Lifesigns : A Coeur Ouvert
6.7
Lifesigns : A Coeur Ouvert

Jeu de JoWooD Productions (2009Nintendo DS)

J'avais commencé à jouer à Trauma Center mais je trouvais la mise en scène un peu trop austère. J'espérais sans doute tomber sur un Phoenix Wright version hôpital avec véritable histoire et patients à suivre, à traiter, alors que le jeu se résume surtout à enchaîner les opérations. Le background me manquait terriblement. Et puis les opérations sont non seulement dures mais la reconnaissance des mouvements effectués au stylet est parfois hasardeuse, ce qui complique un peu plus la tâche. Bref, j'ai fini par laisser tomber.


Mais je conservais l'envie de jouer à un jeu se déroulant dans l'univers hospitalier, sans trop savoir pourquoi (l'effet Doctor House peut-être). J'ai alors découvert Lifesigns et ce qui était présenté comme des défauts (jeu facile, plus de blabla que d'opérations) m'apparaissait plutôt comme des qualités que je recherchais après la déception Trauma Center. Lifesigns se présente en effet comme un mélange allégé de Trauma Center pour les opérations et l'univers hospitalier et de Phoenix Wright pour le côté aventure, dialogues et histoire.


On incarne Dokuta, un jeune interne de seconde année dans un hôpital de Tokyo. Lifesigns est en réalité le second épisode d'une série baptisée Kenshūi Tendō Dokuta au Japon. Le premier épisode qui raconte la première année en tant qu'interne de Dokuta est sorti uniquement sur l'archipel nippon et c'est bien dommage car dès le début de Lifesigns on rencontre une tripotée de personnages que l'on est déjà censé connaître, avec des relations qui se sont déjà nouées dans l'opus précédent.


Enfin, on s'adapte vite et le jeu rappelle rapidement les noms des personnages quand on les rencontre pour la première fois et leurs rapports avec Dokuta. On regrette juste de ne pas avoir vécu quelques passages sans doute très intéressants (comme la leucémie d'Hikaru, la petite sœur de Dokuta). On se familiarise vite avec l'environnement et les personnages. Le design est bien fait, dans un esprit manga qui doit beaucoup aux Phoenix Wright. Les personnages féminins sont nombreux (médecins ou patients), et évidemment elles ont toutes des liens particuliers avec Dokuta, alors que celui-ci est plutôt emprunté et maladroit.


Le jeu comporte énormément de dialogues. On peut se balader librement dans l'hôpital en choisissant directement sa destination sur une petite carte, on parle avec les différents personnages pour faire avancer le scénario. On peut orienter la discussion en utilisant le dossier clinique qui répertorie les informations que l'on a récupéré jusque-là. De temps en temps il faut arriver à convaincre un personnage, c'est-à-dire trouver l'enchaînement logique des éléments du dossier à exposer pour le faire changer d'avis. Comme dans les Phoenix Wright, tant que l'on n'a pas parlé au bon personnage et effectué la bonne action au bon endroit on ne peut pas avancer. Dans l'ensemble les phases de recherche sont plutôt faciles et on ne bloque jamais pour ainsi dire.


L'ambiance est en tout cas très réussie, on suit l'histoire avec plaisir, les personnages sont attachants et les temps morts ne sont pas nombreux. Le jeu se compose de cinq épisodes aux histoires distinctes (seuls les épisodes 3 et 4 se suivent vraiment) avec des patients différents à traiter. Ce qui est bien c'est que l'on ne sait jamais réellement quels personnages on va être amené à opérer. Le jeu nous réserve toujours des retournements de situation. Les phases d'opération sont précédées d'une phase d'auscultation. Durant celle-ci le personnage à ausculter apparaît sur l'écran tactile. On peut alors utiliser le stéthoscope, faire une palpation ou simplement observer les parties du corps qui nous paraissent suspectes afin d'établir un diagnostic.


Ces phases sont sympathiques mais elles peuvent facilement prendre la tête quand on n'arrive pas à trouver tous les symptômes nécessaires, même en ayant eu l'impression de palper et d'écouter de partout. Par exemple il faut parfois prendre le pouls au poignet et non au cou, ou l'inverse, alors qu'une écoute au stéthoscope ne révélait rien d'étrange au niveau des battements du cœur. Le problème c'est que l'on est bloqué durant les phases d'auscultation, on ne peut rien faire, pas même sauvegarder, tant qu'on n'a pas trouver tous les symptômes réclamés par le jeu. C'est très frustrant. Heureusement, on assimile vite les gestes à accomplir sur les parties appropriées pour bien ausculter un patient car les symptômes se recueillent souvent de la même manière au fil du jeu.


Après la phase d'auscultation on passe à l'opération proprement dite. Chaque opération est soigneusement découpée en action à accomplir. La première étape consiste à désinfecter la partie du patient concernée. La seconde à inciser la peau au scalpel etc. Entre chaque étape on est assisté par un autre médecin qui nous prodigue des conseils ou bien Dokuta tape son monologue pour bien préciser ce qu'il convient de faire. De toute façon, à chaque action, une infirmière nous donne l'instrument approprié, on ne peut donc pas trop faire d'erreur. On peut également se servir des boutons L ou R pour nous indiquer ce qu'il faut faire avec l'instrument et l'endroit où il faut le faire.


On est donc très assisté, les opérations se font en pilotage presque automatique. Il n'est pas rare de foirer l'opération au premier coup car on a mal assimilé le maniement d'un instrument, ce qui a pour conséquence de réduire la barre de santé du patient à néant (cette barre se réduit petit à petit tout au long de l'opération). On peut éventuellement réanimer le patient quand son cœur s'est arrêté mais la manip n'est pas très pratique. Enfin, au bout de la deuxième fois l'opération se réalise les doigts dans le nez. Le challenge n'est clairement pas l'objectif de Lifesigns, contrairement à Trauma Center.


Le jeu mise avant tout sur son ambiance, son scénario et ses personnages. Et je dois dire que dans ce registre il réussit plutôt bien, il m'a vraiment convaincu. Lifesigns propose en outre plusieurs fins. Chaque épisode possède trois fins (le cinquième en a 4), plus ou moins bonnes, selon les actions que l'on réalise au cours du jeu. Convaincre ou non un personnage, opérer rapidement ou lentement, se solde par un enchaînement d'évènement différent. Et quand on a loupé quelque chose, les fins sont vraiment noires et sans complaisance.


Ces différentes fins sont une bonne idée mais ce qui est chiant avec ce système c'est de devoir se retaper le jeu pour pouvoir visualiser toutes les fins. Avec autant de possibilités il faut au moins faire trois fois le jeu pour tout voir. Les fois où l'on refait le jeu on a tendance à ne plus trop lire les dialogues pour arriver au plus vite à la fin et voir les quelques scènes qui diffèrent. Mouais, ce n'est pas vraiment tip top. C'est surtout un bon prétexte pour rallonger la durée de vie qui n'est toutefois pas déshonorante pour une première partie (8-10h à peu près).


Par contre, j'ai halluciné sur la traduction horrible du dernier épisode, à un point où cela devient gaguesque. Jusque-là, malgré quelques fautes, la traduction n'était pas trop mauvaise, mais la qualité chute de manière vertigineuse dans le dernier acte. J'ai essayé de comprendre pourquoi mais je n'ai pas réussi à trouver d'explication satisfaisante. Flemme après trois tonnes de textes déjà traduits ? Oubli de dernière minute ? Traduction refourguée à un autre péquin à la va vite ? Je ne sais pas mais la traduction semble avoir été faite à partir du traducteur google avec des dialogues dignes d'un Yoda dyslexique. Vraiment impressionnant. Enfin cela ne gâche pas vraiment le plaisir que j'ai eu à faire Lifesigns. Ce jeu n'est certes pas aussi riche qu'un Phoenix Wright mais il reste un très bon moment qui mérite que l'on s'y attarde du moment que l'on aime les jeux à texte.

benton
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Nintendo DS, Jeux finis, Les meilleurs jeux de la DS et Les meilleurs jeux vidéo de 2009

Créée

le 27 mars 2011

Critique lue 605 fois

benton

Écrit par

Critique lue 605 fois

D'autres avis sur Lifesigns : A Coeur Ouvert

Lifesigns : A Coeur Ouvert
benton
7

Critique de Lifesigns : A Coeur Ouvert par benton

J'avais commencé à jouer à Trauma Center mais je trouvais la mise en scène un peu trop austère. J'espérais sans doute tomber sur un Phoenix Wright version hôpital avec véritable histoire et patients...

le 27 mars 2011

Du même critique

Beach House
benton
9

Critique de Beach House par benton

Je ne sais par quel miracle la musique de Beach House arrive à créer une nostalgie de rêveries insondables. Les mots ne sont pas assez forts pour évoquer le pouvoir étrange des chansons de ce groupe...

le 8 juin 2012

23 j'aime

5

Goodbye and Hello
benton
8

Critique de Goodbye and Hello par benton

Tim Buckley est presque aussi connu, si ce n’est plus, pour être le père de Jeff Buckley que pour sa musique, et c’est finalement un bien triste constat. Car il suffit d’écouter les albums de Tim...

le 1 juin 2013

17 j'aime

1

The Thin Red Line (OST)
benton
10

Critique de The Thin Red Line (OST) par benton

Thin Red Line, alias La Ligne Rouge, sans doute un des plus « beau » film de guerre qui existe, un des plus émouvant et poétique. La scène qui m’a le plus marqué, outre les sublimes plans au milieu...

le 1 juin 2013

17 j'aime