Dégrisement
GRIS est beau. C'est irréfutable. Que ce soit dans la flexibilité des animations ou dans la profondeur des décors, tout est parfait et pourrait faire rougir les plus grands noms du jeu vidéo 2D. Il...
Par
le 5 mars 2019
58 j'aime
19
Les planches colorées de Blacksad, le passage silencieux des girafes de The Last of Us, le périple au bout des tripes de La Horde du Contrevent, la mélancolie esthétique de Blade Runner, les refrains répétitifs et méditatifs de Nujabes. Ce sont mes premiers amours qui m'ont modelé en grand curieux à la constante recherche d'expériences multimédia.
Un collectionneur d'oeuvre qui pique subjectivement mon émotion à vif.
A travers GRIS, Nomada Studio fait un cadeau à tous ces chasseurs de notes, de couleurs et d'invitations au voyage. Mettez votre casque, éteignez les lumières et si vous êtes prêt : Laissez vous bercer.
L'objectif de GRIS peut rebuter plus d'un joueur à la recherche des codes standards du jeu vidéo. Ici il faut avoir toutes ses fibres contemplatives ouvertes vers l'écran pour accepter que ce jeu, tel un Journey, est venu te proposer une simple ballade dans son univers.
Pour seule accroche de gameplay afin de rythmer la traversée : Des déplacements fluides, gracieux pour évoluer dans un puzzle game 2D sans grande difficulté. Juste assez pour ne pas te dire que c'était trop simple mais jamais trop pour buter face à une difficulté. Les énigmes proposées sont là pour surprendre le joueur. Elles font évoluer le décor, déclenche des animations ou permettent un enchaînement de mouvement quasi chorégraphique et ainsi font sourire, impressionnent par leur ingéniosité, leur beauté.
GRIS révolutionne en proposant des tableaux de couleurs aquarelles merveilleux, animés à la perfection. Chaque particule de poussière, chaque goutte d'eau, le mouvement des tissus, le fluide noir dont est composé la bête, tous ces éléments se mettent mouvement dans une sobriété unique.
La direction artistique de Nomada Studio transcende les codes du jeu vidéo et donne un nouveau cap au future création indépendante du jeu vidéo.
Mais comme l'image ne suffit pas dans une expérience vidéoludique, l'artiste Berlinist vient fusionner son univers à celui de Conrad Roset et vient créer une dualité image/son époustouflante. Berlinist rend hommage à tous les amoureux des sons qui servent l'image et des images qui servent le son. Mêlant sonorité acoustique et électronique, je ne peux m'empêcher de comparer son oeuvre à celle de Chapelier Fou. Chaque tintement d'instrument sublime la progression de notre personnage. Et c'est ainsi que GRIS devient une expérience. L'immersion est totale grâce au panel de couleur visuelle et auditive. Le bruit de l'eau, les oiseaux qui chantent, les talons qui résonnent sur le marbre... Je ressors de GRIS avec pleins de stimulis qui stagnent et résonnent dans mon courant éléctrique. Mon corps est plus léger, ma respiration plus riche. L'expérience a tous les bénéfices d'une longue méditation.
Le jeu propose aussi une idée poétique. Au fil de l'aventure, l'héroïne débloque les couleurs du décor une par une dans un univers de base gris. Cette évolution est libre d'interprétation. On peut y voir une personne qui retrouve les couleurs de la vie après une longue dépression, un deuil. De plus elle gagne aussi en mobilité et s'arme petit à petit aux prochains obstacles à venir. Cette image de reconstruction est renforcée par cette touche mystérieuse tout le long du jeu. Sur manette PS4, lorsqu'on appuie sur "Rond" l'héroïne lâche un soupir, un râle. On se demande bien pourquoi vu le nombre d'actions très limitée dans le jeu (touche directionnelles, carré, croix). L'explication de la présence de cette commande prend son sens à la fin du jeu. On réalise que le soupir était dû à une perte de la voix qu'elle retrouve pour illuminer son univers, chasser ses démons et regarder en face son fardeau, symboliser par la statue, l'accepter, le recoller et le chérir. Suite à ça on gagne le succès "L'acceptation", phase indispensable pour de nombreux combats.
Ainsi GRIS renforce son univers composé de créatures intrigantes et d'architectures à la symétrie hypnotisante avec une symbolique forte pour laisser le joueur dans un final majestueux et finir, logiquement, sobrement, sur un tableau blanc.
.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Top 10 Jeux vidéo
Créée
le 17 déc. 2018
Critique lue 352 fois
4 j'aime
D'autres avis sur GRIS
GRIS est beau. C'est irréfutable. Que ce soit dans la flexibilité des animations ou dans la profondeur des décors, tout est parfait et pourrait faire rougir les plus grands noms du jeu vidéo 2D. Il...
Par
le 5 mars 2019
58 j'aime
19
Avant de commencer, je tiens à préciser que vu que je parle passionnément du jeu, et que je parle même de son sens et de son message, il y a une partie de spoils sur ce dernier. J'indiquerai la...
le 21 déc. 2018
31 j'aime
3
Gris n'est pas un cas d'école, on ne peut ni le vivre ni garder une approche plus conventionnelle. Même si on s'accordera sur le fait que le jeux vidéo est un art, il faut bien avouer qu'il est...
Par
le 30 avr. 2021
14 j'aime
7
Du même critique
Les planches colorées de Blacksad, le passage silencieux des girafes de The Last of Us, le périple au bout des tripes de La Horde du Contrevent, la mélancolie esthétique de Blade Runner, les refrains...
le 17 déc. 2018
4 j'aime
Des scènes de combat à la chorégraphies délirantes La retranscription immersive de l'époque Edo avec la quiétude des paysages nipponsUne animation vivante couplée à une photographie maitriséeUne...
le 24 nov. 2023