Kena: Bridge of Spirits
7.2
Kena: Bridge of Spirits

Jeu de Ember Lab (2021PC)

30 heures de jeu à mon actif


Trouvé totalement par hasard au détour d'une recherche Steam, je n'ai pas pas tarder à clore la transaction, mais surtout à installer et essayer ce jeu tant il me faisait de l’œil. Kena : Bridge of Spirits, développé par Ember Lab, sorti en 2021 est un jeu que je trouve intéressant pour plusieurs raisons : la première étant de m'avoir donné immédiatement envie de l'essayer juste en dévoilant deux-trois images qui laissaient imaginer une aventure féerique, plongé dans un onirisme inspiré des mythologies asiatiques. Et surtout la deuxième, qui reste la plus surprenante pour moi, mais ce jeu est, en réalité, une forme de... "Souls-Like" ; et ça, quand on n'est pas prévenu, ça ne laisse pas indifférent, autant dans le bon que dans le mauvais sens.


Nous incarnons Kena, une jeune guide des esprits - entité qui accompagne les esprits des défunts dans l'au-delà, en quête d'un sanctuaire sacré afin de comprendre la raison d'une montée de corruption, engendrée par un chef de tribu qui semble ne pas vouloir rejoindre l'autre côté.

Pas plus de spoil, comme à mon habitude !


Et s'il faut un peu de contexte à mon expérience de jeu : je ne savais absolument pas, en démarrant ce jeu, qu'il s'agissait d'un "Souls-Like" et, étant un chasseur de succès sur Steam, observant après un rapide coup d’œil qu'il y avait un succès déblocable pour avoir fini le jeu en difficulté maximale, je me suis dit pourquoi ne pas essayer de l'avoir du premier coup ! J'ai lancé ma toute première (et ma seule d'ailleurs...) partie en difficulté maximale et ai découvert assez rapidement que ça allait être très compliqué...

Mais il reste faisable, avec beaucoup de volonté ! Je tiens à le préciser !

Et c'est en parti pour cela que j'ai trouvé ce jeu intéressant : Kena : Bridge of Spirit prend place dans un univers onirique d'influence asiatique, ce qui implique de nombreuses séances de paix intérieures, de méditation, d'approches pacifiques (elles sont nommées mais jamais mises en œuvre ; on reste sur un jeu de combat de boss)... le tout servit dans des décors magnifiques, qui laissent admiratifs et qui invitent tellement à flâner, à observer de longues minutes... Alors en faire un jeu de type "Souls-Like", dans un univers qui prône les préceptes de tolérance et de quiétude, c'est presque du génie qui brise le quatrième mur du joueur qui sera, très certainement, frustré de ne pas parvenir à défaire un des nombreux boss du jeu. Donc, si l'expérience a été intense, je ne regrette absolument pas d'avoir lancé le jeu à l'aveugle et paramétré sur le niveau de difficulté maximale : cela m'a permis d'avoir cette belle et intéressante analyse.


Reprenons les étapes clés de nos critiques à présent !


Concernant le scénario du jeu, qu'est-ce qu'il y a à dire ? Car même si c'est un jeu dont l'univers ne m'est pas forcément familier, il faut reconnaître que la figure du gardien des esprits qui aide les âmes en peine à clore leurs quêtes / devoirs de membres d'une certaine communauté à rejoindre la paix et le monde d'après, ce n'est guère originale, ne serait-ce qu'à cause des nombreuses fictions (films, séries...) qui mettent en avant de principe là. Néanmoins, le tout est agencé d'une telle manière que l'histoire contée demeure passionnante, même si elle ne transcende absolument pas le genre, notamment grâce à l'innocence (entre guillemets) de la protagoniste principale qui, malgré un respect des traditions et des règles établies, tentent de trouver des solutions nouvelles pour venir en aide aux âmes perdues.

Grosso-modo, nous avons trois gros chapitres, convoquant trois âmes à délivrer de la corruption. Chacun de ces chapitres offre une histoire intéressante, se focalisant sur les trois esprits, nous dévoilant une partie de leur passé et de ce qui les a poussé à commettre des actes au premier regard condamnables ; bien que l'aspect manichéen de ce jeu soit, même pour le grand antagoniste, relativement superflu : les choix décidés par les différents protagonistes ne sont pas foncièrement mauvais, il y a toujours de la nuance qui amène Kena à réfléchir sur les actes commis. Ainsi, c'est surtout une histoire centrée sur les dernières volontés d'action d'une âme qui avait encore tellement à faire dans le monde des vivants : si ce n'est guère original dans les faits, une fois de plus, le jeu se permet tout de même d'être un minimum inventif pour nous donner l'illusion d'une épopée nouvelle. Mais je continue à souligner le fait que l'ambiance convoquée par les développeurs permet à cette aventure d'être plus intéressante pour le joueur.


Et si l'histoire parvient par quelques pirouettes à être sympathique, c'est surtout du côté de la technique que on peut commencer à sentir le roussi. Alors, qu'on se le dise, toute la technique liée à l'exploration de la carte reste fort appréciable, même si il est un point qui peut rapidement rebuter : celui de la collecte des Rots, de petites créatures trop mignonnes qui nous permet de gagner de l'expérience pour pouvoir améliorer nos compétences martiales. Et le problème - quand bien même, à titre strictement personnel, ce ne fut mon cas - c'est qu'il n'y a pas que dix Rots à retrouver... Il y en a des tonnes, et si la plupart des recherches peuvent se révéler ingénieuses, et parfois même amusantes, force est de constater que l'on rentre très rapidement dans une routine lassante. Discutant de collectes, il nous faudra également rechercher du courrier pour débloquer des quêtes secondaires, des coffres maudits pour débloquer des défis plus ou moins corsés apportant diverses récompenses (cosmétique, expérience...), trouver les lieux de méditations pour améliorer notre barre de vie, purifier les totems pour acquérir des cristaux (l'équivalent des pièces ; de l'argent) pour acheter des chapeaux pour nos Rots (utilité purement esthétique)... Il est vrai que de ce point de vue là, Kena : Bridge of Spirit est très loin d'être un jeu vide : il y a toujours quelques choses à faire, à rechercher, à accomplir. Sachant que le principe d'exploration est également bien géré : on arrive dans une zone, on l'explore, on trouve/débloque les compétences, on défit le boss, on arrive dans une autre zone et l'on repart de plus belle ; sachant que les nouvelles compétences débloquées nous permettent d'accéder à des zones restées de côté jusque dans les premiers niveaux : de nombreux voyages sont donc à prévoir.


Et l'on trouvera les premiers gros problèmes dans les approches de combat, mais l'on y revient juste après le point suivant :


Les personnages. Commençons par Kena, la jeune gardienne des esprits. Elle demeure sympathique tout au long de notre aventure : son évolution reste assez timide mais elle en sort changée, quand bien même cela est probablement trop faible. Et cet aspect (faible changement de personnalité) peut s'expliquer par le fait qu'elle est une sorte d'esprit à qui l'on a inculqué les préceptes et traditions des anciens et qu'elle suit la voie qu'on lui a enseigné, qu'elle s'efforce de suivre. Il est également possible que ce manque d'évolution - quand bien même la personnalité de notre héroïne demeure, tout au long du jeu, admirable - par le fait que l'on a très peu d'occasion de la voir évoluer, ce qui généralement arrive durant les cinématiques. La plupart du temps, on la contrôle et l'on effectue de l'exploration pure et dure. Il n'y a donc pas forcément de la place pour une quelconque évolution drastique. Outre ce point, elle demeure un personnage principal sympathique. Et pour figure d'adjuvant qui ne sert pas énormément si ce n'est pour certaines actions de purification ou quelques combos durant les affrontements, nous avons les Rots : les petites créatures tout droit sorti de l'imaginaire du studio Ghibli (du moins, peut-on le penser) servent surtout à détendre l'atmosphère et à créer une ambiance reposante et mignonne. Pour les autres protagonistes que Kena rencontre tout au long de son périple, force est de constater que même si nous avons que quelques fragments contés, les personnages présentés sont hauts en couleur et ne manque pas de sympathie. Il en va de même pour l'antagoniste qui, malgré un dénouement assez rapide, reste imposant dans sa manière d'être ; du moins aurait-il pu l'être encore plus.

Mais dans l'ensemble, le panel de personnages est intéressant et colle à la perfection à cette ambiance de conte antique pour jeunes enfants.


Concernant la patte graphique, force est de constater que nous nous trouvons devant un véritable tableau, coloré et diablement détaillé. Les paysages sont magnifiques, les ambiances de chaque lieu sont fascinantes et surtout, la carte est assez grande pour véritablement proposer un monde organique et onirique avec ses passages d'un village à un autre acrobatiques, ses lieux de méditation et ses temples en ruines, ses forêts imposantes et ses littoraux de la même trempes. Il s'agit là, sans aucun conteste, du meilleur point que le jeu a à nous offrir. De très très loin ! Et le soucis porté aux détails est admirable - même s'il fait quelque peu pâle figure face aux triple A de ces dernières années : les vêtements mouillés quand l'on sort de l'eau, les coups reçus durant les combats, les animations de notre personnage durant les séquences de saut, de course ou de tir à l'arc... De quoi consolider l'immersion du joueur.


Pour les combats, à présent. C'est un autre monde. Déjà, c'est un "Souls-Like", et en difficulté maximale, il ne va pas falloir avoir peur de recommencer quelques dizaines de fois les boss que l'on nous présente. Des essais qui ne sont pas forcément dus à notre faible expérience de jeu ou à la découverte du boss en question : la hitbox est tout simplement fumée ! On ne sait jamais à quel moment et à quel endroit l'ennemi va pouvoir nous toucher ; à croire parfois qu'elle est complètement aléatoire ! Ce qui va causer de nombreuses défaites, nous forçant à réitérer les affrontements en faisant un peu plus attention alors qu'en fait, il semblerait simplement que les hitbox aient décidé de nous jouer de mauvais tours. Et si ce n'était que pour les gros boss, ça irait (à la rigueur, ce serait tout de même bien énervant), sauf qu'ici, ce sont quasiment tous les ennemis qui ont cet avantage non négligeable ! On a l'impression de se faire punir pour aucune bonne raison... Et j'ai cru comprendre, à la suite de mes lectures sur les critiques de ce jeu, que le mode "Facile" est... trop facile. Ce qui a de quoi agacé puisque aucune difficulté ne semble proposer le bonne équilibre, de quoi entacher l'expérience de jeu...

Outre ces problèmes fort problématiques, ce jeu nous propose tout de même des séquences dynamiques et nerveuses d'affrontements, alternant efficacement les combats de boss afin de ne pas forcément entrer dans une routine, déjà plutôt bien installée avec les différentes collectes que le jeu propose. Donc, pour un "Souls-Like", il s'agit d'une expérience intéressante.


Pour les décors et les lieux, nous en avons déjà touché quelques mots : c'est magnifique ; rien à redire.


Concernant les musiques, appliqués aux lieux susmentionnés, nous avons le droit à une composition aux petits oignons qui véhiculent admirablement l'atmosphère mystique des lieux que l'on découvre et des personnages que l'on rencontre. On aurait peut-être pu imaginer un peu plus de musiques épiques ou mélancoliques - les titres présentés étant peut-être un peu trop faible.


Néanmoins, la composition musicale demeure ici le deuxième plus gros point fort de ce jeu !

Kena : Bridge of Spirit est un jeu tout bonnement extraordinaire, sans qu'il ne soit transcendant d'un point de vue apport au monde vidéoludique. Si l'histoire parviendra à retenir mais de manière trop juste, les décors, les ambiances, les musiques et les histoires de personnages secondaires seront sans aucun doute combler la matière scénaristiques trop timide. C'est un jeu qui se veut dynamique et nerveux de part son aspect "Souls-Like" mais qui termine surtout par être un jeu contemplatif avec ces vastes décors et ses mélodies apaisantes. Néanmoins, il mérite d'être essayé et je le recommande plus que chaudement malgré sa découverte en difficulté maximale et le retour à la réalité que je me suis pris dans la figure après le premier ennemi à combattre. En espérant avoir d'aussi belle expérience que celle-là à l'avenir.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !

PhenixduXib
8
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Créée

le 8 sept. 2023

Critique lue 16 fois

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