tout seul pendant une bonne minute.



mdr j'ai pas compris



J'ai été au début séduit par la manière dont l'histoire nous était contée : sans texte, seulement à travers les scènes dont l'on est témoin. Et puis, à partir d'un moment, on peut ramasser des sortes des pierres qui nous placent dans la peau d'un des méchants. Des pierres avec des dessins sur la mythologie du jeu sont aussi présentes à divers endroits. Je suivais globalement tous ces indices avec un grand intérêt car je voulais comprendre ce qu'il se passait dans ce monde. J'ai été un peu déçu. Explications en spoil ci dessous.


Je n'ai pas compris la fin du jeu. On se rend à une sorte de procession de tous les robots méchants après avoir aidé chaque espèce à se libérer de leur tyrannie, et puis on se met à aider un de ces robots qui est abimé à monter en haut de cet espèce de lieu de culte, puis là il enlève son masque (comme dans scoubidou) et c'était en fait... un adulte de notre espèce ! Tous les robots sont apparemment de l'espèce de notre créature. Voilà fin, ils enlèvent tous leur armure et on peut visiter la colonie avec d'autres confrères. Ça n'a juste pas de sens, pourquoi est-ce qu'il ont torturé des espèces tout le long du jeu ? C'était une sorte de rite d'initiation pour que l'on apprenne les différents chants ? Enfin bref, si quelqu'un ici a fini le jeu et a une interprétation je suis vraiment preneur.


En bref, Fe m'a un peu énervé. Il avait des choses magnifiques à montrer et à raconter, de grands moments à faire vivre, mais la technique et le manque de rigueur dans les contrôles, ainsi que d'autres imperfections lui font perdre le souffle.

Rouli
7
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le 26 févr. 2018

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