Deux ans (et autant d'extensions) après avoir secoué le monde vidéoludique, les sales gosses de Rockstar récidivent et livrent Grand Theft Auto 2. Toujours en 2D, ce jeu réussit-il à gommer les défauts du premier volet pour proposer une expérience plaisante au public de 2021 ?
Pour ma part c'est un grand oui. GTA2 est supérieur à son prédécesseur sur quasiment tous les points, renvoyant l'opus fondateur au statut de brouillon (j’ai la vague impression de me répéter).
Première avancée : il y a enfin une fonction de sauvegarde dans ce jeu, on peut donc enfin jouer sans avoir à planifier une partie de 5 ou 6 heures d'affilée. Bienvenue en 1999.
Notez que cette sauvegarde est un petit peu moins pratique que dans les jeux futurs : le joueur ne peut sauvegarder qu'à un seul point de la carte et il faut impérativement débourser 50.000$ à chaque fois, ce qui signifie qu'il faudra réussir deux missions d'affilée avant de sauvegarder pour la première fois. C'est un peu cruel, mais heureusement la courbe de difficulté a été considérablement améliorée par rapport au premier jeu. Et une fois qu'on a un bon pactole en poche, cette contrainte devient une formalité.
On peut également échapper à la police en faisant profil bas pendant quelques instants, ce qui vous fera faire des économies de Pay & Spray. Dommage qu'un quart des voitures dans ce monde appartienne à la police, ça enclenche souvent des poursuites et ça peut gâcher vos missions.
Autre amélioration : notre personnage n'est plus un putain de phasme qui meurt dés qu'il se prend une balle puisqu'il a désormais 5 points de vie et qu'on peut ramasser des gilets pare-balles. Les fusillades sont donc considérablement plus permissives, même si les flics peuvent toujours vous coffrer en un temps un record.
Le jeu reprend la structure du premier opus : peu importe les missions qu'on réussit, l'important est de réunir une certaine somme d'argent pour progresser. Si les missions et les gangs sont plus marquants qu'en 1997, le scénario n'est pas radicalement plus intéressant puisqu'on passe d'un quartier à l'autre sans transition satisfaisante (sauf si vous vous faites chier à finir les 21 missions "classiques" pour débloquer la 22ème mission bonus, chose que je n'ai pas faite parce que j'étais arrivé au bout de ma réserve de Lexomil).
Malheureusement, GTA2 hérite aussi du système de vies et de combos, ce qui rend chaque mort ou arrestation extrêmement punitive, même si la possibilité de pouvoir sauvegarder atténue le problème. C'est donc GTA3 qui a abandonné ce système frustrant, une raison de plus de l'aimer !
Comme le premier jeu, GTA2 est divisé en trois zones, et cette fois-ci trois gangs s’y affrontent. Chaque gang vous proposera 7 missions, sachant que les missions deviennent de plus en plus dures si vous avez un haut niveau de respect auprès du chef de chaque clan (vous êtes amené à changer régulièrement vos alliances, on se demande donc pourquoi les parrains continuent de vous faire confiance alors que vous avez fait un massacre dans leurs rangs 20 minutes plus tôt). Ca offre une certaine liberté d'action et surtout on identifie vite quelles missions risquent de poser problème, chose qui manquait cruellement à GTA1.
Par contre, si les missions de la première zone sont très simples (d'autant qu'on a juste besoin d'un million de dollars, donc on ne s'y éternise pas), les missions des autres zones ne déconnent pas du tout. Les missions deviennent soit très longues soit très dures, il faut vraiment s'accrocher pour en voir le bout.
Cela dit, elles sont satisfaisantes à mener parce que les tâches demandées sont plus originales que dans le 1. Finies les missions un peu nazes où on se contente de conduire d'un point A à un point B, maintenant on détruit des tanks en pleine rue, on envoie les passagers d'un bus dans une usine de hot-dogs (pas pour y travailler) et on défonce le mur d'un gang avec une limousine pour y faire un carnage. Rockstar joue à fond la carte de la surenchère et ça marche ! A ce propos, le fait que le point de sauvegarde soit représenté par un prêtre qui te donne sa bénédiction alors que tu viens de massacrer des dizaines de personnes est d'un cynisme délicieux.
L'absence d'une carte in-game se fait moins ressentir que dans GTA1 puisque quasiment aucune mission n'est chronométrée. On peut donc se perdre dans les quartiers sans être puni, et au final on finit par bien mémoriser la zone de jeu.
Les combats à pied ont aussi été améliorés, on a beaucoup plus d'armes à disposition. Le lance-flamme est jouissif à utiliser, les molotovs sont cruciaux dans de nombreuses missions et on note même l'apparition d'une espèce de super taser, permettant de toucher plusieurs cibles à la fois.
Parce que c'est l'originalité de ce GTA2, c'est le seul jeu de la série à avoir lieu dans le futur ! Un futur assez réaliste (point de voitures volantes ou de téléportation), mais un futur dystopique où les gangs contrôlent tout et où chaque ruelle est super crade. On trouve tout de même des gadgets amusants à équiper sur sa voiture, comme une mitraillette sur le toit, des mines ou des flaques d'huile à la James Bond. Rockstar aurait pu se lâcher un peu plus et proposer plus d'armes délirantes ou une esthétique plus futuriste, mais le fait que ce concept n'ait jamais été repris fait de ce GTA2 un opus unique dans la série, d'autant plus que la ville qu'on explore n'est ni Liberty City, ni San Andreas, ni Vice City.
D'ailleurs cette ville joue énormément avec les hauteurs en proposant des rampes pour faire des cascades mais aussi des escaliers pour accéder aux toits ou des mini-phases de plate-forme (le héros peut enfin sauter), c'est chouette de voir que les développeurs ont expérimenté avec la troisième dimension dés ce deuxième épisode, ça a permis une transition fluide lors du passage à la full 3D en 2001.
Je pense que le seul défaut de cet opus se trouve dans sa bande-son, qui ne contient absolument aucun morceau un peu entraînant. Vers la fin, ça me faisait tellement chier que je coupais le son de mon PC et je mettais des podcasts en arrière-plan.
Et si je ne peux pas juger de l'amélioration graphique du jeu par rapport au 1 sur PC, je peux tout de même le comparer au portage PS1. Et nom de Dieu, que ça fait plaisir de voir un jeu fluide et avec pas mal de petits effets graphiques (l'argent que tu touches à chaque fois que tu commets un méfait qui apparaît au-dessus de ta cible, c'est incroyablement satisfaisant !). Même au niveau du gameplay, je trouve la conduite plus fluide et précise que dans l'opus fondateur.
Par contre on ne peut plus mettre sa partie en pause, donc éteignez votre téléphone, fermez votre porte à clé et remplissez la gamelle du chien (ou de votre femme) avant de commencer une mission, histoire d’être sûr que vous ne soyez pas dérangés.
En bref, je trouve que ce GTA2 a plutôt bien vieilli et est encore fun et jouable en 2021, deux qualités que je n’accorde pas à son prédécesseur. Dans le petit monde des GTA 2D, je trouve que Chinatown Wars est toujours le plus accessible en terme de gameplay et de narration, mais ce deuxième épisode est un choix intéressant pour ceux qui voudraient s’essayer à un opus plus rétro.