[Critique V1.5]
Alors personnellement, je ne connaissais pas grand chose de Klonoa à part les démos sur PS1, PS2 et leurs super musiques accompagnant leurs univers enchanteurs qui rappellent à la fois Kirby et même Sonic. Mais le côté plateformes mi-2D mi-3D m'a aussi fait instantanément accroché.
Et les fan-webcomics Dream Traveler of Noctis Sol et Dream Crusaders qui font suite aux jeux m'ont donné envie d'en savoir plus. Et je peux vous dire que cette compilation des 2 premiers jeux en HD en vaut le coup.
Parmi les seuls défauts que je donnerais car y en a pas beaucoup, d'abord pour ce qui est de la compilation en elle-même :
- N'apporte pas grand-chose d'inédit à part des mode Facile et Difficile, et des costumes de Moo alternatifs pas terribles (après, j'ai pas fini les jeux autre qu'en Facile et pas à 100 % mais avec tous les Habitants et Poupées sauvées)
- Certains accès sont très frustrants car au pixel ou seconde près même en Facile (comme quoi, y a pas de honte à jouer en Facile quand on voit le nombre de vies qu'on peut perdre à cause d'un saut ou ennemi mal négocié). J'ai dû refaire l'Arche Revisitée du 2 en Normal pour arriver à obtenir une cloche nécessitant un ennemi électrique mis en boule car dans une caisse trop haute + une énigme du 1 dans les derniers niveaux avec 3 mécanismes à activer à la seconde près (sadiques, ces développeurs !)
- Le HD en moteur Unity n'est pas non plus des plus avancés technologiquement mais reste assez approprié et lisse.
Sinon, mis à part ça, voici ce que j'ai à dire de chaque jeu :
Le Voyageur des Rêves contre l'Apocalypse (Door to Phantomile)
Ça fait plaisir de revoir le design choupi kawai de Klonoa qui peut rendre les ennemis gros et ronds grâce à Huepow dans son anneau magique, plus le thème du moulin très représentatif de la série. Je suis content d'avoir enfin pu dépasser le 1er boss et de savoir enfin quel était le plan de Ghadius, Roi des Ténèbres :
En gros, il ne supporte pas ce monde de rêves et d'harmonie et veut le plonger dans un cauchemar perpétuel dominé par Nahatomb, créature créée grâce à un Pendentif Lunaire de la diva Lephise
L'occasion enfin pour moi de découvrir le reste du monde de Phantomile et certains niveaux entrecoupent certaines contrées :
- Breezegale, le Village du Vent : m'a fait redécouvrir le concept des chemins alternatifs dans Klonoa.
- Jugpot, le Royaume de l'Eau : tellement de chutes d'eau et un boss composé d'un dragon d'eau et d'un barbu sur des boules piquantes
- Forlock, le Village des Arbres : ou plutôt village dans les arbres où on va à la rescousse de Bonne Maman (pas celles des confitures XD) en passant par le Royaume de l'Eau pour faire repousser son foyer asséché.
- Coronia, Temple du Soleil : temple volant mécanique avec des boules de couleur à chercher. Avec Joka en boss à éliminer.
- Cress, Royaume Lunaire : le monde qui a failli me faire rage quit à cause de mécanismes temporaires à actionner à la seconde près. Monde de Lephise et Huepow, mais aussi de la créature de Ghadius (voir spoiler précédent).
Si le 1er jeu est coloré et à priori enfantin et joyeux la grande partie du temps, on voit aussi que Klonoa n'est pas un bête jeu "pour bébés" comme pourraient dire certaines mauvaises langues, le jeu est plus profond et challenge que ça même en Facile. Sans compter des moments bien tire-larmes pour un jeu de ce genre à priori :
Le grand-père de Klonoa se fait tuer par Joka et ses sbires. Klonoa est censé avoir 9 ans en plus selon le créateur du jeu et c'était sa seule famille. On a donc un jeu où notre héros est un enfant complètement orphelin. Et quand on a vaincu Nahatomb, Huepow reprend sa vraie forme et révèle à Klonoa qu'en fait il n'est même pas de ce monde, il l'a fait venir pour vaincre l'apocalypse et ses souvenirs étaient faux. Klonoa est en fait un Voyageur des Rêves et il doit traverser l'espace-temps pour rentrer chez lui. Sauf que Klonoa voulait rester avec son ami pour la vie Huepow sur ce monde car il s'y était attaché.
Mais trop tard, il n'a pas son mot à dire et un portail l'emporte ailleurs alors qu'il est en pleines larmes. Un fin vraiment assez triste qui ne sera contrebalancée que dans les jeux suivants qui donneront un peu plus de sens à Klonoa sans trop en révéler.
Door to Phantomile décrit finalement un monde de rêves à sauver dans une certaine simplicité tout en étant plus profond qu'on ne le pense. D'ailleurs, quand on y pense, le jeu suivant est assez symbolique des émotions procurées par ce 1er épisode et de comment en surmonter certaines.
Joie, Tranquillité, Discorde, Indécision et Chagrin (Lunatea's Veil)
Exit Phantomile, Klonoa est plongé dans un sommeil à travers l'espace-temps pendant ce qui semble être quelques années (un peu comme Link dans Zelda Ocarina of Time) puisque les créateurs du jeu révèlent qu'il est passé de 9 à 13 ans.
La citation du début d'ailleurs résume bien la série et le jeu précédent :
Il y a un rêve oublié. Était un rêve dont je ne me souviens pas ? Ou un rêve dont je ne me souviendrai pas ? Ai-je oublié ce rêve ? Ou bien le rêve m'a-t-il oublié ? Toujours est-il qu'il y a eu un rêve ...
Complet mystère cependant s'il ne s'est pas passé quelque chose entre les deux épisodes, on nous jette dans le grand bain de l'Océan des Larmes (en conséquence directe à la tristesse rencontrée à la fin du 1er jeu), et après Klonoa est réveillé par une entité mystérieuse :
S'il vous plait ... Aidez-moi ... Aidez-moi ...
Klonoa est sauvé alors par Popka et Lolo, une prêtresse qui a un pouvoir similaire à Huepow puisqu'elle peut se transformer en énergie pour notre anneau qui rend les ennemis gros et ronds.
Ils enquêtent alors sur la disparition d'éléments qui troublent les royaumes de Lunatea. Il faut dire que les pirates du ciel Leonira et Tat y sont pour quelque chose : elles semblent haïr ce monde qu'elles trouvent imparfaits ou hypocrites et veulent acquérir le pouvoir pour changer ça. Klonoa et ses alliés doivent alors parcourir les cinq Royaumes pour les empêcher de voler les Éléments de la Joie, la Tranquilité, la Discorde et de l'Indécision.
Avant de reparler du fond, parlons un peu formes et gameplay à travers les mondes. Déjà, moins de chemins alternatifs ou entrecroisés et une atmosphère légèrement plus mélancolique sans être aussi larmoyante que la fin du 1.
- La-Lakoosha, royaume de la Tranquilité : niveaux du début introduisant des ennemis inédits qui ont des capacités spéciales dont les plantes carnivores géantes Goobers. C'est aussi là qu'on découvre le super thème Going to Lunatea.
- Joliant, parc de la Tranquilité : parc d'attractions dans lequel on découvre les niveaux en snowboard et des ennemis hélicoptères, ainsi que Moomett qui fait office de Monsieur Loyal du coin et donne accès aux bonus et galeries du jeu. C'est là qu'on poursuit Tat.
- Volk, Cité de la Discorde : constamment en guerre et tournée vers la technologie urbaine, pas tellement difficile même avec ses
trampolines, sauf quand il s'agit de combattre une espèce de tank sur
pattes. C'est ici que Leonira montre sa dangerosité. - Mira-Mira, Labyrinthe de l'Indécision : reclus et enneigé, il contient un labyrinthe qui mettra les nerfs de Lolo à rude épreuve.
Il faudra y faire sonner une des Cloches censée repousser le mal.
Petit aparté d'ailleurs sur Lolo : un moment, elle fait une crise de déprime et on apprend qu'elle est devenu prêtresse juste parce qu'elle en avait marre d'être traitée de ratée, mais sa crise paraît presque exagérée ou mal tombée, voire insignifiante par rapport au drame de Klonoa. Heureusement, elle évolue grâce à Popka qui fait aussi comprendre pourquoi lui et l'intrigue sont aussi passé à autre chose :
Regarde-le ! Il n'est même pas d'ici et il a subi pire, et pourtant il
continue de se battre !
Popka, même si sa présence paraît presque anecdotique ou faisant office de mascotte, reste utile et sympathique.
Quant à Tat et Leonira, vous vous doutez bien qu'ils ne peuvent pas être les méchants ou boss finaux, l'épisode précédent ayant préparé à plus spectaculaire. Surtout que Leonira paraît trop unidimensionnelle ou floue dans sa quête de pouvoir pour la grande méchante. Et bien, vous avez raison !
Leonira nous vole les Éléments avec une grosse facilité en se faisant passer pour le sage Baguji et elle fait retentir une cinquième Cloche : celle du Chagrin. Révélant alors un cinquième Royaume de tristesse et de désespoir qui assèche l'Océan des Larmes.
On se rend compte alors que Leonira était manipulée ou que sa quête mène à un adversaire bien plus puissant et mythique au sein du Royaume du Chagrin lui même caché dans le sable au fond de l'Océan asséché. On doit donc aller tout là-bas pour stopper cette personne avant que le désespoir ne détruise le monde. C'est alors qu'après d'autres péripéties, on tombe nez à nez avec lui.
La personne qui appelait Klonoa à l'aide en rêves n'était autre que Le Roi du Chagrin, qui ressemble à un Klonoa mais bleu, aux yeux rouges et déprimé. Derrière les airs de Shadow The Hedgehog edgy ou de Dark Sasuke emo-goth, le personnage est plus nuancé que ça puisqu'il s'agit de la Dépression personnifiée arrivé à un stade plus destructeur que suicidaire.
Et comme notre héros le montre si bien, on ne traite pas la Dépression avec du mépris ou du laxisme, mais avec tantôt du traitement de choc (les coups d'anneau pourraient être vus comme des doses de médocs + un rappel à la raison de la part de Lolo car son comportement vire à un égoïsme menaçant malgré sa douleur légitime) et tantôt de la gentillesse et de la compréhension. Après tout, Klonoa est venu pour répondre à son appel à l'aide car c'est son rôle de héros.
Au final, tout le jeu pourrait presque être vu comme une leçon sur comment gérer la déprime quand on y pense, même le boss final pourrait être vu comme une allégorie du joueur nostalgique qui se morfond parce que son idole d'enfance a été absent et le sera encore (idem avec Lolo à la fin).
Klonoa lui-même d'ailleurs réconforte Le Roi du Chagrin et Lolo en leur disant que la vie n'est pas finie et qu'il faut continuer d'aller de l'avant. Qu'il ne faut pas être triste que ce soit fini mais content que ce soit arrivé une fois dans sa vie. Même Klonoa a arrêté de se morfondre quand il a compris qu'il ne pourrait pas rester à Lunatea car ce n'est pas SON monde, mais un monde qui avait BESOIN de lui. C'est pour cela que quand il quitte ses nouveaux amis, un portail commence à se former derrière lui comme la dernière fois.
Même s'il est dommage qu'on ait pas eu la réponse aux questions non résolues du 1, le 2 nous apprend à faire avec les mystères, joies et déboires de la vie.
Conclusion : Nostalgie, Mélancolie, Fantaisies et Rêveries
Si le 1er jeu passe assez abruptement de paysages rêvés colorés au cauchemar absolu un peu comme dans un Kirby mais finissant sur une triste note, le 2 rebondit en étant plus équilibré, nuancé en formes et fonds tout en apprenant à gérer la déprime passée, présente et à venir.
L'anthologie est plus profonde qu'il n'y paraît et offre de gros challenges : bien que jouant en Facile, j'ai quand eu du mal sur Cress et l'Arche revisitée avec leurs mécanismes aux secondes et pixels près. Mais j'y suis plus ou moins arrivé, y compris avec la Tour de Balue et la Salle des Horreurs de Mommett.
Comme avec Crash Bandicoot N'Sane Trilogy et Spyro Reignited Trilogy, ce Klonoa: Phantasy Reverie Series m'a donné du challenge et de quoi continuer voire finir ce qui avait été inachevé pendant mon enfance.
Mais aussi caricatural ou inutilement philosophique que ça puisse paraître, il m'a aussi montré à nouveau que toute bonne chose a une fin et que je dois m'y faire et passer à autre chose une fois terminé. Rien ne m'empêche d'y rejouer, de recommencer et de repasser de bons souvenirs, mais de ne pas s'attrister de leurs fins vu le bien qu'ils ont procuré.
Et puis, si on veut vraiment continuer avec Klonoa et voir s'il a enfin trouvé un foyer ou repris de nouvelles aventures, il reste toujours les webcomics dont j'ai parlé. L'aventure continue pour les Voyageurs des Rêves !