On peut trouver beaucoup de qualités à Jenny Leclue Detectivu. En tant que jeu d’aventure narratif, l'essentiel est là : l’histoire est très sympa, virant peu à peu du policier tendance « jeunesse » à la SF la plus échevelée. C’est souvent drôle, et s’ajoute à cela une dimension métafictionnelle qui fonctionne plutôt bien (Jenny Leclue étant d’emblée présentée comme l’héroïne fictive d’une série de livres sur le déclin, et le jeu faisant la part belle aux états d’âme de l’auteur). L’aspect graphique n’est pas en reste, doté d’un cachet indéniable, et donnant parfois à voir de très jolis tableaux. L’artiste scntfc, à la bande-son, livre une partition planante qui n’est pas sans rappeler son travail pour Oxenfree, et contribue amplement à l’atmosphère à la fois rétro et onirique du jeu.
C’est au niveau des phases de gameplay que le bât blesse : la plupart des puzzles, sans être spécialement complexes, sont tout simplement lourdingues, et ne font que hacher la narration sans apporter de valeur ajoutée, d’autant plus que les déplacements de Jenny sont loin d’être fluides. Je veux bien comprendre que les phases de déduction s’accordent au côté « enquête » du jeu, pourquoi pas, mais d’autres passages se justifient beaucoup moins, et donnent plutôt l’impression de rallonger artificiellement la durée de vie (au bout du troisième puzzle où je dois raccorder des fils électriques, je craque).
En somme, l’intérêt de Jenny Leclue baisse nettement à partir du moment où il essaye de s’affirmer comme un jeu de plates-formes/réflexion. C’est dommage. Mais même si certains mécanismes viennent l’alourdir, il s’agit toujours d’une expérience narrative à côté de laquelle je ne regrette pas être passé.