Après avoir vu le dernier Harry Potter dans les salles obscures, c'est au jeu vidéo que je m'intéresse aujourd'hui. Je vous ai concocté un rapide test de ce nouvel épisode qui comme son prédécesseur, vous permet de déambuler librement dans les couloirs de Poudlard. Le jeu vidéo Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé est l'adaptation du film qui est lui-même l'adaptation du livre, je vous laisse imaginer le résultat. Les développeurs d'EA ont-ils fait des efforts pour ce nouvel opus ? Pour le savoir, découvrons ce léger détour vidéoludique d'Harry Potter sur PC.
Mon Dieu Ginny, qu'est-il arrivé à ton visage ?
Mon Dieu Ginny, qu'est-il arrivé à ton visage ?
Retour sur les évènements.
Inutile de faire un long rappel des faits puisque le jeu s'adresse essentiellement aux fans, néanmoins, souvenez-vous. Le retour de Voldemort est plus qu'officiel et on assiste à de nombreux assassinats et autres kidnappings. Le parrain d'Harry, Sirius Black, est mort. La situation est tellement grave que Dumbledore compte bien donner des cours particuliers au plus célèbre des magiciens tandis que Severus Rogue prend la place de professeur de Défense Contre les Forces du Mal. Harry est le nouveau capitaine des Gryffondor et il devra reconstituer une nouvelle équipe de Quidditch tout en partant dans sa mission confiée par Dumbledore ; récupérer le souvenir d'Horace Slughorn, le nouveau professeur de potions. Note importante, Harry Potter reluque de plus en plus le postérieur de Ginny. Les Aurors ont investi Poudlard afin de défendre l'établissement contre les Mangemorts. La chasse aux Horcruxes commence. Adaptation d'une mauvaise adaptation oblige, vous pouvez enlever facilement la moitié de toutes ces informations.
Sûr et certain, l'homme descend du singe.
Sûr et certain, l'homme descend du singe.
Le plus célèbre des trios de sorciers.
Le trio a bien grandi depuis le temps et s'il gagne en maturité, le jeu vidéo, lui, reste cantonné dans les années 2004-2005. Les jeux précédents n'avaient rien de palpitant, ne reprenant que le quart du roman dont ils devaient être l'adaptation alors qu'ils n'avaient pas la contrainte temps qu'ont les films. Avec une jouabilité exécrable, des graphismes venus du fond des âges et un environnement plus que fermé. Seul l'Ordre du Phénix a su tirer son épingle du jeu en offrant au joueur la possibilité de vagabonder dans Poudlard, seule qualité du jeu. On retrouve la même qualité avec le Prince de Sang-Mêlé. L'école a même droit à des salles supplémentaires comme la tour d'astronomie. Exit la carte du Maraudeur pourtant très utile dans l'Ordre du Phénix, c'est Nick Quasi-Sans-Tête qui s'improvise guide des lieux. Il ne vous reste plus qu'à vivre des évènements totalement décousus avec les mêmes faussetés du film en compagnie de Ron, Hermione et Ginny. Sans vraiment connaître les tenants et les aboutissants, vous devrez faire ami ami avec Horace Slughorn, avantage de taille, vous possédez le vieux manuel de potions du Prince de Sang-Mêlé. De quoi le séduire avec des potions parfaites.
V'là que Slughorn est devenu ventriloque !
V'là que Slughorn est devenu ventriloque !
Encore plus linéaire qu'une droite.
Aucun stress dans vos manœuvres, le jeu s'adresse clairement au jeunot qui n'a aucun talent mais qui veut à tout prix vivre l'aventure du sorcier à lunettes. Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé est dirigiste au possible, faute d'avoir une carte du Maraudeur efficace, on en possède bien une, mais elle ne sert qu'à quelques cinématiques et n'est pas accessible autrement. On se retrouve à flâner dans les couloirs sans trop savoir où nous sommes, résultat, on appel notre guide fantôme toutes les cinq minutes jusqu'à céder et simplement appuyer sur la touche N du clavier pour qu'il nous guide directement à la prochaine étape de l'aventure. Aventure très courte, faite en quatre heures par un habitué, moins si vous ne perdez pas votre temps dans des duels ou des préparations de potions aussi faciles qu'inintéressants. Le jeu dans son ensemble est tellement fade que ce n'est pas la chasse aux écussons qui empêche Harry de finir dans le placard à balais. Pourtant, il y avait quelques éléments qui avec plus d'attention auraient pu faire mouche, justement, il s'agit des duels et des préparations de potions mais d'un côté, c'est trop simple, de l'autre, on ne peut pas consommer notre préparation afin de rigoler un peu dans les couloirs de Poudlard. Surtout qu'une préparation ressemble davantage à une torture qu'à un plaisir, il vous faudra réaliser toujours les mêmes tâches dont la tâche-même est d'une répétitivité sans commune mesure. La couleur de la préparation est là pour savoir lorsque vous pouvez passer à l'étape suivante de la préparation.
Préparation d'une potion
Préparation d'une potion
Le jeu a des propriétés narcotiques flagrantes.
Au fil des heures, on découvre un jeu très limité et qui possède pourtant l'exceptionnel background créé par J.K. Rowling. Prenons le système de combat par exemple. Vous vivrez des duels timides où vous devez esquiver et jouer des quatre pouvoirs disponibles dans une telle situation. On sent là aussi l'ombre de la répétitivité qui vient nous encercler en nous disant « Toi tu vas t'ennuyer ». Et ce n'est pas les deux pouvoirs qui viennent s'ajouter quand tout va bien qui rattrapent le massacre. Il ne reste alors plus qu'une solution, se détendre dans une partie de Quidditch. C'était sans compter le malin plaisir d'EA à pourrir toutes les licences qui lui passe entre les doigts. Si le Quidditch a une place relativement importante dans le jeu, les phases sont soporifiques, il s'agira pour vous de suivre le couloir aérien qui vous est destiné à la poursuite du Vif d'Or en prenant soin de traverser une succession d'étoiles. Qu'il ne vous vienne pas à l'idée de déborder, d'accélérer ou de ralentir, vous seriez déçu.
Aucune progression graphique...
Aucune progression graphique...
Y-a-t-il un sorcier pour sauver Harry ?
Une linéarité palpable tout au long du jeu, une répétitivité à vous faire suffoquer. Mais le massacre ne s'arrête pas ici. La modélisation des personnages est à vomir, pauvre Ginny déjà pas dans son meilleur jour dans le film. Plus généralement, les visages sont très grossiers, je n'avais pas vu ça depuis 2005 ! Les décors sont ternes et sans vie, la vision lointaine alors qu'il ne s'agit que d'une simple skybox est médiocre, même Unreal Tournament 2003 faisait largement mieux. Aucun effort n'est fait de la part des développeurs qui ont bêtement repris le moteur graphique de l'Ordre du Phoenix qui n'était là aussi qu'une bête mise à jour du moteur utilisée dans la Coupe de Feu. La mauvaise qualité des textures, les PNJ qui n'ont aucune activité, le manque de cours. Rien n'est mis en œuvre pour nous immerger dans le monde de la magie. C'est d'autant plus décevant qu'il ne faudrait pas grand-chose pour rendre le jeu plus intéressant. Un moteur graphique comme l'Unreal Engine 3 capable de tourner sur des machines très modestes permettrait des graphismes plus que convenables, évitant ces textures baveuses, le manque d'objets et la répétitivité de ceux-ci. Bref, avec de telles capacités, flâner dans Poudlard deviendrait un réel plaisir ! Les personnages, qualité principale de l'Unreal Engine 3, seraient des merveilles à observer. Ajoutez-y une petite dose de scripts pour voir des élèves qui se draguent, d'autres qui travaillent, d'autres qui s'entraînent au Quidditch, d'autres qui assistent à leurs cours (bah oui, il y a sept promotions dans l'école), d'autres qui vont à la bibliothèque, qui jouent aux échecs, qui pratiquent de la magie, qui font des farces, qui se font des duels. Des choses qui n'ont rien d'exceptionnels puisque l'on voit ça dans les jeux vidéo depuis 2005 et qui pourtant, donnerait vie au jeu Harry Potter. Surtout qu'EA ayant déjà plusieurs licences de l'Unreal Engine 3 n'aurait pas de mal à en obtenir une autre supplémentaire. Encore mieux, en s'acquittant de l'aventure principale, avoir le droit de vivre une année à Poudlard avec son propre magicien en vivant le planning d'un sorcier lambda. Bref, une jouabilité que connaît EA avec ses Sims sans avoir tous les artifices de création.
Le Terrier ne prendra pas feu contrairement au film.
Le Terrier ne prendra pas feu contrairement au film.
Mimi Geignarde va continuer de pleurnicher.
Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé est clairement mauvais. Fade, terne, insipide, je n'ai aucun compliment à lui faire, on est proche de marcher à reculons par rapport à l'Ordre du Phoenix. L'aventure se fait mais avec les mêmes erreurs scénaristiques que le film. A se demander s'ils ont lu le livre, en fait, c'est probablement le plus gros problème, le type qui s'inspire d'une adaptation d'une adaptation de l'adaptation d'une œuvre n'arrive pas à grand chose forcément. Très maigre consolation, il n'y a pas d'erreurs de traduction dans le jeu contrairement au film avec le « please » de Dumbledore lancé à Rogue. Heureusement que le tout soit bouclé en moins de six heures pour les plus assidus d'entre vous, quatre pour les plus rapides. C'est d'autant plus dommage que le jeu a un grand potentiel. On sent ici les habitudes pompes à fric d'EA qui se contente de faire un jeu basique au contenu basique avec une jouabilité basique et aux graphismes basiques tout en se permettant de le vendre à 50€. Un seul plaisir, pouvoir contrôler ces célébrités de la magie.