Hellblade est loin d'être le jeu parfait en VR. C'est même loin d'être un jeu parfait en 2D plate. Le gameplay de combat est très simple et donc répétitif, les puzzles à résoudre se ressemblent également et peuvent être lassant. On trouve des petits soucis de collision, on ne peut pas reprendre à un chapitre après avoir fini le jeu, et l'histoire très dramatique versant clairement dans l'horreur ne satisfera pas tout le monde. Le portage en VR est très léger : on contrôle à la manette, aucune mécanique de VR pure n'est implémentée.
Mais pourtant, c'est un solide 8/10 pour moi. Pourquoi ? Déjà, remettons les choses à leur place, ce n'est pas un AAA à 100M$ de budget, c'est un jeu indépendant. Ce n'est ni un jeu de combat pur, ni de puzzles. C'est avant tout un jeu narratif très porté sur l'ambiance, les décors et la métaphore permanente sur la psychose au travers du chemin de croix de Senua. L'histoire en elle même n'est au final même pas révélée dans ses détails, on ne court pas après un twist ici. L'ambiance générale prime, et si vous n'entrez pas dedans, le jeu sera peu passionnant. Si ce trip horrifique vous attrape par contre, c'est tout de même très très solide pour un jeu indépendant. Malgré les petits bugs graphiques, c'est magnifique visuellement, les décors sont de grande qualité. Les scènes de combat sont basiques certes, mais pour qui n'aime pas se prendre la tête à apprendre des combinaisons, c'est simple et efficace. Les puzzles, autant en 2D je pense que je m'en lasserais un peu, autant en VR, cela permet de profiter des décors et de se balader, au contraire des combats. Je n'ai jamais eu de lassitude sur cette alternance permanente entre ces modes de jeu. Quant à la narration, si le fond de l'histoire importe au final peu, l'ambiance générale très pesante est bien mise en scène (beaucoup de gros plans sur Senua, on joue beaucoup sur l'intimité avec le personnage), bonne musique, des scènes vraiment horrifiques et pesantes, voix off et effets sonores très soignés et à écouter plutôt avec un casque.
Et l'apport de la VR ne se limite pas à bien profiter des décors. L'effet horrifique du jeu est clairement décuplé en VR. Même s'il n'y a aucun mécanisme de VR ici, même au pad, on se prend bien plus à l'histoire qu'en 2D. Les scènes cinématographiques (présentées dans un cadre 2D) cassent l'immersion, bien sûr, mais les transitions de sortie font toujours leur effet. Malgré tous ces défauts, l'apport de la VR est évident. Bravo à Ninja Theory d'avoir fait cet effort.
Quant à l'impact du casque de VR en lui même, pour un jeu horrifique avec parfois des passages assez sombres, si j'ai trouvé l'expérience sur un casque LCD type Quest 3 très plaisante au niveau graphique, ça se corse quand c'est sombre. Les passages lumineux sont également moins marquants, l'immersion est là, mais le manque de contraste est clairement un souci. D'un autre côté, un casque OLED permet de prendre quelques petites claques par moment. L'introduction, avec le reflet du soleil dans l'eau, superbe. Le combat au milieu du décor en flamme, claque. Hélas, la gestion des noirs ne semblent pas parfaitement adapté aux casques OLED : ce n'est PAS un noir pur, et c'est alors la fête de l'effet Mura sur un casque type PSVR2. Mais à choisir, je pense préférer sacrifier la clarté d'optiques comme celle d'un Quest 3 pour le contraste et la luminosité d'un OLED même perfectible comme le PSVR2. Le casque parfait pour ce jeu n'existe peut-être pas, du moins pas à un budget raisonnable ! : )