Journey est à ce jour, mon expérience de jeu la plus compliquée à expliquer. J'aime ce jeu. Je l'aime vraiment, je l'aime énormément. Cependant, cet affect est en demie-teinte. En nous le vendant comme un jeu indépendant, Sony a déjà fait une énorme boulette (une erreur reproduite par Ubisoft avec Child of Light en 2014...). Mais n'étant pas dans ma nature de juger le contenu d'un jeu par rapport à son marketing, je veux bien pardonner.
J'aime Journey, car il est beau. C'est un exemple de fluidité, la caméra est impeccable, le design sobre et minimal rend le tout réellement très propre. La bande originale est à ce jour une de mes favorites. Jusque là, on voit presque pointer de son nez la perfection pour quelqu'un comme moi, à savoir un grand sentimental amoureux des ambiances calmes et simples. Cependant, je suis aussi un grand adepte de la narration. Un jeu, comme un film ou un livre, comme n'importe quel média racontant, expliquant quelque chose, se doit d'avoir une narration claire, même si son propos se veut complexe. Or, Journey, par son manque de dialogue qui fait d'ailleurs tout le charme du jeu, ne facilite pas la compréhension de ce propos, ne nous propose pas de réel propos, et se voit sans imagination rapidement vide. Nous pourrions y voir ici une métaphore de la vie, et c'est très surement ce que c'est - mais la manière dont le propos est apporté est trop nébuleux et pourrait déplaire à quiconque aime qu'on lui raconte des histoires.
La durée de vie aussi, pourrait être considérée comme un défaut majeur. 14.99€ pour un jeu d'une durée de trois heures en l'explorant à fond, ça donne un peu l'impression de se faire arnaquer... Cependant, je trouve que sa durée est justifiée. Cinq chapitres, c'est largement suffisant, et ça rentre dans la lignée des jeux de ThatGameCompany qui ne disposent jamais de beaucoup de chapitres.
Mais... Mais mais mais. Journey mérite mon 10, malgré cette digression qui semble teinter d'ombre mon ressenti. Comme je l'ai dis, j'aime ce jeu, car on peut imaginer. Inventer. Avec un univers fini et une ambiance constante, ce jeu m'a permis de me créer des histoires, de me faire des amis pas si imaginaires que ça grâce au mode en ligne. J'ai été amusé, ému, j'ai eu peur sur ce jeu. J'ai guidé, j'ai été guidé, j'ai été surpris. Journey a été une expérience plaisante dont je ne me lasse toujours pas.
Alors certes, peut-être que son propos est simpliste au même titre que son design, peut-être qu'une certaine facilité est présente... Mais au diable les tatillonnages. Journey est beau, Journey est bien, et il mérite qu'on lui accorde l'intérêt que Sony voulait qu'on lui porte.