Plusieurs années auront été nécessaires pour me décider enfin à accorder à Final Fantasy 5 l'attention qu'il mérite. En effet, ce dernier ne bénéficie pas de la meilleure réputation du monde, en particulier lorsqu'il est question de comparaison entre les opus de la trilogie 16 bits. Scénario décevant, personnages simplistes et bande sonore sans inspiration sont autant d'arguments qui justifieront ce constat dans les premières heures de jeu et auront contribué à mon profond manque de considération. Il faudra pourtant ravaler sa fierté et finir par admettre que passé la dizaine d'heures, ce cinquième épisode parvient enfin à dévoiler ses qualités et mieux encore, à captiver le joueur.
Sans surprise, le système de job s'est avéré à la hauteur de ses éloges. On se questionne tout d'abord quant à la réelle nécessité de la chose puisque le traditionnel quatuor guerrier/mage blanc/mage noir/moine semble fonctionner tout un temps. Puis, arrive l'inévitable moment où l'on se confronte à un boss un peu plus complexe que les autres et où l'on envisage sa stratégie sous un autre angle. S'en suit l'apprentissage de diverses spécialisations visant l'obtention de nouvelles compétences, histoire de mettre sa raclée à ce monstre un peu trop récalcitrant. C'est à cet instant précis que débute l'addiction car pour le reste de l'aventure, nous n'aurons de cesse de perfectionner notre équipe en expérimentant toutes les pistes possibles et imaginables pour créer de véritables machine de guerres. Et autant dire que certaines combinaisons sont purement jouissives tant la violence qu'elles infligent sont sans pareille.
De son côté, la bande son évolue de manière similaire. Un peu faible de prime-abord, elle gagnera petit à petit en intensité et proposera même certains thèmes d'ambiance de qualité. Pour ma part, j'ai un faible pour "Unkown Lands", "Slumber of Ancient Earth",ou encore "Prelude to the Void". Nous ne sommes pas au nibeau d'un FFVI mais ça se laisse toute de même savourer. Et si je ne l'apprécie absolument pas, citons tout de même le célèbre "Clash on the Big Bridge" qui reste pour beaucoup un excellent morceau et qu'il serait injuste de ne pas citer.
Reste à aborder les points qui fâchent. Si les membres de notre équipe possèdent chacun une histoire intéressante, il manque tout de même de cette profondeur qui rendait l'opus précédent exemplaire. L'ensemble est traité avec beaucoup trop de légèreté ce qui ne permet pas réellement de s'attacher et de compatir à leur destinée. En ce qui concerne les forces du mal, Ex-Death est au final assez vide et n’impressionne à aucun moment. Son acolyte Giglamesh s'en sort un peu mieux, en particulier vers la fin, mais m'a quelque peu déçu en comparaison des déclarations enflammées des fans qui n'hésitent pas à le comparer aux plus célèbres bad guys de la série. Le scénario ne brille pas non plus par son originalité mais réserve quelques surprises de bon goût suffisantes pour maintenir l'intérêt intact.
En définitive, Final Fantasy V s'est révélé être un très bon jeu qui puise surtout son intérêt dans un gameplay efficace et maîtrisé de bout en bout. Ce dernier permettra sans problème d'oublier les quelques faiblesses de narration, laquelle se laissera néanmoins apprécier sans pour autant atteindre la qualité habituelle des productions de Square. Un excellent jeu de rôle sous-estimé, mais au potentiel pourtant bien réel.