Aaaargh!
Aaaargh! Les bon vieux jeux ou je ne savais même pas ce qu'il fallait faire! Des jeux ou fallait faire un plan pour s'en sortir ma bonne dame! Des jeux avec des pixels gros comme le poing, dame...
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le 30 mars 2015
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Je crois que l'Aigle d'Or est l'un des tout premier, si ce n'est le tout premier jeu vidéo auquel j'ai joué. Je devais avoir 5 ou 6 ans lorsque j'ai découvert mes cousins en train de jouer sur le Thomson T09 de mon grand père. C'était un choc : on peut, avec un clavier contrôler les images que l'on trouve sur un téléviseur. Je n'en revenais pas. Ma vie n'a jamais plus été la même.
Durant des années, le T09 des grands parents ne comptera qu'une poignées de jeux : un simulateur de foot, une simulation de guerre, un jeu d'échec (mon grand père avait acheté l'ordi tout spécialement pour y jouer) un logiciel de dessin très très rudimentaire, et une compilation de 4 jeux loriciels (L'Aigle d'Or, le 5eme Axe, MGT et Sapiens) que nous n'avons JAMAIS réussi à finir, malgré de très très nombreuses tentatives étant gamin.
Si l'ordi de mon grand père a fini par être revendu, cela fait plusieurs décennies que je me dit qu'aujourd'hui, avec les émulateurs, je peux retrouver les jeux en question pour les finir une bonne fois pour toute. J'avais essayé à la fin des années 2000, mais n'avait pas trouvé d'émulateur assez intéressant. Puis, c'est un thread sur Bluesky de l'ami Moggy qui m'a donné envie d'enfin passer le pas.
Donc, me voilà, plus de 35 années après l'avoir testé pour la première fois, en train de relancer l'Aigle D'Or via l'émulateur DCMOTO (qui permet d'émuler tous les ordinateurs Thomson avec toutes les spécificités possible.)
S'inspirant des poncifs du jeu de rôle,L'Aigle D'or propose au joueur d'incarner un blondinet anonyme qui s'aventure dans un château à la recherche d'un aigle d'or. (Dah) Le scénario est aussi minimaliste que le décors, puisqu'on nous propose de franchir, en vue latérale, différentes salles avec parfois un choix de porte à franchir, dont certaines sont verrouillées et d'autres peuvent s'ouvrir au pied-de-biche.
Le début du jeu propose d'aller chez un marchand (on peut y retourner en ressortant du château) mais l'argent possédé par le joueur au départ ne lui permet pas de tout acheter et on va devoir être obligé de faire un choix entre quatre objets et n'en prendre que deux. Que prendre entre une fiole (qui redonne de la vie) une corde (qui permet de sortir des trous) un pied-de-biche (qui permet de défoncer les portes) et une torche ? Il aura fallut quelques années pour nous apercevoir que seule les deux derniers objets sont à acheter : on trouve une fiole au début du château et la corde devient inutile si on ne tombe pas dans un trou.
Car très vite, l'exploration va se heurter contre deux gros écueils. Le premier, c'est les trous qu'il faut savoir franchir (et qui sont symbolisé par une sorte de petite tâche à l'écran) et qu'on arrive pas à sauter, soit parce qu'on a pas fait gaffe (10% du temps) soit parce que le Thomson a une latence (90% du temps.) C'est là qu'on voit l'utilité de la corde, mais celle-ci est cramée une fois qu'on est tombé dans un trou. (C'est des cordes à utilisation unique.)
Le second ce sont les pièces complètement plongées dans la pénombre. Si au départ, on est mort de rire par la mention "Il fait noir ici" qui s'affiche une fois la porte franchit, très vite elle va symboliser l'enfer. Combien de fois s'est-on perdus en cherchant à retourner dans la salle précédente, devant compter le bruit des pas du personnage (l'un des seul bruitage du jeu) afin de se repérer dans une pièce ? Pire, d'enchainer plusieurs pièces dans le noir et de tomber dans un trou planqué dans l'une d'entre elle. Et même en ayant songé à acheter une torche, il faut toutefois réussir à retourner dans une salle précédente pour l'enflammer ... et de l'économiser, parce que celle-ci se consume si on l'utilise trop longtemps.
Avec le temps, moi et mes cousins avions fini par connaitre un peu les premières salles par coeur et lors de différentes runs, on avait réussi à choper quelques objets utile (notamment la clé en fer, qui ouvre 70% des portes du jeu) ou trouvés des salles sur lesquelles on était jamais tombé. Mais faute d'avoir conservé ces informations ou d'avoir fait un plan cohérent (j'en avais commencé un au feutre bien illisible) on a jamais réussi à le finir.
Rejouer à l'Aigle D'or plusieurs décennies après y avoir touché, fut pour moi assez magique. J'ai été immédiatement repris par la nostalgie de ces nuits passées dans la chambre où se trouvait l'ordinateur de mon grand père.
Si à l'époque le jeu était innovant pour le nombre de possibilités qu'il propose, en 2024 c'est plutôt un chef d'oeuvre de minimalisme : des salles au décors dépouillé, un choix d'action très limité et juste le bruit de nos pas en guise de bande sonore. Mais du coup, ça offre un charme rétro incomparable et une expérience que j'ai jamais retrouvé. Mieux, j'ai redécouvert un trait d'humour noir de ce jeu : a chaque mort de notre personnage, le cimetière se voit garnir d'une nouvelle pierre tombale.
Parallèlement à ma réexploration du jeu, j'ai pris un cahier à carreau et j'ai commencé à dessiner un plan au fur et à mesure de mon avancé. Je sais qu'on peut trouver des plans sur internet, mais le jeu aurait perdu de son intérêt si j'avais enlevé la partie "exploration." Par contre j'ai usé et abusé des sauvegardes de jeux proposé par l'émulateur parce que j'étais pas ici pour souffrir, ok ?
Très vite j'ai compris pourquoi ce jeu était d'une difficulté insurmontable lorsqu'on était enfant.
1) Si le plan du jeu garde une certaine consistance, il brouille très vite nos repères en brisant la règle des entrées et sorties de champs. Lorsqu'on sort d'une salle par une porte située à gauche, on s'attend à entrer à droite dans la salle suivante. Bah non, des fois on arrive à une porte située à gauche ou au centre de la salle suivante. En fait, ça a du sens si on fait un plan en 3D ou vue du dessus, mais de façon latérale, on se retrouve très vite à faire des plans alambiqués avec des flèches partout et des A mène à B, qui mène à F qui ramène à B.
De plus, ça nous piège lorsqu'on franchit le seuil d'une salle se situant dans le noir : si on a franchit une porte se situant à gauche, instinctivement on va repartir à droite pour faire demi-tour. Alors qu'en fait, non, on vient juste de s'enfoncer encore plus dans la salle suivante. Et on fini désorienté parce que tout n'est pas spatialisé comme dans notre tête. Ou parfois on est le nez face à une porte (et pas une sortie en arcade) et notre personnage ne bougeant plus on se dit qu'on est bloqué par un mur, alors que si on avait la présence d'esprit d'appuyer sur O pour ouvrir la porte, on serait sorti.
2) La jauge de vie est un frein à l'exploration : au lieu de se poser et de faire un plan, ce chiffre qui descend peu à peu nous force à essayer d'enchainer les pièces les unes après les autres en se disant qu'on finira par se souvenir du plan (et en fait non.) Sans parler des torches et leur vie limité que l'on cherche à maximiser, du coup, pas le temps de noter quoi que ce soir.
3) La maniabilité du T09 est compliquée : le jeu demande de faire parfois des sauts au poil de cul près et l'ordi a du mal parfois à comprendre qu'on a appuyé sur la touche gauche ou droite ou ouvrir et il faut parfois appuyer 4 ou 5 fois pour qu'il comprenne. Et pour le coup chapeau à l'émulateur DCMOTO qui reproduit cette erreur au point que j'ai fini par douter que mon clavier fonctionnait
4) L'impossibilité de s'y mettre sérieusement. Je me suis aperçu en cartographiant les lieux, que j'était passé par une grande partie de ces salles au fil de mes différents runs étant enfant. J'avais exploré quasiment 80% du jeu par petites touches, mais de façon désordonnées. Ainsi, j'avais trouvé la quasi-intégralité des objets utile pour finir le jeu, mais comme les sessions pouvait être espacées de plusieurs mois (vu que je ne venais chez mes grands parents que lors des vacances scolaires) c'était impossible de se souvenir comment on était tombé sur la clé d'or ou le diamant la dernière fois.
De plus, gamin, on a rarement une après-midi complète, et si on reste trop de temps à squatter l'ordi, on va fatalement tomber sur des cousins qui voudront prendre notre place pour jouer au jeu de foot. (Et puis, eux savent très bien que "Q" sert à se suicider et ils vont appuyer dessus histoire de te bousiller la partie.) On recommence alors deux mois plus tard en ayant tout oublié du chemin.
Néanmoins ça m'a rappelé quelques souvenirs d'enfance, comme la fois où on était tombé sur un parchemin totalement en allemand et que notre grand père était parti décoder la phrase avec son dictionnaire d'allemand pour nous faire plaisir.
Idem pour les rumeurs de mes cousins sur le fait qu'il y ai des passages secrets dans les cheminés parce qu'ils l'avaient entendu "d'un copain qui a le jeu." On aura passé des heures à essayer toutes les combinaisons possible avec ces cheminées... et je me suis aperçu qu'effectivement, une fois qu'on avait la clé d'or, on pouvait s'en servir pour ouvrir certaines cheminées. Le fait de voir le passage s'ouvrir plus d'une trentaine d'année après fut une révélation "la légende disant donc vrai."
Mais refaire le jeu à l'heure actuelle, c'est avoir la certitude de que JAMAIS je n'aurai réussi à le finir enfant.
Ainsi, gamin, j'étais arrivé UNE FOIS à voir un fantôme qui m'avait tué en peu de temps. Et je pense que même en y rejouant des centaines de fois j'aurai jamais su qu'il fallait prendre un crucifix, et contrer ses éclairs en sautant face à eux pile au moment où il les lance. (Et on compte trois fantômes dans le jeu et ils sont tous dans la même successions de couloirs.) Même avec un émulateur et en abusant des sauvegardes rapides, j'ai eu du mal à les buter à cause de la latence des touches. Idem avec des salles où il faut se taper des enfilades de trous et de pièces.
Le pire, c'est que pour accéder à l'Aigle d'Or, il faut posséder trois objets planqués à travers le donjon et lancer le grappin à UN endroit précis du jeu (une croix par terre qui passe pour un piège) alors qu'il n'y a AUCUN INDICE qui puisse nous pousser à le faire (puisque lancer le grappin dans 99% autre endroit du château se soldera par un gros IMPOSSIBLE écrit en rouge.) C'est comme la porte cachée dans le dernier donjon du tout premier Phantasy Star : le joueur ne la trouvera jamais car il n'y a aucune raison qu'il la cherche.
Mais ça ne s'arrête pas là : après avoir trouvé l'Aigle d'Or, il faut ressortir du donjon et se taper quelques salles, dont une où l'on trouve un faux trou pile devant un coffre au trésor. C'est extrêmement bâtard. Tout ça pour un carton final avec écrit "bravo tu as gagné."
En fait, on a pas l'impression, mais j'ai passé un très bon moment à y rejouer, depuis mon pc. Déjà il y a tout le côté madeleine de Proust que j'évoque dans cette critique, mais il y a aussi une certaine satisfaction intellectuelle à faire des plans à la main et à planifier ma visite dans le donjon afin de refaire la run parfaite. Au final, y rejouer m'aura pris à peine trois ou quatre sessions d'une ou deux heures.
J'avais envie limite d'en faire plus tout en me disant que c'était impossible car, aucun autre jeu du même genre n'existe. J'ai mangé ma madeleine de Proust en entier et le hic, c'est que j'ai toujours faim.
Créée
le 27 mars 2024
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