Grande Dèche Auto
Si la série Grand Theft Auto est aujourd'hui une des plus populaires du jeu vidéo, cela ne s'est pas fait en un jour. L'épisode 3 a mis Rockstar sur le devant de la scène, mais comme son nom...
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le 12 avr. 2021
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Jeu de DMA Design, Take-Two Interactive Software et BMG Interactive (1997 • PlayStation)
Si la série Grand Theft Auto est aujourd'hui une des plus populaires du jeu vidéo, cela ne s'est pas fait en un jour. L'épisode 3 a mis Rockstar sur le devant de la scène, mais comme son nom l'indique, il a eu deux prédécesseurs (et même quatre en fait). Retour en 1997, avec cet instant flashback (95.6, tmtc).
Petite précision : si les deux premiers GTA sont dispos gratuitement sur le site de Rockstar dans leur version PC (un cadeau généreux), je fais cet épisode sur ma PlayStation Mini, simplement parce qu'il faut bien que j'amortisse l'achat de ce bout de plastique.
D'ailleurs c'est sur ce point que je vais commencer ma critique : le portage PS1 est éclaté au sol, comme disent les jeunes. On le constate dés le premier écran du jeu, qui nous propose de sélectionner notre personnage : 4 choix seulement, contre 8 sur PC (et une quinzaine sur Game Boy, mais quel taré irait jouer à cette version ?). Toutes les filles jouables sont passées à la trappe, ce qui est tout de même dommage vu qu'elles avaient des designs assez réussis et que c'est encore aujourd'hui le seul GTA à proposer des avatars féminins. Tant pis, j'ai donc fait l'aventure avec le sosie de George Floyd, qui est le seul mec passable.
Plus embêtant : la version PS1 a un framerate INFAME. Quand vous êtes juste en mode piéton ça passe encore, mais montez dans une voiture un minimum rapide et l'image sera ultra-saccadée, rendant la conduite à la limite de l'injouable. On n'est pourtant pas sur un des jeux les plus ambitieux de l'époque et je ne m'attendais pas à du 60fps constant, mais là le jeu n'arrive même pas à tenir 20 ou 30fps stables, c'est ridicule.
Dernier point, le jeu est bourré de bugs. Certains sont peut-être aussi présents sur PC, mais au cours de ma partie j'ai eu droit à un script qui ne se déclenche pas quand je rentre dans un bâtiment, des PNJ qui se cognent contre les murs ou se coincent (rendant les missions d'escorte impossibles), ma voiture qui disparaît de l'écran pendant une demi-seconde, et enfin un écran rouge avec écrit "CRITICAL ERROR". Heureusement, les save states de la PS1 Mini m'ont permis de rendre certains de ces bugs inoffensifs, mais je crois que j'aurais joué au frisbee avec le CD si ça m'était arrivé sur du vrai hardware.
Bon, au moins le jeu propose une VF, c'est le seul dans ce cas sur PS1 Mini il me semble.
GTA premier du nom propose un gameplay en 2D, limitations techniques de l'époque oblige. J'ai déjà joué à Chinatown Wars (et Retro City Rampage, dans un autre style) donc je suis relativement familier de ce genre de gameplay, pourtant il faut un petit moment pour retrouver ses marques dans GTA1. L'avatar est dirigé en tank-controls, appuyer sur Haut ne le fera donc pas aller vers le haut s'il n'est pas orienté dans cette direction. J'ai pris le coup de main assez vite, mais c'est clair que ce gameplay paraît archaïque aujourd'hui, et surtout inapproprié dans un jeu d'action (je serai toujours un grand défenseur du tank-control dans les vieux Resident Evil).
On retrouve donc notre avatar paumé en plein coeur de Liberty City. Comment est-il arrivé là ? Quelle est sa backstory ? A-t-il un but ? Je ne sais pas, c'est peut-être développé dans le manuel du jeu, mais il faudra faire sans si vous êtes dans mon cas.
Une voix venue de nulle part nous dit de nous rendre vers Southern Park pour recevoir notre première mission via une cabine téléphonique. Alors déjà : vous êtes qui ? Ensuite, si vous pouvez me parler (via une oreillette je suppose), pourquoi vous me cassez les pieds à me faire déplacer jusqu'à Southern Park pour m'appeler au téléphone ?
Et surtout : MAIS PUTAIN C'EST OU SOUTHERN PARK CONNARD, JE VIENS DE COMMENCER !?
Ce qui est assez amusant dans ce jeu en fait, c'est qu'il était fourni avec une carte détaillée à l'époque, ça permettait de compenser l'absence de carte dans le menu. Aujourd'hui tout est trouvable sur Internet, mais forcément c'est relou de devoir passer par un médium extérieur pour simplement voir où se trouve tel quartier ou pour repérer où est le Pay & Spray le plus proche.
Surtout que le jeu ne déconne pas : certaines missions sont chronométrées, et le chrono est souvent assez serré. Si vous ne connaissez pas bien la ville, avoir une carte est obligatoire pour repérer le trajet le plus rapide entre deux points. Ca m'a fait le coup dans la première mission à San Andreas où on me demandait d'aller vite entre des lieux très éloignés d'une ville dont je ne connaissais rien.
Parce que c'est une originalité de GTA1 : on voyage entre différentes villes au cours du jeu. Les trois lieux emblématiques de la série sont là : Liberty City, San Andreas et Vice City. Amusant de voir que ces trois mégalopoles adorées de tous ont été créées en même temps dans le tout premier jeu de la série.
D'ailleurs, si on commence notre aventure à Liberty City, je trouve que c'est le pire choix possible comme ville "tutoriel". La ville est composée de 3 ou 4 îles reliées entre elles par des ponts, certains étant détruits, c'est donc très dur de se déplacer rapidement. San Andreas et Vice City sont presque intégralement construites sur une seule zone terrestre, ça aurait été bien plus judicieux de commencer là-bas. Mais peut-être que c'était plus vendeur de mettre la simili-New York d'entrée de jeu, allez savoir.
En tout cas, ça n'aurait pas impacté le scénario du jeu qui est...inexistant en fait. Il est composé de 6 chapitres (2 dans chaque ville) où vous serez aux ordres d'un caïd différent à chaque fois. Aucun n'est particulièrement mémorable, à part El Burro qui a un côté méga-gay assez marquant (il réapparaît dans GTA3 d'ailleurs), et surtout il n'y a aucun lien entre chaque chapitre. On ne sait pas pourquoi on passe d'un camp à l'autre et l'écriture est vraiment plate. A un moment, on assassine le président des USA (aucun GTA n'a été aussi loin) et tout le monde s'en branle, la police ne devient pas plus agressive, ton boss te dit juste "bravo", et tu passes à la prochaine mission.
Il y a quelques touches d'humour ici et là, mais pas de quoi sauver le joueur de l'ennui.
Parce que c'est ça le plus triste : on s'emmerde dans ce jeu. Les missions sont presque toutes identiques (aller d'un point A à un point B) et les rares qui tentent de changer la donne échouent lamentablement (j'ai déjà parlé des missions d'escorte, parlons donc des missions de fusillade ultra-laborieuses puisqu'on joue à la croix directionnelle sans possibilité de lock sa cible, qu'est-ce qu'on rigole quand on vide tout un chargeur à côté du mec qu'on veut abattre).
Même la conduite est vraiment naze, problèmes de framerate à part. Le jeu utilise une caméra dynamique qui dézoom si vous allez vite histoire de vous montrer plus de route. Non seulement ça fait mal à la tête, mais en plus ça ne sert à rien vu que les voitures apparaissent trop vite pour qu'on ait le temps de les esquiver. On se mange donc des bagnoles en boucle, en pestant parce qu'on est stoppé dans notre élan toutes les 5 secondes.
Enfin, la structure du jeu pue la merde. Le but au sein de chaque chapitre n'est pas de réussir toutes les missions, non, c'est d'accumuler une certaine somme d'argent. Réussir une mission permet de multiplier l'argent reçu pour chaque action, ce qui est fort pratique.
Le truc c'est qu'on ne peut pas réessayer une mission ratée, sauf que vous avez besoin de ce multiplicateur. L'argent monte trop lentement sans lui, et vous perdez de grosses sommes en allant dans les Pay & Spray.
"Pas grave, me direz-vous, j'ai qu'à sauvegarder avant chaque mission et relancer la sauvegarde en cas d'échec." Eh non mon bonhomme, ça c'est valable dans GTA3, pas dans le premier. Ici, vous devez réussir vos missions du premier coup, sinon vous pouvez aussi bien éteindre la console et relancer le chapitre, puisque les seuls checkpoints du jeu ont lieu à chaque changement de boss.
Et si accumuler 1 million de dollars se fait en 5 ou 6 missions, il vous en faudra bien une quinzaine pour accumuler les 5 millions nécessaires à la fin du chapitre 6. Autrement dit, hors de question d'éteindre la console pendant 4 ou 5 bonnes heures, et dites adieu à ces heures perdues si vous ratez trop de missions.
D'ailleurs il y a aussi un système de vies dans ce jeu. Si vous mourez 4 fois, vous devrez recommencer le chapitre. Et si la police vous arrête, votre multiplicateur est divisé par 2. Fun, n'est-il pas ?
Inutile de dire que je ne me suis pas fait chier, j'ai joué avec les save states de la PS1 Mini sans aucune once de vergogne, et je recommande cette option à tous ceux qui veulent se lancer dans l'aventure. C'est un système inutilement long et punitif.
Et si j'ai beaucoup mentionné les Pay & Spray dans cette critique, c'est tout simplement parce qu'il s'agit des seuls moyens de faire disparaître votre indice de recherche. Point d'étoile flottante à ramasser dans une ruelle et aucune possibilité de se faire oublier si on ne fait pas d'infraction. Connaître leur emplacement est donc vital pour votre aventure, vous n'avez pas envie de vous faire chopper ni d'être dérangé dans une mission chronométrée. Heureusement les flics sont assez incompétents en voiture, mais à pied il est très difficile de leur échapper si vous ne possédez pas la mitraillette.
Je n'ai pas pris beaucoup de plaisir à jouer à ce premier Grand Theft Auto. Il est plaisant de voir l'origine de plusieurs éléments récurrents de la série et le gameplay est plutôt correct, mais l'exécution laisse à désirer. D'ailleurs à la fin, j'en avais tellement marre que j'ai obtenu les 500.000$ qu'il me manquait en volant et en revendant des voitures à la chaîne, c'était moins relou que des missions nulles qui payent mal. Gros climax donc.
Même la bande-son est assez tristounette. Il n'y a qu'une seule radio et j'ai l'impression qu'il n'y avait que 6 ou 7 musiques différentes dessus, du coup ça tourne assez vite en boucle et ça agace. Dommage, j'aime bien la musique country qu'ils ont choisie, ça m'a rappelé la radio de rednecks de San Andreas.
Chinatown Wars est loin d'être mon épisode préféré de la série, mais je le recommande sans problème à ceux qui veulent donner une chance aux GTA 2D. Le premier épisode a presque 25 ans et ça se ressent, malheureusement.
A voir si GTA2 relève le niveau, ou si l'éclair de génie n'a frappé Rockstar qu'à partir du troisième opus.
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le 12 avr. 2021
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