Hunted: The Demon's Forge par pathfinding
Premier jeu du studio InXile Entertainment, Hunted : The Demon's Forge nous propose d'explorer les profondeurs de Kala moor en compagnie d'un homme et d'une elfe qui ne laisseront pas indifférents. Brian Fargo, directeur général du studio qui a travaillé auparavant sur Baldur's Gate ou encore IceWind Dale nous a-t-il réservé une bonne surprise ?
NE LES PRENEZ PAS AU SÉRIEUX
Hunted : The Demon's Forge nous propose de suivre les pérégrinations de Caddoc, le genre d'homme qui avale toute une boîte de stéroïdes anabolisants au petit dej', et E'Lara, une elfe svelte dont on voudrait bien arracher les lambeaux de vêtements qu'il lui reste sur le dos. Ils vont croiser le chemin d'une sorcière dont l'authenticité de sa poitrine vous paraîtra aussi douteuse que les richesses qu'elle fait miroiter à nos deux héros. Cette inconnue ne vous apparaît que sous forme d'illusions, elle est en fait prisonnière des wargars, d'anciens être humains pervertis par une substance nommée Sleg, et elle vous demande de la libérer. Après quelques dandinements de son postérieur, Caddoc est tout à fait opérationnel pour un sauvetage risqué tandis qu'E'Lara suinte la jalousie mais accepte, se disant sûrement qu'avec tout cet or, elle pourra s'offrir la même poitrine. Tout ça paraît bien stéréotypé, et c'est le cas, c'est même flippant tant cela semble poussé à l'extrême mais les développeurs d'InXile Entertainment s'en jouent, Caddoc, le plus bourrin du duo propose toujours les approches les plus subtiles tandis qu'E'Lera revendique que foncer dans le tas est moins chronophage. Toute la partie est une joute verbale entre ces deux personnages atypiques, E'Lara se casse la gueule dans la vase d'une rivière et voilà que Caddoc lance quelques moqueries. Si les vannes sont rarement exceptionnelles, elles arriveront à vous faire esquisser un sourire à plusieurs reprises. Les joueuses ne seront d'ailleurs pas indifférentes aux talents d'oratrices d'E'Lara, plus subtile en communication qu'en combat, c'est finalement elle, le cerveau de la bande. Dans un tel contexte d'écriture, il y a une part importante qui repose sur la justesse des doublages, Hunted : The Demon's Forge tente de voler la vedette à Two Worlds II sans y parvenir, les voix des protagonistes principaux sont trop correctes pour cela, en revanche, vous rigolerez bien lors de votre arrivée à Dyfed, premier chapitre de votre voyage, où vous croiserez un homme ensanglanté, au crépuscule de la vie vous prévenir comme il aurait pu vous demander si vous vouliez boire un verre :
« Mais courez bande de fous ! »
Le hasard fait que c'est drôle sans sombrer dans le ridicule comme le palmé Two Worlds, ce n'est pas vraiment volontaire de la part du studio mais leurs choix précédents font que cela passe sans avoir envie de balancer son PC par la fenêtre.
Vous commencez donc à découvrir un jeu avec ses faiblesses, outre les doublages, la technique a quelques contrariétés. Le level design est plutôt moyen, inspiré, alternant des grottes sombres avec des forêts tropicales, il est particulièrement linéaire, ne proposant jamais de choisir entre plusieurs chemins, ce qui aurait amélioré le potentiel de rejouabilité. Si nous nous arrêtons purement sur l'aspect graphique, Hunted : The Demon's Forge se regarde, quelques textures ratées, des animations venues d'un autre temps, notamment les déplacements de nos héros. Concernant l'IA, celle-ci ne brille pas non plus, fonçant dans le tas et ayant des difficultés à ne pas montrer son crâne derrière une barricade. Toutefois, nous lui pardonnons ses égarements étant donné la nature du jeu.
SIMPLE ET EFFICACE
Hunted : The Demon's Forge n'offre pas un challenge insurmontable sur PC alors que les joueurs consoles accusent des difficultés dès le tutorial, même si le jeu est fait pour manette, le combo clavier/souris reste le plus efficace. Bien entendu, le jeu recèle ses petites subtilités, vous ne pouvez pas changer de personnage en plein combat, vous trouverez seulement ici et là des pierres qui vous permettront de changer de corps. Vous constaterez rapidement qu'E'Lara est plus douée à distance qu'au corps à corps et que c'est l'inverse pour le musculeux Caddoc. Des caractéristiques qui font que vous devez adopter une stratégie viable pour réussir, par exemple, vous triompherez en liant planques et déplacements latéraux avec l'elfette. En revanche, Caddoc semble servir de bouclier humain et son style requiert bien moins d'attention sur sa jauge de santé. Une jauge qui, d'ailleurs, n'augmente pas dès que vous êtes réfugié derrière un tonneau, vous transportez des fioles de santé en quantité limité qu'il faut utiliser avec parcimonie. À partir de là, vous êtes rôdé pour terminer le jeu en difficulté moyenne, il ne vous reste plus qu'à maîtriser les pouvoirs du duo et tâter la difficulté maximale.
Tout l'intérêt de ces pouvoirs vient en les combinant avec les capacités de votre acolyte, Caddoc peut soulever dans les airs les ennemis qui l'encercle et E'Lara bénéficie alors d'un bonus d'attaque avec ses flèches. À l'inverse, la belle elfe peut tirer des flèches glacées qui gèlent l'ennemi, un coup de massue de Caddoc termine alors le travail. Des pouvoirs magiques peuvent être utilisés de manière active ou passive comme les éclairs qui peuvent être jeté sur les ennemis ou emmagasiné dans le corps de votre compagnon pour lui octroyer des bonus d'attaque. Vous remarquerez que vos pouvoirs ne peuvent influencer vos propres capacités et c'est ce qui rend le coopératif plutôt intéressant.
En terme de gameplay, E'Lara semble être le personnage le plus intéressant grâce à sa polyvalence, la cocotte vide son carquois à la vitesse de l'éclair et massacre avec style de plusieurs flèches dans la tête dans un coup fatal plus ou moins réussi. Dès le chapitre 2, elle commencera à ramasser des épées légères aux caractéristiques qui n'auront pas à rougir des armes de Caddoc. Il n'y aura que sa santé qui pourra être un frein aux attaques de front. Néanmoins, le réel aspect positif du jeu repose sur le coopératif et donc, sur le jeu en ligne, un mode en écran partagé retiré sur PC on ne sait trop pourquoi faisant défaut. Pas tant pour le solo dont la campagne est difficile à mener sur Internet vis-à-vis de quelques bugs et des checkpoints pas toujours bien placés, mais pour l'outil Crucible du jeu. Durant le jeu solo, vous ramasserez des pièces, celles-ci vont servir en quelque sorte à financer la création de niveaux supplémentaires. Vous pouvez grâce à elles paramétrer un donjon sans en définir réellement les moindres détails comme la forme de celui-ci mais en choisissant les ennemis présents dans chaque salle, les potions à ramasser ou les armes. Vous pourrez alors partager ce niveau à la communauté pour qu'eux aussi s'échinent à terminer votre création. Un plus multi utile à une durée de vie solo qui en avait besoin, si les plus courageux mèneront deux parties, l'une en privilégiant Caddoc, l'autre avec E'Lara, les autres se contenteront de faire une fois les cinq chapitres de jeu en tâchant toutefois de découvrir tous les lieux secrets du jeu. Certains de ces lieux sont des petits donjons à eux tout seuls, avec ses énigmes et ses boss qui vous attendront au bout du tunnel.
PREMIER COUP D'ESSAI
Avec une bonne dizaine d'heures de jeu en solo et son multi coopératif peu dépendant du nombre de joueurs présents en ligne, Hunted : The Demon's Forge s'en sort pas si mal. Les dialogues français ne sont pas brillants mais le côté ridicule se mêle bien aux phrases chocs du duo Caddoc et E'Lara, peu charismatique, on éprouve pourtant une certaine compassion pour eux et on imagine qu'avec plus de moyens, un prochain jeu pourrait être vraiment sympathique. Ce hack'n'slash aux airs de RPG accuse techniquement sans pour autant jouer les Duke Nukem Forever. En définitive, nous pouvons lui reprocher un manque de finition qui fait que chaque élément de gameplay semble avoir été survolé par les développeurs, à l'image des énigmes ponctuant la partie, vraiment trop simples. Un jeu moyen qu'il convient de tester en coopératif pour se faire une idée du soft.