ISS Pro Evolution 2 par Damien Jd
Quoi de plus banal qu'un mec de 23 ans qui a passé la majeure partie de son adolescence dans les années 2000 et qui a dévoré la saga des PES ? La gue-guerre FIFA-PES, c'est en quelque sorte l'OM-PSG des jeux vidéo : l'un et l'autre connaissent des crises, des périodes d'énormes succès et ont des fans débiles un peu partout.
ISS Pro Evolution 2, c'est le tout premier jeu « de qualité » auquel j'ai pu jouer.
Autant dire qu'au départ, j'en ai chié. Le jeu était assez difficile d'accès pour les néophytes et il fallait se défaire d'une certaine mécanique apprise des anciens FIFA, qui sont de vastes blagues. Appuyer bêtement sur un bouton pour reprendre un centre sans aucune notion de timing ni de puissance, tacler le gardien de but, dribbler tout le terrain avec le ballon qui te colle aux baskets...non non. La parti pris d'ISS et PES, c'était le réalisme du jeu, pas seulement le visuel. Il fallait jouer INTELLIGENT et COLLECTIF.
La première difficulté, c'est qu'il fallait doser la puissance de ses frappes et de ses passes. Alors que sur un FIFA de l'époque (FIFA 99, par exemple), le côté arcade était clairement assumé et tu pouvais marquer 10 buts en collant autant de retournés acrobatiques. Il m'aura fallu des pelletées de mouettes fauchées en plein vol pour pouvoir cadrer un parpaing d'Edgar Davids (un de mes joueurs préférés de l'époque). Puis gérer le timing des passes, le physique des joueurs, leurs capacités d'accélération et avoir des scores réalistes à la fin du match. A moins, bien sûr, de prendre une grosse équipe en mode facile contre la Chine, avec un match de 20 minutes, voilà pour mon côté « gros lâche ».
Concernant l'animation des joueurs, elle est tout bonnement exceptionnelle pour l'époque. Sachant que le jeu est sorti en 2000 sur une PS1, l'animation est fluide et réaliste, et les concepteurs ont pu intégrer quelques caractéristiques physiques des stars de l'époque (genre la calvitie de Zidane) sur des visages qui ressemblent quand même à un tas de pixels. Tu pouvais même créer tes propres joueurs, alors j'ai fait ce que tout ado fait sur un jeu de foot : je me suis créé. Avec mon équipe du samedi après-midi, bien sûr.
Il y avait le choix entre plus d'une cinquantaine d'équipes nationales (dont, pour les plus incongrues, les Emirats Arabes Unis, la Jamaïque et la Chine), la Coupe du Monde, les coupes « régionales », la Coupe Konami, le mode « Match All-Stars » et la fameuse Ligue Master. D'ailleurs, il était impossible de faire un match amical avec un club, chose qui sera corrigée lors de la sortie de PES1. Elle regroupait 32 clubs, parmi les meilleurs du monde, avec toujours les mêmes incongruités : que venait foutre West Ham au milieu de Manchester, Barcelone, Marseille et le Real ? On ne pouvait y jouer qu'à partir du mode « Difficile ». Après des heures de jeu et un 4-3-3 adapté, c'est un jeu d'enfant.
Oh, autre chose : faute de droits, la plupart des joueurs avaient des noms légèrement modifiés. C'était l'un des gros problèmes de la série des ISS/PES : la difficulté d'obtenir la licence FIFPRO (qui autorise la reproduction des vrais noms des clubs, joueurs, et de leur identité visuelle). Bon, contrairement aux opus qui ont suivi, une bonne connaissance footballistique suffisait à modifier la base de données (« Ronnaldo » n'avait qu'un « n » à se faire soustraire). Une petite demi-heure, un exemplaire de JoyPad et l'affaire était torchée.
ISS Pro Evolution 2, ce sont des matches épiques avec mon frangin, c'est perdre 4-1 à la mi-temps pour gagner 5-4 à la fin, c'est cette demi-finale de l'EURO 2000 France-Italie où je suis passé par toutes les émotions, une prolongation épique (au but en or, évidemment) où un attaquant italien se présente seul face à Barthez et trouve par je ne sais quel miracle l'intérieur du poteau, et Emmanuel Petit (et sa queue de cheval en pixel) qui crucifie les macaronis sur la contre-attaque. J'en ai bouffé mon fauteuil. Des matches épiques, des joueurs que j'admirais, j'ai racheté le jeu une misère l'an dernier. Il a certes mal vieilli, mais c'est pas ce que je lui demande après tout. Toujours aussi prenant.