Les débuts sont poussifs, très poussifs pour le joueur. On comprend pas tout, que ce soit au niveau de l’histoire qui se dévoile au début via beaucoup de texte, ou du gameplay qui paraît compliqué à assimiler (système de level up, jobs etc).
Mais après quelques heures de galère et à faire le point sur ces composantes, on se fait forcément prendre par le drame qu’est La Guerre des Lions.
On contrôle Ramza, le héros né dans la classe noble, écoutant sa bonne conscience, qui décide de se rebeller contre un État qu'il découvre corrompu jusqu'à l’os, composé de dirigeants affamés de pouvoir. On assiste malheureusement à la descente au enfer du protagoniste, jugé rapidement par l’Eglise comme étant hérétique. Il parviendra cependant à trouver des camarades qui partagent son envie d’égalité, afin de renverser le système pourri du pays en pleine guerre.
Ramza évolue en parallèle avec son ami d’enfance, Delita. Lui aussi était comme le héros, il avait soif d’un monde juste, à la seule différence qu'il n’est pas né noble, c’est un simple paysan. Mais c’est cette différence qui les feront diverger par la suite, Delita qui connaît le malheur qu’endure la classe inférieure, en vient à la conclusion que seul le pouvoir peut changer les choses, et il l'obtiendra à tout prix, même s’il doit passer par ce qu'il détestait avant: le mensonge, la corruption, le meurtre.
Ce dualisme entre les deux personnages symbolise tout le jeu. Deux individus qui initialement étaient presque identiques, se retrouvent à prendre des routes radicalement différentes. La cause étant leur milieu social. Le conflit entre les nobles et les roturiers est donc la problématique centrale de Tactics. Deux catégories de personnes aux intérêts et passifs radicalement différents, les uns en quête de pouvoir, les autres en quête de reconnaissance.
C’est ce genre de personnage que rencontrera Ramza durant sa quête. Pendant les combats, le héros et les ennemis s'échangeront souvent des lignes dévoilant leur motivation. Allant du noble Argath et sa haine des pauvre, qu'on se retrouvera à détester, ou du roturier vengeur Wiegraf au circonstances douloureuses qui préférera se ranger du côté des puissants pour éviter de nouveaux drames, qu'on ne pourra que plaindre.
Ces dialogues sont un bon moyen de narration pour impliquer le joueur, permettant de donner une dimension supplémentaire aux affrontements, autre que de simples boss à éliminer. En plus de montrer que c'est dans les affrontement entre les personnages que Tactics brillent. On constatera donc souvent que seront face à face des individus qui auraient pu se comprendre dans d’autres circonstances, mais les morts seront inévitables, et la tragédie aussi.
On progresse dans le jeu, et on se rend compte avec Ramza que les enjeux deviennent de plus en plus important, que le pays et ses institutions religieuses cachent plus de choses qu'on ne le pense. Une des grosses forces de Tactics, c’est surtout ses antagonistes très rationnels. Des dirigeants qui provoquent des guerres pour en tirer des bénéfices, qui sont prêts à provoquer des “ dommage collatéraux “ pour arriver à leur fin, ça existe réellement, et Tactics dépeint parfaitement la situation. Les affaires de corruption et les plans détaillés des antagonistes sont très bien expliqués, et même au sein du gouvernement on peut voir des divergences, là où certain nobles gardent une part d’humanité et sont en désaccord avec les méthodes utilisées. Le script renforce donc le caractère crédible de cette guerre tout en la rendant passionnante à suivre.
Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que le jeu perd un peu de cette force vers le dernier quart. Le tout semble plus rapide, les confrontations perdent leur côté uniques et on retrouve un certain automatisme. Ça donne à tout le jeu un “ avant “ et un “ après “, ou le premier lui est très clairement supérieur à mon avis.
Et comme souvent avec les Final Fantasy sur PS1, c’est l’art d’exécuter qui élève les jeux, et Tactics n’y fait pas défauts. Ici, la progression est linéaire et on avance d’endroit en endroit sur la carte pour faire défiler l’histoire et les confrontations. Chaque lieu à sa petite scène différente du précédent, et les longues tirades des personnages accompagnés de mimiques subtiles donnent au tout un ressenti très théâtral avec des émotions parfaitement retranscrites. Un dernier point, sur la musique qui est elle aussi maîtrisée. Beaucoup de thèmes de combat surtout, soutenant le fait que le gros du jeu se passe durant ces derniers, plein de musiques différentes décrivant plusieurs type de situations.
Pour parler un peu du gameplay, les débuts sont vraiment durs, et globalement, la courbe de difficulté peut rebuter. On se retrouvera souvent à gagner facilement un combat, pour ensuite bloquer longtemps sur le suivant, pour encore remporter facilement le prochain. Mais en même temps, ça a du sens vis à vis de l’histoire. Le T-RPG en lui même est cool, il y a plein de combinaison à faire au niveau des jobs, même si là aussi il y’a un certain déséquilibre.
Final Fantasy Tactics m’a donc captivé de part ses interactions entre ses personnages aux histoires différentes, parfois obligé de coopérer, ou de s’affronter. De part son récit complexe à plusieurs volets qui se découvre de plus en plus au fil du jeu. Les morts pleuvent, mais on ne peut que se ranger derrière le héros Ramza et son histoire oubliée de tous.