Le vide et le plein.
Forza Horizon reprend la structure en monde ouvert d'un Burnout Paradise, avec ses activités à chaque coin de route, et une conduite arcade aux dérapages outranciers avec un système de score n'est...
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le 3 avr. 2019
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Les androïdes ont pris le dessus sur les humains dans cette partie de l'Angleterre.
Tout à d'ailleurs été reconstruit pour faire penser à l'île d'Albion d'antan, mais quelques détails viennent titiller l'oeil aguerri: les routes sont en bien trop bon état pour cette contrée et bien trop larges. La plupart de ces routes ne mènent d'ailleurs nulle part. En outre, il fait beaucoup trop beau et lumineux pour la terre du pudding.
Ces machines ont été conçues pour ressembler aux humains de manière quasi-parfaite, si ce n'est leur physique foireux tout droit sorti du catastrophique Mass Effect Andromeda. Heureusement, leur plastique bien huilée leur permet de résister à tous type de chocs, ce qui n'est pas plus mal étant donné leur passe-temps dans cette contrée anglaise.
C'est qu'ils essaient en plus de s'habiller d'jeunz, les andros, pour maquiller leur totale incompétence à mimer les comportements humains.
Tel un épisode de Black Mirror, les humains se terrent désormais à l'écart de ces androïdes. Ceux-ci vivent en plein jour et tentent d'accéder à l'humanité en tentant tant bien que mal de ressentir les émotions humaines.
En effet, en dehors du grand "évènement Horizon" se tenant au centre de cette campagne anglaise devenue parc d'attraction pour robots en mal d'humanité, pas un bipède se dresse à l'horizon.
Et encore, ceux que l'on croise sont tellement robotiques qu'il ne fait aucun doute que ceux-ci sont également androïdes.
Pour animer leur chère campagne et la rendre un peu plus "vivante", les androïdes ont ajouté des comparses moins bien programmés pour conduire des Audi A4 2ème génération ou des Classe C 3ème génération avec une malle de coffre sur le toit. Ceux-ci se contentent de tourner en rond dans la campagne, dans un éternel ballet monotone.
Et puis voilà ce qui les anime. On entend des tondeuses à gazon foncer à plus de 300 km/h sur ces pas si petites routes de campagnes. Ces voitures sont des imitations parfaites des modèles de voiture de la création de l'industrie automobile aux années 2018. Jamais aucune réplique n'avait été si belle et polissée, les androïdes se sont particulièrement surpassés sur le rendu physique des caisses à savon.
Pour preuve encore de ce monde entièrement créé par des androïdes: dès qu'ils finissent une course entre bolides tous plus exotiques les uns que les autres, à peine passée la ligne d'arrivée, les coureurs se retrouvent dans la Matrice. Un univers blanc et lumineux, où trônent uniquement un gigantesque écran incurvé, leur bagnole - réparée comme par magie si celle-ci avait subi le moindre accroc - et eux-mêmes. Cet écran leur annonce leur réussite, leur progression dans divers machins et bidules ainsi que les crédits gagnés. Puis par une séance de téléportation parfaitement maîtrisés, les revoilà sur la route, posés en plein milieu d'un chemin au volant du bolide par un respawn qui ferait rougir GTA V.
Malgré ces courses, les ersatz d'humain n'ont aucune sensibilité mécanique, acoustique ou technique. Pour vous en convaincre, voici comment sonne une Dodge Charger de 1969. Maintenant, écoutez celle qui existe dans Forza Horizon 4. Bien. J'suis parti chez l'audioprothésiste, puis au bar, j'ai besoin d'un remontant.
Hips. Ces bipèdes mécaniques ont donc créé des voitures électriques avec des enceintes à l'intérieur "pour faire comme si c'était pour de vrai" dans leur bassines à 4 roues. Mais comment diable peuvent-ils tenter de recréer une expérience humaine avec si peu de sensibilité? Ils n'y arriveront jamais. Mais morbleu, ils essaient. Le problème est qu'avec près de 450 carosseries différentes encapsulant le même système audio et les mêmes chassis, je ne vois pas comment il serait possible de recréer une quelconque saveur automobile dans ce futur dystopique.
En tout cas, la technologie a énormément progressé, surtout en matière de résistance mécanique des carlingues: lorsque les androïdes veulent se la jouer et qu'ils poussent les réglages de la machine en mode simulation, l'ordinateur central vient leur dire: "attention, avec ce mode, lors du moindre choc votre voiture se déformera et la destruction totale du moteur et des pneus est possible. Mouais. J'en ai vu faire des vols planés à plus de 300 mètres de distance à bord d'une Bugatti Chiron sonnant comme un aspirateur Dyson, s'exploser contre un arbre et aucun des deux artéfacts n'était hors d'usage.
Les anglais, qu'ils reposent en paix, diraient It's just a flesh wound!
C'est l'autre beauté de ce simulacre de campagne anglaise: les pierres sont en polystyrène compact et les arbres sont des pylones en béton armé. Les maisons doivent également être produits en néo-béton Wolfensteinien, alors que les buissons sont en mousse à mémoire de forme. C'est bien pratique: le spoiler avant de ma Ferrari FXX servant d'araire pour écarter les restanques sur mon chemin. Et vous croyez que ça freinerait la progression de mon humble destrier? Que nenni, c'est à peine s'il a senti passer les 15 murs de pierre (ou polystyrène) qu'il vient de traverser.
Je subodore la présence de nanites dans ces murets, qui se reforment une fois mon dos tourné.
Ils ont même programmé les saisons pour qu'elles passent comme bon leur semble et à un rythme effréné. C'est très joli à regarder mais bon, vu que les autos se pilotent de la même manière que ce soit sur route sèche par 30°C que sur un lac gelé par -20°C, on s'en fout un peu et les androïdes aussi.
Je comprends bien que Horizon est la contrepartie arcade de Motorsport, mais pourquoi les Androïdes ont-ils décidé de si mal représenter les lois de physique? Peut-être que leur banque de données n'était pas suffisante. A croire que la totalité de leurs sensations passent par le visuel et que l'acoustique, la conduite et la crédibilité ne sont que des artefacts inutiles, considérant que les humains ne s'en servaient pas.
Je pense qu'ils ont une capacité de concentration différente de la notre: pour avoir pu m'immiscer à leur place, ceux-ci ont droit à une avalanche de texte vomissant des récompenses, des points à ne savoir qu'en faire et des encouragements niais à la moindre conduite d'un véhicule. Le simple fait de suivre un concurrent dans une course offre un spectacle de nombres, de multiplicateurs et de texte "utilisation de l'aspiration" octroyant des points dans le centre-haut de leur affichage occulaire. Une petite glissade? Un texte. Un petit décollement des roues du sol? Un texte. Un dépassement d'un concurrent? Un texte. Un tête à queue? Un texte. Un tonneau? Un texte. Démolir une haie? Un texte. Se vautrer dans un lac? Un texte. Démolir la signalisation? Un texte.
Je crois que cette partie de leur vision est dorénavant entièrement consacrée à ce dégazage, je ne sais pas s'ils y prêtent encore la moindre attention.
Et puis il y a ces récompenses à chaque victoire (ou même chaque lamentable défaite, vous n'y couperez pas) où il est possible de gagner un programme autorisant l'androïde à danser comme un adolescent des années fin 2010, gagner des habits pour appuyer sur le fait qu'ils ne sont totalement pas des robots, des bonus dont même eux ont du mal à saisir l'intérêt ou, finalement, des voitures, qui semblent être les seules à intéresser vraiment les concurrents en lice. Même les androïdes savent qu'une voiture est mieux qu'une danse Fortnite.
Après, les humains électriques de ce festoche artificiel peuvent aussi y mettre de leur VRAIE poche pour obtenir des véhicules, des bonus ou des accessoires cosmétiques, dans un festival pour lequel ils ont déjà payé un droit d'entrée d'un minimum de 60 €. C'est qu'au niveau de l'économie et du marchandage, ces types n'ont rien à envier des humains au sommet de leur art.
Leur monde en plastique est bien beau, magnifique même. Mais il est plus plaisant à regarder qu'à vivre.
Créée
le 23 oct. 2018
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