Balak ouille

Rétrospecfrite : 11/12

Dans la Rétrospecfrite, on a surtout parlé de séries "historiques" du patrimoine franco-belge, autrement dit des licences souvent créées entre les années 30 et 70. Normal me direz-vous, plus une série est ancienne, plus elle est implantée dans le paysage culturel, plus elle a de chances d'avoir des produits dérivés comme des jeux vidéo.

Mais parfois, les astres s'alignent et de jeunes séries ont droit à leur adaptation vidéoludique. C'est le cas de Lastman, série créée en 2013 par Balak, Sanlaville et Vivès (un sympathique auteur d'histoires pour enfants, comme Petit Paul) et qui a bénéficié d'un jeu en 2016, l'année de la sortie de la série animée par ailleurs. Le tout est développé par Piranaking, et il s'agit du seul jeu du studio.

Ce que je vais dire n'est pas sympa, mais ça se ressent un peu. Sans être mauvais, le jeu transpire l'amateurisme et le manque de budget.

Lastfight est un jeu de combat en arène en 3D, à la Power Stone (série à laquelle je n'ai pas joué, la comparaison va donc s'arrêter là) ou Sonic Battle (je voulais juste citer ce jeu et rappeler que c'est un des meilleurs de la GBA, c'est tout pour moi). On peut incarner une petite dizaine de personnages (dont seulement deux issus de la BD) et jouer jusqu'à quatre joueurs en local.

Ce qui frappe assez vite, c'est le manque d'options disponibles. On a un combo de 3 coups, une attaque aérienne, une attaque spéciale, un grab, un dash et une garde. C'est vraiment le minimum syndical, ça empêche de développer des stratégies très poussées et beaucoup de personnages se jouent exactement de la même façon. Certains ont un attribut spécial (comme la possibilité de poser un piège), mais c'est trop peu.

D'ailleurs, les coups ont à peu près tous le même effet, la moindre claque met l'ennemi à terre, ce qui le rend intangible le temps qu'il se relève, difficile donc d'élaborer une stratégie à base de combos.

Des objets apparaissent sur le terrain de jeu, ce qui apporte un peu de profondeur au combat. Ca va du simple rocher à un casque de dieu grec balançant des éclairs, en passant par les armes blanches. Vu que les objets sont assez puissants et qu'il s'agit pour beaucoup de personnages de la seule option pour attaquer à distance, il n'est pas rare que les combats s'interrompent dès que l'un d'eux apparaît. L'IA en particulier va toujours faire ça, ce qui rend les affrontements parfois à la limite du ridicule, où l'on passe plus de temps à courir derrière l'adversaire qu'à le taper.

L'objet le plus notable est le coeur de roitelet. Ramassez-en trois et vous vous transformez en monstre surpuissant pendant quelques secondes, c'est de loin l'objet le plus utile du jeu, et même le plus amusant. Dommage que les monstres soient un peu génériques et n'aient pas un design original en fonction du personnage qui les a ramassés.

Le scénario du jeu consiste en seulement 8 combats à faire à la suite. Les Continue sont illimités, donc même si vous n'êtes pas très doués, vous devriez en voir le bout sans difficulté. Il existe également un combat bonus, qui doit être débloqué avec une manipulation très nulle (finir le jeu sans Continue puis faire le Konami Code lors de la cinématique de fin), on se croirait revenu dans les années 90.

Le scénario en lui-même est assez basique : Tomie a été enlevée, Richard doit la sauver et se fait aider par son pote Duke. La seule chose qui le distingue est la présence de belles cinématiques dessinées par Bastien Vivès, qui donnent pas mal de cachet à ce mode. Dommage qu'il s'agisse d'écrans fixes et non de cinématiques animées.

Lors des combats, les graphismes sont plus basiques, ça manque de personnalité. Ca fait le taff et c'est lisible hein, mais quand on voit la jaquette de la version Switch, on s'attend à un truc beaucoup plus coloré et cartoon, ça n'aurait pas juré avec l'esprit de la BD d'ailleurs. Seul le tout dernier stage, qui se déroule dans les cieux, a droit à une direction artistique vraiment sympa.

Rien à signaler pour la bande-son, mais je dois aussi préciser que les temps de chargements sont assez longs, en tout cas sur Switch. Une trentaine de secondes pour charger un malheureux 1vs1, c'est long.

Bref, Lastfight est un jeu plutôt correct et créé par une petite équipe de passionnés, mais il manque clairement de contenu. Le scénario se boucle en moins d'une heure (voire 20 minutes si vous êtes déter) et la relative rigidité de l'action rend assez improbable la possibilité que vos amis veuillent bien jouer plus de deux matchs avec vous. Le fait que l'intrigue soit assez déconnectée de l'univers Lastman (il n'y a presque que des personnages inédits et aucune référence à des événements) ne rend même pas l'expérience très intéressante pour les fans de la BD et de la série.

A tester si vous le trouvez à petit prix dans un bac à soldes ou si vous souhaitez compléter votre collection de produits Lastman, à ignorer sinon.