Enfin un petit bout du Mordor hein, parce que la carte n’est pas très grande en vrai, ce qui fait qu’on se sent assez loin du territoire immense dont nous faisait rêver ce cher JRR Tolkien. Mais il faut avouer que l’ambiance Terre du Milieu marche quand même très bien, et ce même si on est clairement plus proches des films que des livres. Beaucoup de motifs (bouts d’histoire, personnages, lieux, designs…) proviennent directement de la trilogie de Peter Jackson, mais le jeu contient suffisamment de références extérieures aux films pour nous rappeler l’univers extraordinairement envoûtant qui existe dans les livres.
Côté gameplay on est sur une grosse grosse repompe d’Assassin’s Creed, avec des combats à la Batman Arkham. Alors moi ça me va comme proposition, je suis assez fan de la série d’Ubisoft, donc une déclinaison façon Terre du Milieu je suis partant, mais à l’époque ça a vraiment dû faire la gueule chez l’éditeur français. Oh il y a bien quelques ajustements par-ci par-là (moins de collectibles, un environnement plus hostile qui force à s’infiltrer en début de partie) mais globalement c’est vraiment la même chose, à un élément prêt : le système de Nemesis.
En gros le jeu est rempli de mini-boss (les capitaines) que vous allez devoir affronter, et ils se souviendront par la suite du résultat de cet affrontement (votre défaite ou la leur). Car ils seront souvent ressuscités si jamais ils venaient à périr sous votre lame, mais seront promus et deviendront plus forts s’ils vous tuent. Et le combat suivant commencera par une référence à l’affrontement précédent. Je sais qu’il y en a pas mal qui ont adoré ce système, mais moi il m’a plutôt blasé.
En début de partie j’ai trouvé ça ridicule : « Tu te souviens de moi ranger, je suis venu me venger » ; Ben non je me souviens pas de toi couillon, des orcs dans ton genre j’en tue à la pelle, vous êtes interchangeables… Parfois un bête combat va attirer 2 ou 3 trois de ces capitaines, et non seulement le pic de difficulté est agaçant, mais ça les noie d’autant plus dans la masse.
En milieu de partie je me suis pris au jeu et j’ai visé spécifiquement les capitaines pour faire du nettoyage parmi leurs rangs, mais ils étaient remplacés ou ressuscités tellement régulièrement que ça m’a rappelé le système de faction de Stalker Clear Sky : c’est long, ça ne mène nulle part et au final ça ralentit juste la progression du récit.
Car en fin de partie il vous faudra forcément viser les capitaines afin d'accéder à leurs chefs pour débloquer les dernière missions, et autant vous dire que si vous avez déjà fait le tour de ce truc-là ça va devenir pénible qu’on vous mette le nez dedans à nouveau.
Par contre Monolith a aussi copié la fadeur et la répétitivité des quêtes secondaires des Assassin’s Creed, les faiblesses d’écriture ponctuelles (quand le héros se rend compte que quelqu’un est possédé, pourquoi continuer d’obéir ???), et dans une moindre mesure les touches d’humour malvenues.
Et là où ils se sont un peu raté par rapport à leur modèle, c’est du côté de la grimpette et des collisions : dans Shadow of Mordor on se retrouve bien trop souvent avec notre perso qui s’arrête net face à une structure qu’il est censé pouvoir escalader, parce qu’on n'est pas arrivés avec le bon angle ou ce genre de trucs, et c’est assez agaçant. Pareil pour sauter de mur en mur, c’est bien moins précis que ce qu’on peut faire avec les bonshommes à capuche. La copie des combats de Batman accuse aussi quelques ratés, avec des inputs type esquive qui sont parfois ignorés par le jeu, et une caméra qui va par moments faire n’importe quoi.
Signalons également une fin vraiment rushée, mais alors un truc de fou… On comprend rien, tout arrive incroyablement vite, et il se passe des trucs franchement bofs.
Citons notamment une mauvaise gestion de Sauron : pour moi c’est clairement le genre de personnage si puissant que plus il est éloigné de l’histoire mieux c’est. Le faire intervenir directement c’est au mieux maladroit.
Mais je mentirais si je disais que le jeu ne m’a pas séduit grâce à son thème et son encyclopédie intégrée qui me balançait du lore de Tolkien à la figure. Je suis sans doute trop bon client pour un tel thème, mais j’ai beaucoup apprécié le jeu grâce à cet enrobage. C’est finalement un open-world assez amusant, élevé par son lore cheaté, même si pas follement original dans son exécution et parfois un peu basique.
15/20
PS : Par contre les versions GOTY qui te filent de l’équipement surpuissant en début de partie, merci mais non merci hein. C’était bien relou à désactiver tout ce bordel…