J'ai attendu pour le faire, déjà parce qu'il faut être dans une certaine condition pour apprécier un Life is strange, accepter la lenteur, la lourdeur du gameplay pourtant secondaire, la tendance à se regarder écrire, qui confine parfois la bienveillance à une forme de niaiserie où le réel n'a plus cours. Ensuite parce que 60 balles pour un jeu qui se fait en moins de 15h, ce n'était pas dans mes cordes.
J'ai bien fait d'attendre. Moins réussi dans sa partie polar que le 1, moins politique que le 2, True Colors arrive à la fois à magnifier l'anodin sans basculer dans l'anecdotique comme Captain Spirit ou l'épisode Farewell de Before the storm. On le sait désormais qu'il faut composer avec les ficelles tire-larme de la franchise, ça prend ou ça prend pas, mais quand ça prend, ça ne lâche plus, et quel bonheur de retrouver cette sensation, beaucoup moins souvent présente dans le 2.
True Colors connait son public, en recherche presque maladive de tendresse, et lui en offre, avec tout ce qu'il faut d'indé folk chemise à carreau, de guirlandes et de ruisseaux sauvages. On a souvent envie de rappeler qu'on connait la recette, c'est toujours à la limite, les blasé.e.s dégueulent bien avant la fin, pas grave, on en ressort blindé de joie, avec l'envie de faire quelque chose de nos vies pour ne pas y retourner tel.le.s qu'on les a quittées.
Oui, Life is strange est agaçant, mais quand on y revient au bon moment, aucun autre ne procure ça, ce feu intime qui continue de brûler calmement bien après la fin du générique.