Half-Life: Alyx a beau être sorti en 2020, difficile de ne pas lancer cet Half-Life 2 : Épisode 2 sans un goût doux-amer en bouche. Non pas que l'épisode, le standalone, soit mauvais, loin de là, mais Alyx semblant se dérouler avant cet Épisode 2, difficile de ne pas être un minimum frustré quand on sait que la trilogie à laquelle on participe ne connaîtra probablement jamais de fin… surtout si l'on en croit les développeurs.
D'ailleurs, commençons par là ! Car si cet Half-Life 2 : Épisode 2 est déjà frustrant en soi, qu'il le devient encore plus quand on voit sa fin, il le devient encore davantage une fois que l'on rejoue au jeu avec les commentaires des développeurs activés, ces derniers faisant de nombreux renvois à un Épisode 3 qui, si on s'en tient stricto sensu à leur propre dire, aurait dû sortir peu de temps après le jeu dont il est question ici. Histoire d'enfoncer le clou, même la mort d'Éli a été conçu dans ce sens, afin de créer un cliffhanger pour ce même troisième épisode. Comment ne pas détester Valve après ça ?
Bref, trêve de frustration, que vaut cet Half-Life 2 : Épisode 2 ? Comme d'habitude avec moi, on va commencer directement par la conclusion et approfondir ensuite : bien que je place ce second épisode un cran au-dessus du premier, je dois bien avouer qu'il m'a aussi un peu déçu.
Disons que les retours concernant l'Épisode 2 sont généralement bien plus élogieux que ceux du premier. Vu que j'aime bien palabrer, m'attarder sur des détails futiles, j'ai constaté (du moins à l'heure où j'écris ces lignes) qu'Half-Life 2 : Épisode 2 (que j'appellerais Ép2 à partir de là parce que ça va franchement commencer à me gaver ces répétitions à la con) possède une moyenne de 7,8 sur SensCritique, contre une moyenne de 7,2 pour l'Ép1 et de 8 pour le titre original, ce qui placerait cet Ép2, qualitativement parlant, plus proche du HL2 original que de son prédécesseur : pas mal pour un standalone. Sauf que c'est là où le bât blesse : si cet Ép2 possède de nombreuses qualités, qu'il apporte avec lui des ajouts bienvenus, des séquences variées, il apporte par la même occasion quelques défauts que je n'avais pas vus jusque-là dans cette licence, y compris dans l'effroyable Blue Shift.
Prenons les séquences variées. Pour le coup, le titre ne s'en sort pas trop mal à ce niveau-là puisqu'on a droit à plusieurs séquences de « défense » différentes : l'une durant laquelle nous sommes face à une horde de fourmilions, une autre dans laquelle nous sommes piégés dans une sorte de villa et une dernière dans laquelle nous devons protéger plusieurs installations en éliminant des striders… sauf que voilà, si la première séquence de défense, celle durant laquelle nous sommes accompagnées de deux tourelles et de deux soldats, ne se révèle déjà pas des plus intéressantes notamment parce qu'on ne joue pas vraiment (ce qui fait que je me suis quand même pas mal fait chier à ce moment-là) ; la dernière séquence de défense, et accessoirement la dernière phase d'action du jeu, se révèle particulièrement mauvaise. Le level design est raté, on est attaqué de partout sans possibilité de se mettre réellement à couvert ; les chasseurs (un nouveau type d'ennemi) possèdent beaucoup trop de vie en mode difficile (première fois que je tombe sur le syndrome « sac-à-PV » dans ce mode difficulté dans les Half-Life 2), les rendant juste chiant à battre ; on est obligé de se taper de nombreux allers-retours tout aussi chiant avec la bagnole ; nos « alliés » ne servent à rien… si j'en crois les commentaires des développeurs, c'est la partie qui a pris le plus de temps pour être développé, et ça me donne clairement l'impression que les développeurs sont tombés en plein dans l'aversion à la perte tant cette phase se révèle peu qualitative par rapport au reste du jeu.
C'est dommage parce que certains passages sont réussis, notamment celui dans le nid de fourmillons, remplis de larves qui redonnent de la vie proportionnellement à la santé du joueur, et avec sa partie de cache-cache avec un colosse. Aussi, le fait d'être enfin accompagné par un vortigaunt, bien que rendant le jeu trop facile par moment, apporte un peu de variétés à l'ensemble… à noter d'ailleurs qu'Alyx se révèle bien moins chiante dans cet épisode, parce qu'elle va se retrouver HS durant une bonne partie de l'aventure certes, mais aussi parce qu'on ne se retrouve pas dans des couloirs aussi exigus que dans l'Ép1 (ce qui m'a donné moins envie de la taper !).
Si aucune nouvelle arme n'a été intégrée au titre, mis à part le dispositif Magnusson, un gadget nul utilisé pour la séquence nulle à la fin (au cas où vous n'auriez toujours pas compris que j'ai trouvé cette dernière phase de jeu particulièrement mauvaise), il est à noter que l'énergie de la lampe-torche n'est plus indexée sur la puissance de notre combinaison (ce qui est une bonne chose, bien que ce ne soit justifié nulle part et juste survolé dans les commentaires des développeurs) et que deux nouveaux ennemis se retrouveront face à nous : la fourmi-lion ouvrière dans un premier temps, capable de lancer des sortes d'obus d'acide à grande distance, très sympa, car nous obligeant à slalomer entre ses tirs ; et le chasseur, un ennemi intéressant à battre en petit nombre ou dans les endroits exigus… mais chiants dans les zones ouvertes et une fois qu'ils se retrouvent en troupeau (je parle de la séquence de fin au cas où vous auriez oublié). Dernier changement, la voiture que l'on obtiendra au cours du jeu sera améliorée à deux reprises, une première fois afin de pouvoir débloquer des caches secrètes sur la carte, ce qui ajoute quelques énigmes plutôt sympathiques au titre, et une seconde fois (juste avant cette dernière formidable séquence de jeu) dans le but de pouvoir repérer les ennemis sur le radar.
Niveau durée de vie, le titre se termine en cinq heures de jeu environ, mais tout comme pour son prédécesseur, et comme déjà mentionnées à plusieurs reprises, les développeurs ont eu la bonne idée d'intégrer un mode commentaires, ce qui double la durée de vie. Bon après pour le coup, j'ai trouvé les commentaires moins pertinents que dans l'Ép1 : plus éparpillés, plus répétitifs (dans le sens où on a l'impression de réentendre certains commentaires), et moins illustrés (pas de concept art, de vidéos, ou autre…).
Concernant l'univers du titre, cet Ép2 intègre un nouveau personnage d'une élégance rare, le Docteur Magnusson, personnage que j'aurais pu croire introduit de nulle part si le titre n'avait pas précisé que c'était celui dont j'avais fait exploser le repas dans le micro-ondes dans Half-Life premier du nom (bonne idée que d'exploiter ses gags jusqu'au bout, Kojima approuverait !) et met les vortigaunts davantage au premier plan (on y voit Urial, un vort scientifique), leurs dialogues se révélant d'ailleurs particulièrement savoureux. Ce qui m'a le plus frappé (même si je m'y attendais), comme beaucoup d'autres joueurs je suppose, c'est la fusion d'Half-Life avec l'univers de Portal, Aperture Science étant à plusieurs reprises mentionnée… et aurait dû avoir un rôle encore plus important dans l'Ép3, via le Borealis notamment. Enfin, les conseillers du Cartel, les Shu'ulathoi, bien que déjà présents dans HL2 et l'Ép1, révèlent enfin une partie de leurs pouvoirs avec cet Ép2, ces derniers allant même jusqu'à éliminer Éli Vance. Bon après, il ne faut pas oublier, Half-Life oblige, qu'il y a toujours autant de mystères et, bien que le G-Man soit sensiblement plus présent que dans l'Ép1, qu'on n'en apprend pas des masses sur le fonctionnement de l'univers non plus (et puis ce n'est pas comme si le personnage qui nous révélait le plus d'informations crevait à la fin de l'épisode).
Graphiquement, le standalone tient toujours autant la route aujourd'hui. On est toujours sur le même moteur qu'HL2 certes, le source engine, mais les quelques améliorations du moteur, que ce soit d'un point de vue graphique (la gestion des ombres et des lumières) ou physique (la « physique cinématique ») ont été judicieusement intégrées et exploitées par les développeurs… par contre, je ne suis vraiment pas un fan de ce type de flou lumineux « gras », typique de la génération PS360. Outre le fait que le titre est toujours aussi irréprochable au niveau de sa mise en scène, j'ai trouvé le choix des couleurs particulièrement intéressant, ces dernières étant bien plus froides que dans l'Ép1, plus « bleues », s'éloignant des couleurs rouge orangé (explosives) pour se tourner vers des couleurs nous renvoyant sans cesse au superportail venu remplacer la Citadelle, et préfigurant le blanc qu'aurait dû épouser l'Ép3.
Doux-amère ! Si Half-Life 2: Episode Two était un goût, ce serait probablement celui-ci. On y prend beaucoup de plaisir… et paf, il vient te rappeler que son arc-narratif n'est toujours pas clos ! Je suis certain que ç'aurait le même effet si je m'apprêtais à offrir le jouet de rêve d'un enfant avant de le casser en mille morceaux devant lui… vous savez quoi ?! Je vais tenter l'expérience de ce pas !
De toute façon, j'aurais pu couper la conclusion aux deux tiers que vous n'auriez rien pu me repprocher !