Entre la sortie de Just Cause 2 et celle de ce troisième épisode il s'est écoulé 5 ans, soit une éternité à l'échelle de l'industrie du jeu vidéo. Une éternité qui n'a pas du tout été mise à profit par le nouveau studio d'Avalanche Studios pour regarder ce qu'il s'est passé dans le paysage vidéo-ludique. Just Cause 3 débarque comme si on était toujours en 2010, avec les mêmes rigidités dans la maniabilité, les mêmes flingues complètement pourris, la même conduite molle et agaçante, la même écriture qui se veut parodique mais qui est en réalité pénible. Le grappin est toujours là, tant mieux, c'est un peu le seul argument intéressant de la licence avec la liberté de déplacement... mais une liberté pour faire quoi ? Une question qui reste sans réponse tant les nouvelles aventures de Rico Rodriguez tournent à vide.


Le prétexte lui non plus n'a pas changé : tout faire exploser. Malheureusement, dans ce domaine-là, Just Cause 3 a aussi 5 ans de retard. Avec ses immeubles figés, qui ne bronchent ni sous les roquettes, ni sous les obus, il ne parvient jamais à procurer la jouissance d'un Red Faction: Guerilla et de ses bâtisses que l'on pouvait démolir brique par brique, ou d'un Battlefield 4/Battlefield Bad Company dont les bâtiments plient sous un déluge de feu. En dehors d'une poignée de structures sans envergure marquée de rouge la destruction massive n'a jamais vraiment lieu. Oui, la carte est immense, oui les différentes régions sont diversifiées mais Far Cry 3, pourtant sorti en 2012, proposait un monde insulaire bien plus dense, crédible et surtout bien plus intéressant en matière de destruction. La jungle de Just Cause 3 est statique, la physique des arbres abattus est simpliste et malgré toutes les explosions du monde il est impossible d'y déclencher un incendie. Sans remonter jusqu'à 2012 il suffit de se pencher sur les déserts envoûtants et les skybox sublimes de Mad Max, développé par le studio originel d'Avalanche Studios, pour être blasé du rendu générique de Just Cause 3. D'ailleurs il y a un énorme fossé qui sépare les poursuites ultra nerveuses et jouissives de Mad max des douloureuse virées en briques à roulettes de Just Cause 3.


Le grappin autorise maintenant plus de possibilités en fixant les deux extrémités sur deux surfaces différentes puis en appuyant sur un bouton pour enrouler et donc provoquer des collisions ? Pas de bol, l'enroulement est lent et avec des décors indestructibles, ça ne donne rien la moitié du temps. Pas de bol bis, Red Faction Armageddon proposait en 2011 le magnet gun qui fonctionnait sur le même principe sauf qu'il incluait une puissante accélération faisant vraiment tout voler à travers le décor, permettant même de transpercer un mur ou un plancher avec un ennemi tracté à pleine vitesse.


Les seuls bons moments de Just Cause 3 sont à bord des hélicoptères, à la fois simples à manier et parfaitement destructeurs. Comme pour tout le reste du jeu, on finit par tourner vite en rond, à blaster mécaniquement des usines sans âmes depuis les cieux, mais il faut reconnaître qu'au moins les sensations sont présentes.


Just Cause 3 ne promet pas grand chose et pourtant, il arrive à ne pas le délivrer et comme son prédécesseur, ce ne sont pas les missions sans intérêt et les objectifs ultra répétitifs qui vont motiver qui que ce soit à continuer. Creux, poussif et même pas très beau Just Cause 3 n'est la caricature que d'une chose : celle de l'open world qui n'a rien à dire et rien à offrir. Peu importe l'angle par lequel on le prend, le marché offre dores et déjà bien mieux, et souvent depuis longtemps. Quitte à faire du sandbox débile et décomplexé, Saints Row IV délivre ce qu'il promet et il est trouvable pour le quart du prix de cette arnaque ambulante qu'est Just Cause 3.

Vnr-Herzog
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le 15 déc. 2015

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