Niveau d'abstraction graphique quasi miraculeux.

Par Jérôme Dittmar

La fragmentation épisodique des DLC devient plus que jamais un moyen non moins d'accroître la captivité du joueur, que d'étoffer les jeux. Les développeurs l'ont compris et InFamous First Light (stand alone récupérable online ou bientôt en boîte) apporte un peu plus la preuve que pour faire bien, du contenu additionnel, solo, il faut aller voler aux séries leur cuisine. Ainsi de cette prequel suivant la tragédie de Fetch, héroïne électrique tourmentée prenant ses pouvoirs du néon. Dans un esprit tout aussi comics puisant dans la mythologie X Men, la petite histoire suit la même trajectoire, et la même tonalité que Second Son. L'humeur est teenage, à la fois grave, insouciante et rebelle, teintée de cette jolie superficialité que son grand frère pratiquait déjà. Rien ne change donc, et la quête de vengeance justifie avec un identique goût des conventions l'utilité d'une intrigue archi balisée mais qui, pourtant, fonctionne, sans doute par ce miracle des grands récits populaires.

Mais First Light est surtout l'occasion d'un retour en ville, ou plutôt d'un retour sur la surface d'une Seattle transformée en aire de jeu. Plus encore que Second Son, les pouvoirs de Fetch rendent chaque parcelle de l'espace à une plasticité sidérante d'élasticité. Au fur et à mesure que ses capacités augmentent, le jeu ne cesse de gagner en vitesse, les combats deviennent des ballets ivres de lumières violettes où l'on ne suit plus un corps, mais des traces, des nuées, des lignes ou des courbes de particules. Le niveau d'abstraction graphique atteint ici par Sucker Punch est quasi miraculeux. Et non seulement puissant visuellement, qu'il est aussi (relativement) rigoureux dans sa pratique, offrant des possibilités d'enchaînements d'une fluidité sidérante. Sans réinventer ce qu'offrait déjà Second Son, First Light semble pousser plus loin une pratique de l'espace en trois dimensions, une manière de se mouvoir dedans, avec les capacités physiques non plus des corps mais d'une pure énergie.

Avec ses airs d'open world post PS2, moins dans la vraisemblance d'un monde que la pratique jouissive d'un espace déréalisé, First Light confirme ce qu'on savait déjà avec Second Son. Il répond aussi bien au défi technologique qu'il est supposé incarner pour la PS4, qu'il le transforme en un tout cohérent, aussi bien d'un point de vue narratif que ludique. La coïncidence entre ces personnages, leur jeunesse, et la pratique du jeu, ce par quoi il existe, ce qu'il met en scène, est presque parfaite. Il ne faut évidemment pas s'attendre à plus que ça, mais c'est déjà beaucoup.
Chro
6
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le 29 août 2014

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