Ce soir, l’équipe du Serpent et moi-même sommes invités à l’avant-première de Foul Play, une pièce de théâtre « beat’em all » dont on nous promet “des aventures passionnantes menées par un héros charismatique”. Celle-ci investira les salles PC, mais c’est dans le « 360″ que nous nous sommes rendus. Après avoir marronné tant de fois, l’équipe me laisse finalement seul pour me faire un avis. Va t-il me scotcher à mon siège comme le classique Castle Crashers? C’est ce que je vais voir mais chut… ça commence.
Les trois coups retentissent et sous les applaudissements du public, Sir Dashforth prend la parole. Sur un ton des plus sérieux, il raconte depuis son fauteuil les nombreuses aventures qu’il a menées contre des bandits, des démons et des vampires. Il est bien habillé, possède une classe incroyable et est accompagné de Scampwick, son assistant vaillant et fidèle, qui ne manquera pas de placer un bon mot. Ensemble ils ont résolu des enquêtes aux quatre coins du monde, accomplissant ainsi la destinée des Dashforth. Leur relation n’est pas sans rappeler celle entre Sherlock Holmes et le Docteur Watson, aussi bien dans la déduction que dans les querelles, une bonne référence pour les amateurs de policier. Soudain, la magie du théâtre opère et les aventures contées prennent vie. Nos deux personnages vont débuter leur poursuite du démon dans un temple oublié dans le désert, la où beaucoup ont perdu leur vie. Puis de nombreux changements vont changer la progression de leurs aventures, posant des questions : Pourquoi les démons se réveillent ainsi ? Quel est le secret de la famille Dashforth ? Que veut signifier l’expression « Foul Play » ?
Nous avons donc un beat them all, genre très représenté sur le XBLA. On choisit son personnage et aligne sur le sol de nombreux ennemis devant un public en délire, et l’originalité vient de là. La performance de chaque acte (niveau) dépendra du niveau de satisfaction du public. D’abord par la qualité de jeu, aussi bien en réalisant le plus de combos ou en ne se faisant pas toucher de la partie. Des défis plus précis sont également proposés par niveau, comme du parcours chronométré ou du sauvetage de figurants sous-payés. Le public pourra également nous prendre à parti pour nous encourager ou nous conseiller. Chaque fin d’acte est donc un calcul des points et de la performance pour nous donner un classement. Si l’on épate vraiment le public avec un score élevé, un rappel (bonus) est lancé, avec un nombre d’ennemis à tuer en 1 minute. On peut également récupérer des grigris qui nous donnent des bonus de points équipés. Des ingrédients qui sont à même de plaire aux fans du genre, si seulement…
Les aventures de notre baron et de son assistant sont donc bien racontées, mais le script à ses limites. Bien qu’il y ait différents endroits à visiter dans le spectacle entier, les scènes de chaque pièce sont globalement les mêmes. En Égypte par exemple, les décors seront toujours dans un désert puis une pyramide, avec soit des momies, soit des Égyptiens possédés. Et c’est la même chose pour les autres locations avec deux ou trois types d’ennemis différents pour le niveau. De plus la progression se fait quasi principalement de gauche à droite, sans nouveauté dans le level design. Quand on pense que Double Dragon II est plus varié, ça n’est pas vraiment encourageant. Le jeu est également assez facile, et à part ne pas toucher la manette quand on est encerclés, il est quasiment impossible de mourir. On se retrouve avec un côté répétitif et surtout une rejouabilité assez limitée. Mais ce qui m’a le plus rebuté en temps que grand fan de Castle Crashers, c’est le contenu très faible du jeu. Les coups de base sont au nombre de trois : un coup droit, un coup aérien et une parade. Et des combos sont disponibles avec ces touches, mais ils sont peu nombreux avec une petite dizaine à la fin du jeu et surtout assez peu utiles. Le jeu se termine en matraquant le bouton du coup aérien et on fait preuve de plus de « style » pour réaliser les différents défis. Mais pour cela il faut repasser dans les niveaux, refaire les mêmes salles avec les mêmes ennemis. Du coup, comme dit précédemment, on en reste à une seule représentation, qui se termine en 2h en prenant son temps en difficulté moyenne. Ca fait beaucoup de petites choses décevantes, qui gâche quelques bonnes idées de Foul’s Play.
Oui il y a des bonnes idées. Tout d’abord, les références au théâtre sont très nombreuses. Sans compter la scène et le monologue de Dashforth, les acteurs jouant nos ennemis peuvent tailler la bavette au début d’un niveau, relire leur texte ou sortir dans les coulisses une fois battus. Les décors eux-mêmes s’installent à la manière de vrais décors, des grandes planches en carton scotchées à certains points. Comme dit plus haut, le public a aussi son mot à dire, et va réagir suivant les performances. Tout le monde ira lancer son chapeau de joie dans le meilleur des cas. Le mode deux joueurs permet également de varier un peu les plaisirs, le premier incarnant Dashforth et le second Scampwick. Non seulement le genre se prête toujours à des délires à plusieurs, sans savoir si on s’aide ou non, mais quelques nouveautés ont été ajoutés. Quelques combos ont été ajoutés, comme le fait de jouer au tennis en se balançant les adversaires de part et d’autre de l’écran. Et des défis précis sont réservés pour le travail en duo.
Une idée de départ ne fait pas tout, et Foul Play n’ira pas le contredire. On retiendra un certain humour général avec le public prenant parti ou les ennemis sortant dans les coulisses, mais le vide du gameplay et la trop grande facilité cassent le tableau. Seulement quelques combos sont disponibles et les tableaux sont assez répétitfs. De plus, son identité est finalement assez transparente, ne poussant pas le contexte théâtral jusqu’au bout. Il ne tire donc pas assez son épingle du jeu pour valoir un achat direct, encore plus plein tarif. Pour ma part je vais aller chercher ma veste au vestiaire.
-Flbond