La série des Kingdom Hearts a une résonnance particulière pour moi. Pierre angulaire de mon expérience vidéoludique lors de mon adolescence, j’avais treize ans lorsque j’ai terminé le deuxième épisode. J’étais loin d’imaginer à l’époque que ce dernier marquait le coup d’envoi d’une longue série de préquelle/spin-off et qu’il me faudrait attendre encore presque autant d’années de vie avant de pouvoir jouer à un véritable troisième épisode sur console de salon.
Il fait partie de ces jeux, ces arlésiennes comme on les appelle parfois, qu’on a tellement attendu que l’on n’en attend finalement plus rien. Et Pourtant Kingdom Hearts III ne déçoit pas. Il ne déçoit pas. Et c’est peut-être là toute une prouesse. Surtout lorsqu’on observe l’évolution des jeux de rôles japonais ces quinze dernières années et plus précisément la série des « Final Fantasy », sa plus proche cousine, tentant une nouvelle approche et d’ouvrir son monde dans son dernier épisode pour un résultat des plus bancal.
Car à l’inverse de celui-ci, n’espérez rien de révolutionnaire de Kingdom Hearts III. C’est bien simple, jouer à Kingdom Hearts III en 2019, c’est un peu comme ouvrir son coffre à jouet que l’on avait oublié, par hasard, bien des années plus tard. Ils sont tous là où on les avait laissés, comme s’ils nous avaient toujours attendu, eux. Ils ont certes pris un peu de poussière et certains défauts que l’on ne remarquait pas avant paraissent aujourd’hui évident avec nos yeux adultes. Pourtant il suffit de les reprendre quelques instants dans nos mains pour raviver des émotions enfouies.
On pourra en effet pester, comme pour les précédents épisodes, de ses problèmes de caméra récurrents, de son rythme en dent de scie, et de ses mondes aussi vides que des décors en carton-pâte (et ce n’est pas la tentative d’intégrer des villes avec des PNJ figés nous renvoyant deux générations de console en arrière qui nous prouvera le contraire). On y retrouvera aussi pourtant une certaine frénésie de l’action comme exutoire propre à la saga, des personnages attachants et une conclusion satisfaisante d’une histoire aux multiples ramifications (ce qui n’était pas une mince affaire). Mais enfin, et surtout, il s’agit d’un jeu dont la vision d’une personne, son auteur Tetsuya Nomura transparait à l’écran à chaque instant, et ce depuis le début de la série, chose finalement encore trop rare dans le jeu vidéo.
Kingdom Hearts III c’est le jeu que l’on attendait en 2006. Et c’est finalement tout ce qu’on lui demande. Merci Nomura, la prochaine fois on sera moins indulgent.
PS: Ca y est je me jette à l'eau, c'est la première critique que je publie :-)